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| Abir en média |

"Enfant compliqué, traîne dans la cité"

Comme chaque matin, je me lève aux alentours de 7h pour me préparer et aller à la fac.

J'étudie la psychologie mais je travaille aussi comme serveuse à côté pour payer mes études. Mon père travaille sur les chantiers, mais il est de plus en plus fatigué, ce qui fait qu'il bosse moins, donc si je travaille c'est aussi pour l'aider financièrement, qu'il puisse vivre correctement. Y'a pas longtemps mon frère m'avait proposé de m'aider à financer mes études, mais maintenant que je sais d'où vient l'argent, c'est hors de question.

Une fois prête, je vais embrasser le front de mon père et sors de chez moi. J'arrive à ma voiture, garée sur le parking en face des bâtiments et lève la tête en passant ma main dans mes cheveux. Espérons qu'aujourd'hui soit meilleur qu'hier.

C'est à ce moment là que je croise le regard du pote de mon frère, Walid, qui est adossé au mur de mon bâtiment, en train de fumer un joint. On se regarde à peine une seconde et je rentre dans ma voiture.

J'arrive à la fac en retard, à cause des bouchons, c'est dans ces moments là que je regrette d'étudier à Paris.

J'pensais pas mais j'arrive à tout gérer, j'm'impressionne.

J'arrive dans l'amphi et parcours la salle des yeux. Bon..je hausse les épaules et pars m'asseoir à une place au hasard. Je sors mes affaires et le professeur arrive puis nous salue.

Quelques minutes se passent avant que la porte ne s'ouvre. Le prof ne fait aucune remarque et continue son cours.

-T'es en retard.

Il roule des yeux et s'affale à côté de moi.

-Tu pues le joint Nabil.

Nabil: Commence pas, j'suis éclaté.

-T'étais encore en boîte hier ?

Nabil: Ouais, et j'suis pas rentré seul si tu vois c'que j'veux dire.

Il esquisse un sourire en coin, me faisant soupirer.

-J'veux pas plus de détail, t'inquiète.

Nabil: T'es sure ? Tu sais pas c'que tu rates.

-Tu m'prends vraiment pour ton journal intime toi, c'est ouf.

Nabil: Toi t'as cru j'étais une meuf en fait ?

-Un peu.

Il enlève enfin sa capuche et secoue sa main dans mes cheveux, les emmêlant.

-Putain t'es chiant.

Nabil: M'cherche pas p'tite tête.

Je roule des yeux pendant qu'il sort un stylo et commence à jouer avec.

Nabil, c'est vraiment l'un des seuls mecs de cité que je connaisse, qui soit à l'université. Et de psychologie qui plus est. On s'est rencontré au début de l'année, pendant un truc d'intégration, il était super agressif, ça se voyait qu'il voulait pas être là. J'suis allée lui parler parce que y'en a pas mal des gars comme ça en bas de mon bat', et la plupart ils sont sympas.Et puis j'étais un peu toute seule donc..

C'est là qu'il m'a raconté que c'était ses parents qui l'avaient forcé à entrer à l'université, pour être surs qu'il gâche pas son avenir, comme la plupart des jeunes. Les premières semaines, ils= venait pas souvent, mais plus on devenait proche, plus il venait. Il avait une copine avant, mais elle supportait pas notre "complicité", alors que c'est comme mon frère, et que j'suis comme sa soeur. Elle l'a plaqué, et il a pas été bien pendant longtemps. J'étais là pour lui, j'essayais de l'aider, il m'a beaucoup remballé mais j'suis quand même restée.

-T'as des nouvelles de Nawelle ?

Je le vois froncer les sourcils et poser son stylo.

Nabil: J'en ai pas besoin, j'l'ai vu hier.

-Attends..c'est avec elle que t'es rentré hier ?

Nabil: Pas du tout, j'suis pas sa pute moi. On s'est juste croisé en boite vite fait.

-Vous avez parlé ?

Nabil: Elle voulait, mais j'suis parti.

-Pourquoi ?

Nabil: Parce que wesh, imagine on s'remet ensemble, elle va encore vouloir que j'm'éloigne de toi. Et j'ai pas envie, t'es ma p'tite reuss.

Je fais la moue et le pince la joue, le faisant grogner.

-Tant mieux, j'la sentais pas.

Nabil: J'suis sur elle me trompait de toute façon.

On continue de parler un peu mais j'écoute aussi le cours en même temps, ce qui n'est pas son cas, ça s'voit vraiment qu'il en a rien à faire d'être ici.

On sort de l'université vers 17h, et on installe notre routine quotidienne. Je le ramène jusqu'à chez lui puisque c'est sur mon chemin, puis je file au restaurant pour entamer mon service.

J'arrive, essoufflée, et croise mon amie Amina dans le vestiaire.

Amina: Oh, t'es là !

-Bah oui, comme tous les soirs.

Amina: Nan mais plus le temps passait, plus j'te voyais pas arriver, j'avais peur que tu me laisses seule ce soir.

-J'viens toujours, et puis de toute façon y'a toujours Naïm avec nous.

Amina: Raison de plus, il me fait flipper.

Je ricane en enfilant le polo à effigie du restaurant.

Naïm, notre collègue, a tout simplement un gros faible pour Amina, sauf qu'il sait pas du tout s'y prendre, il a un comportement super chelou et il la fait flipper. Mais sinon, il est gentil.

Je fais le service tandis qu'Amina prend sa place au bar. Le restaurant se remplit peu à peu, jusqu'à être presque entièrement bondé.

Je me rends au comptoir du bar pour qu'Amina m'apporte des boissons, lorsque je croise Naïm, qui passe en coup de vent.

Naïm: Abir, tu peux t'occuper de la 17 steuplait, j'suis débordé.

Comme si je l'étais pas moi.

Je hoche tout de même la tête et apporte les boissons à la table 5 puis je me dirige vers la 17, mon bloc notes entre les mains.

-Bonsoir, je peux prendre votre commande ?

Je relève la tête après avoir replacé une mèche de cheveux derrière mon oreille et découvre avec surprise Walid, le gars qui m'a "secouru" hier soir.

« donne moi de la haine et de l'amour »

𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | MaesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant