Chapitre 45

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Jack prit la bretelle de sortie de l'autoroute menant au gigantesque centre commercial de la région. Un vaste complexe de la taille de plusieurs terrains de football s'élevant sur quatre niveaux.

Il eurent l'idée de se réfugier dans cet immense complexe commercial. Selon eux, l'endroit le plus sûr en cette fin de journée.

Bien évidemment, le parking du centre était vide. Seules quelques voitures poussiéreuses et délaissées, stationnées de longue date achevaient une longue vie de service.

Avec l'embarras du choix, il stationna son véhicule au plus près de l'escalator. Jamais Samantha, habituée du centre, depuis de longues années, n'avait pu placer si près son véhicule de l'entrée principale.

L'escalator menait directement à l'intérieur du centre commercial. Tout à fait étonnamment, les grilles métalliques du plus grand hypermarché de la région étaient descendues. En effet, la direction décréta, pour des raisons évidentes de sécurité et de rationnement de garder le magasin fermé jusqu'à nouvel ordre. Le phénomène de ruée et de pillage, durant depuis des jours, ne pouvait continuer. Les récents événements avaient développé au sein de la population, une psychose générale et tous constituaient d'énormes réserves, sacrifiant leurs épargnes à des fins de survie.

Les allées désertées du centre commercial provoquaient chez Jack une inquiétude grandissante. Il se demandait alors où se trouvait à l'instant présent sa fille. Il donnerait sa vie pour pouvoir l'étreindre et l'embrasser une dernière fois. Il voudrait quitter cet endroit maudit sans vie et sans bruit afin de revenir en arrière réparer ses erreurs passées. Il avait tout perdu et se sentait anéanti. Il portait le poids et le fardeau de ses aventures égoïstes et l'emporterait dans la tombe.

Samantha remarqua rapidement les absences de son précieux ami et lui demanda:

- «Jack, est-ce que ça va? A quoi penses tu?»

Jack répondit que tout allait bien, qu'il était juste préoccupé par la situation.

Alors qu'ils passaient à proximité d'un restaurant, une délicieuse odeur de pizza envahit leurs narines. Samantha ne baissant pas les bras, proposa à Jack de déguster une pizza hautement réputée. Il sourit lui répondant ironiquement quand cette fin du monde approchant, son seul désir était effectivement de dévorer une pizza.

Sur un ton abusé agrémenté d'un zeste d'humour, il observa:

- «Au moins, aurais-je goûté et dégusté la meilleure des pizzas avant de mourir»

Ils étaient assis à la table du restaurant charmant et cossu ouvert au désespoir du gérant. Il était devenu un ami de Samantha. Il lui avait confié que le restaurant était pour lui l'investissement de toute une vie et qu'il comptait plus que tout. Sa place était là, entre ces murs, derrière son four au feu de bois.

Il leur avait gracieusement offert l'apéritif, leur présence lui réchauffait le cœur et il s'était immédiatement lancé dans la confection des deux meilleures pizzas du monde.

Alors qu'ils patientaient sagement après leur réconfort, Samantha tendit la main vers celle de Jack et la saisit. Il leva les yeux rougis vers elle. Elle lui demanda gênée:

- «Es-tu marié Jack? As-tu des enfants?»

Jack fut surpris de ces questions. Il se demanda aussitôt comment cette fille pouvait elle savoir précisément le fond de ses pensées. Certainement le sixième sens féminin, en conclut-il.

Il prit une bouffée d'air. Jamais encore il n'avait eu le courage et la volonté de parler à quiconque de sa famille.

- «Je ne les ai pas revues depuis plusieurs années. Quand j'ai ouvert les yeux, il était trop tard. Je les avais perdues pour toujours»

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant