Chapitre 27

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- «Monsieur, vous m'entendez? Serrez ma main si vous m'entendez»

Luis était agenouillé auprès de Jack. Il l'avait recouvert d'une couverture de survie chauffante et lui secouait délicatement les épaules, en attente d'une quelconque réaction de sa part. Il tenait son téléphone à la main. Il était sur le point d'appeler les secours, quand Jack reprit connaissance.

Il l'aida à se relever et fut surpris de la vitesse à laquelle il reprit ses esprits. En effet, il l'avait trouvé inconscient avec les lèvres bleutées, dans un état avancé d'hypothermie. Il tenait à le conduire à l'hôpital mais jack refusa catégoriquement. Il n'avait envie que d'une seule chose: avaler une soupe bien chaude et réconfortante.

Luis, étonné par cette suggestion, lui précisa qu'il ne pouvait pas le conduire au centre social de Farnuca, plus que complet. Il lui parla alors d'un gymnase réquisitionné avec le plan d'urgence «Grand froid», en banlieue proche de Farnuca.

Le trajet fut silencieux, chacun plongé et absorbé par des pensées interrogatives, à la recherche de réponses claires et logiques. Néanmoins, Jack profita de l'attente particulièrement longue à un feu tricolore pour remercier son sauveteur:

- «Merci beaucoup Luis de m'avoir secouru. Vous devez être l'ange gardien d'un nombre impressionnant de personnes»

- «Je fais mon travail Mr Perkins. Il y a encore trop de victimes chaque jour, qui s'endorment à tout jamais dans le silence et l'insouciance la plus totale. Bien souvent, les gens passent devant ces personnes et préfèrent détourner les yeux, non pas par lâcheté, mais par impuissance. Certains ont tout et d'autres n'ont rien»

Jack, ému par les propos de son héros, verbalisa un constat réaliste et amer:

- «J'ai connu les deux extrêmes. J'en étais arrivé à un point où je souhaitais que le froid m'emporte dans l'autre monde. Je devais trouver une solution afin de quitter ce cauchemar se répétant chaque jour, sans aucune porte de sortie ou de secours»

Le regard fixe et fuyant, Luis répondit:

- «Beaucoup de personnes, que j'ai secourues ou sauvées de la rue, m'en veulent car elles auraient préférées mourir. J'ai moi-même connu les dures lois de la rue pendant plusieurs années. Je m'étais promis d'aider tous ces gens, si un jour, je réussissais à m'en sortir»

- «Nous y voilà»

annonça le chauffeur de la camionnette d'un ton désabusé.

Luis se leva, posant sa main sur l'épaule de Jack avec un sourire et un regard chaleureux.

- «Ne baissez pas les bras Jack, il y a une échappatoire certaine pour chacun d'entre nous. Trouvez la vôtre»

Puis, il descendit du véhicule en lui demandant de le suivre.

Ils pénétrèrent dans un immense gymnase qui, désormais, avait l'apparence d'un poste médical d'urgence. Seuls les hauts paniers de basket ball encore présents, semblaient surplomber et surveiller tous ces lits de fortune. Les douches dans les vestiaires étaient à disposition de ces hôtes temporaires. Une centaine de matelas jonchaient le sol, à de petits intervalles, supprimant toute intimité afin de maximiser l'espace disponible.

Luis fronça les sourcils en entrant dans le gymnase. Une fraîcheur inhabituelle et anormale habitait les lieux. Un homme d'une cinquantaine d'années s'approcha de lui et ils s'accolèrent tendrement comme deux vieux amis éloignés depuis trop longtemps. Ils parlèrent pendant quelques minutes, très certainement du problème technique justifiant de cette étrange fraîcheur. L'ami de Luis pointa son index vers un conduit d'aération, puis en direction d'une porte dans le fond de la salle.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant