Chapitre 33

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De plus en plus de gigantesques blocs noirs continuaient de prendre position un peu partout dans le monde. Du Japon à l'Australie, de l'Inde jusqu'en Afrique du Sud, du Brésil jusqu'au Canada et de l'Europe du nord jusqu'en Russie. Des zones préoccupantes d'obscurité se formaient. De nombreuses théories se développaient autour de ténèbres et d'apocalypse s'abattant sur terre.

Le trafic aérien était à l'arrêt, dans la mesure où elles demeuraient indétectables et invisibles par le moindre appareil électronique. Le potentiel danger encouru était donc trop important et les autorités aéroportuaires du monde entier ne prenaient pas le risque de perdre des vies humaines dans des crashs aériens évitables.

L'hélicoptère rentra sain et sauf à la base de Barnéo. Toute l'équipe au sol supervisant l'opération attendait avec impatience le témoignage du pilote. Il serait déterminant, permettant enfin de comprendre et d'analyser le fondement ainsi que le but recherché par ces structures noires. Les images des différentes caméras postées sur l'hélicoptère et sur le pilote lui même allaient être visionnées par les spécialistes du monde entier, afin de fournir une interprétation précise et commune.

Fisk et son équipe visionnaient avec stupeur les images récoltées de la carcasse métallique du premier hélicoptère disparu. Ils ne comprenaient pas, comment ni pourquoi, l'hélicoptère fut ainsi dépouillé. Ils réfléchissaient déjà à un moyen de rapatrier l'appareil afin de le faire expertiser en espérant trouver des réponses urgentes.

Il ouvrit ensuite le fichier téléchargé contenant les images de l'une des caméras équipant l'hélicoptère. Il resta muet, stupéfait devant de telles séquences. Il y voyait un hélicoptère disparaître progressivement dans le ciel. Il était comme aspiré par les cieux , par une force totalement invisible.

Fisk dira par la suite qu'il interprétait un point de transition entre deux dimensions. Le pilote était formel. L'hélicoptère fut littéralement aspiré et englouti par un énorme orifice dans l'une des parois de la structure.

Le pilote reporta le témoignage suivant:

- «L'hélicoptère virevoltait sur lui même puis finit par s'immobiliser. Le rotor arrière pénétra dans l'orifice créé dans la paroi puis en quelques secondes disparu dans un silence anormal et effrayant. Il en fut de même des deux maverick, engloutis sans aucune explosion, tout simplement stupéfiant.

Je ne sais pas ce que c'est, ni quels sont les matériaux composants cette merde mais une chose est sûre, c'est étranger et inconnu de notre technologie militaire»

Fisk continuait le visionnage et la séquence montrant la mise à feu des deux missiles augmenta son inquiétude. Les images confirmaient le témoignage de l'officier pilote, les deux missiles, tout comme l'hélicoptère, disparurent dans le ciel sans laisser la moindre trace d'impact ou d'explosion.

Il fit parvenir les images aux Ministre de la Défense et des Affaires Étrangères ainsi qu'au Ministre de l'Intérieur qui, conjointement au Président de la République contactèrent les gouvernements de la coalition internationale de défense. Chaque état déclencha une alerte rouge maximale d'urgence absolue, prêts à intervenir sur décision propre et individuelle, chacun contrôlant et maîtrisant son espace aérien.

Tous les scientifiques et politiciens cherchaient une solution afin de prélever un extrait de ces fameuses structures noires. Ils auraient ainsi la possibilité de tester et de déterminer quels sont les matériaux utilisés, avec la possibilité d'être face à une matière inédite.

Il fallait faire vite car une hystérie mondiale gagnait les populations et l'idée d'une attaque imminente extraterrestre se généralisait. Ce sentiment d'insécurité était accentué par la divulgation que chaque État doté de la puissance nucléaire songeait de plus en plus à l'utiliser en dernier recours.

Les spécialistes de l'institut AVE, en collaboration avec des chercheurs et scientifiques de la NASA, travaillaient sur l'élaboration d'un puissant drone capable d'approcher au plus près l'une des structures. Équipé de capteurs thermiques et autres sondes, il aurait pour mission de récolter quelques données physiques de base. Un minuscule bras télescopique a également été intégré dans le but d'extraire de microscopiques pellicules de ces mystérieuses structures. Un laser dernière génération, le plus petit et le plus performant au monde terminait d'équiper le drone. Jamais une telle technologie si avancée et aboutie n'a été utilisée sur un si petit appareil.

La structure visée survolait San Francisco et s'étendait sur plusieurs kilomètres au sud jusqu'à San José.

Fisk avait rejoint la base militaire de San Mateo d'où l'opération allait être lancée. Un militaire spécialisé dans les nouvelles technologies d'armement, notamment la technique et le pilotage des drones, était missionné pour piloter son engin jusqu'à la cible. Un nombre impressionnant de satellites suivaient à la trace l'engin volant.

L'ordre lancé de décollage, l'appareil arriva à proximité de la paroi noire en seulement quelques minutes. La portée était au plus d'une dizaine de kilomètres et le pilote disposait d'une petite heure d'autonomie. Le problème le plus difficile à gérer dans cette mission était que le pilote devait approcher la paroi totalement à l'aveugle puisque la caméra ne permettait pas à visualiser la structure.

Une équipe en hélicoptère fut détachée afin de survoler à proximité la paroi concernée. C'est un militaire qui allait guider visuellement le pilote du drone.

Le colonel gérant la base militaire avait donné des consignes strictes. Il était inenvisageable qu'il y ait d'autres pertes humaines surtout quand il s'agissait de ses hommes. Ainsi, l'équipe héliportée se tenait à une distance raisonnable de sécurité. Néanmoins, il gardait un visu respectable afin de guider le pilote au sol. Les 20 à 25 derniers mètres approximativement se feraient sans aucune indication visuelle. De précieuses minutes allaient être nécessaires au drone, afin de s'approcher au plus près de la structure, jusqu'à l'impacter avec un maximum de douceur afin de ne pas l'endommager.

D'après les capteurs et autres sondes embarquées, le drone entra en contact physique avec l'une des parois de la structure ciblée. Tous les spécialistes retenaient leur souffle, l'opération se passait dans l'immédiat comme prévu. Les sondes thermiques enregistraient les données prélevées à proximité de la paroi. Le pilote déplia le minuscule bras télescopique avec un système d'embout cylindrique rotatif comparable au foret d'une perceuse.

Aucune résistance ne se fit sentir visuellement au niveau de l'image transmise par la caméra. Aucun tremblement ou vibration qui justifierait de l'effort de perforation du foret et de la montée en température relevée par les différents capteurs. Le pilote allongea alors encore plus le bras à son maximum soit environ 1m50. Mais toujours rien.

Le pilote reçut l'ordre d'utiliser le laser afin de provoquer un éventuel choc thermique qui serait immédiatement enregistré par le capteur. Au bout de quelques minutes, il interrompit le laser qui monta considérablement en température puis replia le bras télescopique afin de faire revenir son appareil.

Le drone se posa comme convenu à l'endroit choisi. Les spécialistes récupérèrent les données récoltées par les sondes et capteurs. Toute l'équipe était satisfaite mais septique.

Les résultats parvinrent en quelques minutes.

Il n'y avait rien. Le drone effectua un vol inutile. Il n'y avait aucune fluctuation thermique, aucune réaction à la détection de matériaux variés. Le bras télescopique ainsi que le laser n'ont prélevé aucune substance quelconque. L'analyse microscopique par les appareils les plus performants existants ne décélèrent absolument aucun résultat.

La conclusion était formelle. Il n'y avait rien dans le ciel.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant