Chapitre 5

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Jack fut roué de coups par une dizaine d'individus alors qu'il sortait d'un hypermarché avec un caddie rempli de bouteilles d'alcool. Le motif de cet abominable acte demeure inconnu et totalement superflu. Ils le laissèrent telle une ordure sur le bas côté de la route gisant dans le caniveau. Le constat du médecin urgentiste fut sans appel: multiples factures, traumatisme crânien, coma, pronostic vital engagé. Il resta en soins intensifs plusieurs mois et finit par se remettre sur pieds.

Un puissant et incontrôlable sentiment de vengeance le rongeait de plus en plus. Une vengeance accentuée par des compétences nouvelles et inédites, comparables à de super pouvoirs, qu'il découvrait et développait de jour en jour depuis son réveil.

Il se mit à chercher ses agresseurs. Il mit la main par l'intermédiaire de son réseau de connaissances sur une vidéo amateur filmée depuis un téléphone portable appartenant à l'un des protagonistes. Le téléphone était sous scellé au commissariat principal de la ville. Il constituait à lui seul une pièce à conviction déterminante dans le traitement de cette affaire.

Il visionna alors cette vidéo glaçante où l'on voyait précisément trois des individus. De plus, la police avait déjà procédé à quelques arrestations et interrogatoires. La justice suivait son cours...mais de manière trop longue et trop laxiste aux yeux de Jack...

Il parvint à obtenir l'adresse du principal suspect. De quelle manière, tout comme la vidéo amateur, nous ne le saurons jamais.

Il se rendit au domicile de l'individu en question et se dirigea directement vers l'arrière de la maison. Il parvenait à ressentir et à visualiser la présence de l'individu à l'extérieur de la maison, dans son jardin. Il enjamba une demi barrière d'un petit mètre de hauteur et se plaça à deux ou trois mètres de l'homme, qui ne remarqua pas immédiatement cette présence étrangère.

Il finit par se retourner et sa réaction fut digne de celle d'un enfant apeuré devant le plus effrayant des monstres hantant son imagination.

Il se jeta directement sur Jack. Ce dernier parant immédiatement l'attaque de son agresseur mettant en avant ses nouvelles techniques de combat. Il le plaqua au sol et enroula son bras autour du coup de l'individu pour l'étrangler définitivement. Au même moment, Jack aperçut un individu sortant brusquement et hâtivement de la maison pour se précipiter vers lui. C'est alors qu'il brandit son bras dans sa direction l'immobilisant à distance et le stoppant subitement dans sa course effrénée. L'homme tentait de toutes ses forces de se débattre et ne comprenait absolument pas ce qui se passait.

Soudain, Jack fit une rotation brusque et violente de sa main sur un angle de 90 degrés. Aussitôt, un bruit sec de cassure ou de rupture comme du bois sec se fit entendre. L'individu s'écroula au sol avec plusieurs cervicales fracturées. Il mourut immédiatement.

Le premier individu, qu'il étranglait en serrant de plus en plus sa prise, avait les yeux rougis et le bord de ses lèvres commencèrent à prendre une étrange apparence bleutée . C'est alors qu'une alarme ou une sonnerie connue aux oreilles de Jack se fit entendre. Il lâcha alors prise et se mit à regarder tout autour de lui. Tous les éléments extérieurs disparaissaient les uns après les autres. Plus de maison, plus de pelouse, même l'agresseur allongé au sol,suffoquant, finit par disparaître à son tour.

Il ouvrit péniblement les yeux et attrapa son portable. Il ressentit une frustration considérable de ne pas avoir pu assouvir sa soif de vengeance jusqu'au bout. Furieux, il était sur le point d'être profondément désagréable avec l'auteur présumé de ce coup de téléphone qui l'extirpa de ce mauvais rêve.

Il décrocha reconnaissant un des numéros de l'hôpital. Il laissa son interlocuteur s'exprimer en premier.

- «Jack? tu m'entends

Il s'agissait du directeur de l'hôpital et Jack, après coup, décida de faire preuve de docilité et de respect pour répondre à son supérieur.

- «Bonjour Phil, je faisais une petite sieste, le réveil est difficile. Je vous écoute»

- «Tes soirées extravagantes deviennent bien trop fréquentes» dit il d'un ton moqueur et reprochant.

Puis il continua:

- «Jack, désolé de te solliciter mais ton confrère Ernesto est gravement souffrant et une patiente vient d'arriver à l'hôpital aux urgences pour un début d'infarctus. Il faut au plus vite la passer au bloc pour double pontage. Je peux compter sur toi?»

Jack et sa conscience professionnelle ne put rejeter la requête de son directeur malgré son état vaseux. Les effets secondaires de la veille étaient encore largement présents et actifs.

- «Préparez le bloc, je me mets en route»

Ils raccrochèrent. En quelques minutes, Jack réalisa un brin de toilette succinct et enfila un costume noir agrémenté d'une splendide chemise blanche Hugo Boss du plus bel effet. Il se dirigea ensuite vers un énorme dressing dédié uniquement à ses centaines de paires de chaussures. Il opta pour une paire de chaussures italiennes, de marque Kenzo, en suédine d'une incroyable finesse et élégance.

Il descendit ensuite par son ascenseur tout en verre serti de boutons et autres poignées recouverts d'or. Il accéda après identification tactile et verbale à son garage. Ce magnifique musée regroupant près d'une cinquantaine d'autos prestigieuses notamment de magnifiques véhicules rétro bien plus importants aux yeux de Jack. Toutes les marques et nationalités du monde entier étaient regroupées dans ce gigantesque hangar climatisé et nettoyé quotidiennement. De véritables bijoux et œuvres d'art d'une valeur inestimable.

«Pas le temps de lésiner» se dit-il.

Il sauta dans son auto la plus quotidienne et ordinaire à ses yeux, dénoués de la moindre raison à ce niveau-là, une banale audi R8 de quelques 500 chevaux.

L'hôpital était à une trentaine de minutes de São Rafael et Jack affectionnait particulièrement les petites routes étroites et sinueuses qui le menaient ensuite à une voie express où il avait coutume d'écraser la pédale d'accélérateur.

Il ne pouvait s'empêcher d'avoir ce petit sourire d'extase et de plaisir au volant de ses bolides. Comparable au rictus d'un enfant jouant pour la première fois avec son nouveau jouet.

Ce jour-là, Jack remarqua à basse altitude le bi moteur Diamond Aircraft de son ami Carlos. Il lui arrivait occasionnellement de voler parfois dans ce splendide avion de quatre places mais préférait largement la sensation procurée par ses bolides. Carlos était un puissant et richissime directeur d'une entreprise de travaux publics, une des plus grandes entreprises nationales du secteur regroupant près de 3000 salariés.

Il ne détenait pas de grandes connaissances et compétences dans le pilotage de ces engins, mais remarqua tout de même une altitude particulièrement basse et anormale de l'avion.

- «Arrête tes bêtises Carlos, un peu de sérieux. Suis mon exemple, regarde comme je suis sage et raisonnable»

puis il éclata de rire dans son bolide glissant sur la route.

La mélodie du 10 cylindres s'affolant et envahissant l'habitacle couvrit l'atterrissage de fortune du petit appareil. Il se crasha dans la pente d'une colline peuplée de quelques oliviers. Jack, lui arriva à l'hôpital avec un chrono percutant, record battu.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant