Chapitre 22

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Jack se réveilla frigorifié. Sa montre, héritage sentimental légué par son père, affichait 8h10. Il dormit approximativement 5 heures. Il avait terriblement envie d'un café mais n'avait plus la moindre pièce de monnaie sur lui. Ses vêtements étaient encore humides.

Il décida de quitter le parking. Il se glissa discrètement derrière un énorme pilier en béton, éraflé à plusieurs endroits, certainement par des conducteurs encore endormis en début de journée. Il patienta plusieurs minutes qu'une voiture sorte du parking pour la suivre aussitôt.

A la sortie du parking, un homme bidonnant se tenait au centre de la grille métallique, tel un gardien de but au centre de ses filets, prêt à bondir sur le ballon. Il semblait attendre Jack depuis un petit moment et se régala de le voir enfin apparaître. Il se présenta comme étant le gardien de ce lieu et sur un ton à la fois hautain et ironique, demanda à Jack s'il assimilait son parking à un hôtel ou une chambre d'hôtes.

- «Je vous ai vu ce matin à la caméra quitter le véhicule, qui va d'ailleurs être enlevé aujourd'hui. Avez vous récupéré toutes vos affaires?»

Oui, il l'avait, son minuscule sac, il était hors de question de l'abandonner même pour quelques minutes. Jack s'excusa, gêné et honteux, il ne s'attarda pas et expliqua très brièvement sa situation au gardien. Ce dernier lui remis une pièce de 2 euros, afin de pouvoir consommer un café.

Il mit précieusement la pièce enveloppée dans une serviette en papier, de peur de l'égarer. Il allait désormais devoir faire preuve de patience et de stratégie. Son café, tant espéré et désiré, serait pris au moment le plus exigeant et réconfortant de la journée.

Il marcha longuement toute la matinée et quand ses forces commençaient à l'abandonner, il décida de se réfugier dans le métro repoussant l'idée et la tentation trop précipitée de déguster son expresso. A l'heure du déjeuner, il ressentait de douloureuses crampes d'estomac. Il prit le métro en direction du centre d'hébergement.

Il accéda à la cantine du centre où il put manger une soupe avec un morceau de pain et une bouteille d'eau. Cette bouteille fut un vrai moment de bonheur pour Jack, jamais l'accès aux aliments vitaux de base ne fut si compliqué à obtenir. Il l'a garda précieusement dans son sac et savait que cette petite bouteille allait lui éclairer la journée.

Il en profita pour réserver un lit pour le soir même, accessible à partir de 18 heures. Il reprit une marche active. Rester dynamique l'aidait à se réchauffer et il n'acceptait pas l'idée, pour le moment, de dormir sur un banc. Il pensait également aux moyens de rester propre et de garder des affaires présentables et soignées.

«Faut que je reste digne. J'ai l'obligation, pour continuer de vivre et d'exister, de conserver un minimum de fierté et de reconnaissance. Si je perds ces valeurs, je suis un homme mort»

En milieu d'après-midi, après plusieurs kilomètres parcourus, Jack s'accorda une pause dans une brasserie, sirotant finalement un café allongé, moins savoureux, mais de plus grande quantité. Il s'assit au balcon et non en salle afin de minimiser le prix de la consommation. Il en profita pour lire le journal du jour et remarqua la météo dégradante des prochains jours. Il n'avait pas l'habitude de consulter cette rubrique, mais à des fins d'anticipation, il jugea bon de se tenir informé.

Curieusement, il ne ressentait plus aucun regard pesant sur lui. Il croisait nombre de personnes, qui au contraire baissaient les yeux et tournaient la tête. Sans doute de peur d'être de nouveau solliciter pour une petite aide financière. Il avait désormais l'étrange et inquiétante sensation d'être invisible ou transparent. Il comprenait progressivement, que personne ne l'aiderait et que sa disparition passerait totalement inaperçue, au même titre qu'un objet que l'on met de coté quand il devient inutile.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant