Chapitre 6

20 3 0
                                    

L'aérodrome du Rossio se situe à une quinzaine de kilomètres du village de São Rafael. Il regroupe plusieurs hangars abritant de petits avions de différents riches entrepreneurs et autres hommes d'affaires de la région. En collaboration avec les communes avoisinantes, des journées portes ouvertes étaient organisées durant lesquelles des baptêmes de l'air étaient alors proposés à des tarifs attractifs.

Ce jour de printemps, le temps était idéal pour une petite balade en avion. Il y avait un beau soleil réchauffant une matinée plutôt fraîche et il n'y avait pas de vent.

Carlos arriva à l'aérodrome vers 8h30 ce samedi matin. Il avait l'habitude de payer le café aux différents instructeurs présents. Il se sentait comme à la maison et les années aidant, des affinités s'étaient durablement développées.

Assis sirotant son café, il apercevait son avion sur le côté de la piste. Manuel, le technicien, s'occupait des derniers contrôles de routine avant le décollage. Il aperçut Carlos au loin et lui fit signe que tout était OK pour son prochain vol. il lui répondit par un pouce levé.

Carlos enfila sa tenue «de cosmonaute» comme il avait l'habitude de le dire. Il salua généreusement son ami Manuel, puis grimpa dans sa machine.

Il effectua toutes les vérifications de départ et tous les manomètres affichaient des données normales. Il actionna les deux moteurs qui vrombir de toute leur puissance. Carlos ressentait systématiquement à ce moment-là un sentiment jouissif de puissance et de liberté. Alors que les moteurs montaient en température, il commença à orienter son appareil vers la piste de décollage. Il patienta quelques minutes et l'autorisation de décollage ne se fit pas plus attendre.

Il mit les gaz et l'avion se cambra légèrement de l'arrière. Il se lança vers le bout de la piste comme une flèche d'un arc vers sa cible. Le décollage fut immédiat et l'avion grimpait avec une facilité déconcertante dans les cieux.

Il atteignit son altitude normale de vol, environ 1500 mètres d'altitude, et un bonheur infini commença. Une vue époustouflante sur les vallées verdâtres et un ciel transparent nettoyé de tout nuage. Carlos prétendait souvent que se retrouver seul dans son avion haut dans le ciel est le plaisir et la sensation la plus énorme de toute une vie. Il fit d'incroyables voyages, visita les différentes merveilles du monde entier, mais rien ne peut remplacer à ses yeux, ces moments de solitude et d'extase aux commandes de son engin.

Alors qu'il volait maintenant depuis près de 20 minutes, il reçut un appel de sa femme. Il parvenait à capter malgré l'altitude mais il préféra écourter la discussion. Il détestait être déranger durant ses moments de pur plaisir.

Soudain, le ciel face à lui commença à s'assombrir anormalement. Une énorme structure noire et métallique d'une taille démesurée occupait toute la largeur de l'horizon face à lui. Il n'avait jamais rien vu de pareil et il était impuissant face à cette structure inconnue. Il décida de manœuvrer son appareil afin de ne pas se diriger davantage vers cette masse métallique extraordinaire et effrayante.

Il vira à droite puis à gauche sans rien y faire. Cette chose restait face à lui inerte et immobile. Il poussa sur son levier et l'avion se projeta subitement vers le sol et il perdit rapidement en altitude. Cette périlleuse manœuvre s'avéra vaine puisque l'avion se dirigeait tout de même vers cet obstacle noir sans aucune autre alternative possible. L'appareil était comme aimanté par cette paroi noire et il craignait à présent de l'impacter violemment et fatalement. Des gouttes de sueur coulaient le long de son dos et de ses tempes, humidifiant ses lunettes embuées.

Il était de plus en plus proche. Il pouvait désormais voir de grandes parois recouvertes d'un noir mat sans aucune vitres apparentes, juste un gigantesque bloc noir en plein milieu du ciel.

Dr PerkinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant