Chapitre 24

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Jack fit, un jour d'hiver, la rencontre de Mike. Un jeune homme de 26 ans, dans la rue depuis 4 ans. Suite à de nombreuses disputes, dont une dernière particulièrement violente, son père le mit dehors sans affaires ni scrupules. Il était à ce moment-là sans emploi et sans ressources.

C'était un jeune homme impulsif et violent. Néanmoins, il véhiculait également l'image d'une personne charismatique, drôle et attachante. Suite à une querelle entre les deux personnages, une amitié se créa et se développa progressivement.

Mike était toxicomane. Il avait plus d'un tour dans son sac afin de parvenir à s'approvisionner différents stupéfiants, notamment auprès de médecins influençables et autres travailleurs sociaux. Il disait fréquemment à Jack , que le seul moyen de survivre dans la rue était de «tricher».

Il appartenait à un groupe d'une dizaine de personnes, toutes sans domicile fixe. Ils avaient implanté au centre d'une énorme place publique, au milieu de certains arbres, des tentes et autres lits de fortune. Ils se regroupaient sur le quai du métro et passaient leurs journées à débattre sur des sujets variés: politique, actualité, sport...

Mike lui offrit une tente en parfait état. Cet élan de générosité renforça l'estime que Jack ressentait pour son nouvel ami. Ils devinrent très proches l'un de l'autre et bientôt inséparables.

Ils buvaient énormément avec le peu d'espèces que chacun parvenait à gagner ou avec les faibles revenus des débuts de mois. Certains, y compris Mike, se shootaient plusieurs fois par semaine. Un cercle malsain et vicieux auquel Jack se rallia sans tenter de fuir le moindre instant. Il rechuta dramatiquement dans l'incontournable addiction de la seringue.

Un soir, sous l'emprise de stupéfiants et n'arrivant pas à dormir, Jack prit l'initiative d'une balade nocturne dans le quartier branché de Bairros, réputé pour ses nombreux bars et pubs dynamiques. Il errait dans les petites ruelles étroites, vaseux, se faufilant dans une foule impressionnante de jeunes gens, venus profiter de la fermeture tardive des bars.

Alors qu'il s'éloignait progressivement de la foule bruyante, il s'engagea dans une petite rue sombre, où deux hommes prenaient visiblement un certain plaisir à s'embrasser langoureusement, se caressant respectivement le bas du dos. Jack sourit, passant à proximité du couple et s'enfonça un peu plus dans l'obscurité de la ruelle.

Il ralentit brusquement le pas, apercevant une silhouette venant face à lui, se débattant étrangement. L'individu, à l'allure incertaine et titubante, semblait être possédé par un esprit démoniaque. Il se giflait, se tapait sur le ventre et la poitrine, se tirait les cheveux.

La silhouette, apercevant Jack, venant dans sa direction parut prendre peur à son tour. Elle sauta sur le mur de gauche et commença à marcher à la perpendiculaire sur le mur, telle une araignée. Jack stoppa net et décida de se frotter les yeux, persuadé que les stupéfiants absorbés étaient la cause de cette pure hallucination. Quand il regarda de nouveau face à lui, elle avait effectivement disparu.

Il reprit sa marche nonchalante. Il entendit alors un bruit sourd à proximité d'un énorme conteneur métallique en acier vert. Il décida de rebrousser chemin, d'un pas hésitant, incertain d'avoir pris la bonne décision. Un jeune homme au teint blanchâtre et au regard vide, était agenouillé derrière le conteneur. Il semblait terrorisé. Jack s'approcha légèrement, la pénombre l'empêchait de distinguer correctement les traits de visage de l'individu.

Il fut étonné par les gémissements inhumains, émis par l'homme, qui se rapprochaient considérablement de grognements animales.

Il leva brusquement les yeux vers Jack, qui recula d'un pas surpris et apeuré. Il aperçut des yeux particulièrement étranges, comparables aux yeux d'un serpent. Ils étaient vitreux et de couleur vert clair.

Jack prit énormément sur lui et ne pensait qu'à s'enfuir le plus vite possible.

- «Vous allez bien? Avez-vous besoin d'aide?»

demanda t-il.

- « Aidez-moi je vous en supplie. Je n'arrive plus à me contrôler, ils ont pris possession de mon corps et de mon âme»

Sentant sa gorge se nouer et le ventre se serrer, il questionna l'individu:

- «De qui parlez-vous? Voulez-vous que j'appelle les secours?»

D'un coup, bousculant Jack, l'homme bondit et se retrouva de nouveau à la perpendiculaire sur le mur d'en face. Jack recula de nouveau de plusieurs pas, intrigué par l'invraisemblance de la situation.

De nouveau, l'homme sauta pour se retrouver finalement face à lui, leurs visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

Le visage de l'homme avait muté et d'énormes veines inhumaines traversaient son visage. Par transparence, un étrange liquide verdâtre coulait dans celles-ci. Il fit immédiatement un lien évident, riche en similitudes, entre cette créature aux veines impressionnantes, identiques à celles apparues lors de son agression.

L'homme ou la créature selon Jack, continua de gémir de manière inquiétante. Elle finit par prononcer avec une voie inhumaine:

- «Nous sommes partout Jack. Et bientôt tu seras des nôtres. Nous t'observons et le moment est imminent. Nous avons besoin de toi»

Puis la créature sauta d'un mur à un autre pour disparaître finalement dans les airs. Jack resta là, immobile, regardant vers le ciel. Perplexité, peur et incompréhension étaient les ingrédients d'un cocktail explosif, matraquant son cerveau.

Une terrible migraine accapara ses yeux et ses tempes.

Il retourna vers son camp de fortune repensant à cette scène irréelle.

«Hallucination ou pas?»

«Au même titre que les précédentes apparitions de la créature. Peut-être, suis-je en train de développer une inquiétante et sérieuse pathologie neurologique?»

Il n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres du camp. En cette nuit noire et profonde, la lueur tourbillonnante de multiples gyrophares bleus, captèrent son attention. Persuadé qu'il venait d'arriver un accident, il remarqua qu'un nombre impressionnant de gendarmes et autres policiers encerclaient la tente de Mike.

Il s'approcha à la limite du périmètre de sécurité et un agent de police l'empêcha d'aller plus loin.

- «Mais c'est ma tente, mon camp là, monsieur. Je dors ici avec mon ami»

Immédiatement, le policier le saisit par le bras fermement, au point que Jack grimaça de douleur. Il le conduisit auprès d'une femme qui n'était pas en uniforme. Elle portait un splendide tailleur noir, du plus bel effet, mettant en valeur des formes généreuses, que Jack releva aussitôt.

- «Lieutenant, il y a ce type qui prétend dormir dans la tente voisine à celle de son ami»

Sans la moindre réflexion ni hésitation, la femme répondit:

- «Embarquez-le, agent Fernandez, placez-le en garde à vue, je l'auditionnerai demain matin»

Surpris, Jack rétorqua aussitôt:

- «Hé, ho, vous plaisantez ou quoi? Lâchez-moi, j'ai rien fait»

Le policier serrant davantage son bras, haussa le ton:

- «Fermez-là et obtempérez. Vous êtes sur les lieux d'un crime»

Jack termina cette nuit agitée menottes aux poignets dans une voiture de police banalisée.

- «Après tout, je n'ai rien à me reprocher et qui plus est, je vais dormir au chaud»

pensa t-il.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant