« Elle m'rend fou, elle veut qu' j'arrête de côtoyer le re-fou »
L'ambulance. L'agitation. L'hôpital. Le bip du cardiogramme qui se transforme en un seul son strident et sans fin. Et puis, la mort.
Nabil est mort aujourd'hui.
On m'a fait sortir de la salle après que le médecin ait annoncé l'heure de son décès. Le masque que j'affiche d'habitude devant les autres est tombé quand il s'est effondré sur le sol.
Mes larmes roulent sur mon visage en une rivière incessante, ponctuée par des soubresauts et des sanglots.
J'entends des talons claquer sur le sol, produisant de petits bruits rapides, signe que l'individu est en train de courir. Une main se pose sur mon épaule, alors je relève la tête. Mon regard embué se pose sur Amina, qui soupire. J'essuie mes yeux avec mes mains et remarque que ses yeux sont rouges à elle aussi. Ils n'étaient certes, pas meilleurs amis, mais je sais qu'il comptait quand même pour elle.
La valeur d'un être cher se renforce lorsqu'on l'a perdu. Et c'est exactement le cas en ce moment même.
Elle me prend dans ses bras en silence. Les mots sont inutiles, il n'y a rien à dire de plus. On sait déjà qu'il n'est plus là.
Je me détache d'elle et tente de contrôler ma respiration.
-Tu sais où est Samir ?
Elle hoche négativement la tête et accrocher ses mains aux miennes en se mordant la lèvre.
Amina: Tu veux qu'on rentre ?
-Oui.
On se lève toutes les deux et sortons de l'hôpital. Je monte dans sa voiture, comme je suis venue avec l'ambulance, et m'assois du côté passager.
La route défile sous mes yeux, mais je la vois sans la voir. Le deuil est un truc qui va me prendre du temps. Comme avec ma mère. Et j'ai qu'une envie, c'est être toute seule. Pour pleurer, encore et encore. Jusqu'à tomber inconsciente. Je ne veux pas que les personnes que j'aime s'éteignent les unes après les autres. Il n'y en a que deux pour l'instant, et c'est déjà trop pour moi.
Amina me laisse seule, comme je le lui ai demandé. J'arrive à mon appartement. Mon père se lève en me voyant et vient me prendre dans ses bras. Je ne réponds pas à son étreinte. En fait, j'arrive pas à bouger. J'ai juste les yeux dans le vide. Il m'embrasse le front plusieurs fois.
Papa: Ça va aller benthi..
Je renifle et me dirige vers ma chambre. Et comme si ça ne suffisait pas, mon regard s'accroche directement à des photos que j'ai avec lui, qui sont scotchées sur mon mur. Je laisse échapper un sanglot sans vraiment pouvoir le contrôler, et décide d'appeler Samir.
Il ne répond pas, alors j'appelle Walid. Je sais pas pourquoi, mais je l'appelle. Il ne répond pas non plus. Je m'écroule sur mon lit et continue de pleurer jusqu'à trouver le sommeil.
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Une main qui me secoue, me fait ouvrir les yeux difficilement. Ils me piquent alors je grogne et passe une main dessus. Samir est assis sur mon lit, un sourire qui se veut réconfortant, sur le visage. Je lui saute dans les bras mais je ne pleure pas. J'ai plus de larmes je crois. Mon oreiller est encore mouillé, mais je ne m'en formalise pas. Ça sèchera.
Samir: J'ai appris ce qu'il s'est passé..j'suis-
-Chut. Tais toi. J'ai pas envie d'en parler. Pas encore. S'il-te plait.
Il soupire mais je le sens hocher la tête. Il trace des cercles dans mon dos et fais tressauter sa ambre nerveusement. Signe qu'il s'empêche de parler. Je finis par grogner et m'éloigne suffisamment pour planer mon regard dans le sien.
-Qu'est-ce que tu veux me dire ?
Samir: Comment tu sais que-
-T'as le même tic nerveux depuis des années Samir.
Il grimace alors je souris légèrement.
-Donc, dis moi.
Samir: J'suis désolé de pas avoir été là..j'étais avec Walid, il a un concert ce soir alors il répétait.
-Oh..c'est pas grave.
Samir: En tout cas, il veut que j'te dise qu'il est désolé.
Je hoche la tête et prends une grande inspiration.
Samir: J'sais que c'est dur tu sais..
-Oui, ça l'est. Mais j'irai mieux. Enfin..je crois. Mais pas maintenant. C'est trop tôt.
Il hoche la tête et me prend à nouveau dans ses bras.
-J'me demande juste pourquoi. Pourquoi Nabil ?
Samir: Écoute..j'sais qu'il prenait pas que du shit alors..
-De quoi tu parles là ?
J'arque un sourcil, mais je commence à stresser. Comment ça pas que du shit ?
Samir: Bah..ça lui arrivait de prendre de la coke. Tu savais pas ? J'pensais que si.
-Non. Je savais pas. Comment tu sais ça toi d'ailleurs ?
Samir: Des fois, c'est moi qui était chargé de le fournir. J't'avoue que ça m'faisait pas particulièrement plaisir, mais j'étais obligé..
Je me relève brusquement. Alors mon frère le fournissait et j'avais rien vu. Je me tourne vers la fenêtre et prend ma tête entre mes mains.
Samir: Abir..
-Sors. S'il-te-plait, laisse moi seule.
Je l'entends soupirer mais il finit par obéir.
Notre relation est devenue bancale, un coup on s'entendait, et un coup on était comme deux étrangers. C'est lassant à force. Mais je sais pas si ça avait un rapport avec ça.
Est que j'étais une bonne amie au moins ? Je ne crois pas.
« On passe du coup d'foudre au coup d'feu »
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𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | Maes
FanfictionJe ne t'ai jamais menti en te disant « je t'aime ». 𝐀𝐛𝐢𝐫 𝐱 𝐖𝐚𝐥𝐢𝐝