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"J'fumais l'teh donc je perdais des joues"

Il hausse les sourcils en m'aperçevant, et se reconcentre sur la femme en face de lui.

Walid: Vas-y mama, tu veux quoi ?

Sa mère feuillète notre carte avant de me sourire.

?: Hum..je vais prendre une pizza Orientale s'il-vous plaît.

Je note ça en vitesse et plante mon regard dans celui du brun.

-Et vous ?

Walid: Euh..la même chose.

-Très bien. Vous voulez des boissons ?

?: Pas pour moi, tu veux un truc Walid ?

Walid: Nan, juste une carafe d'eau s'il-vous plaît.

Il esquisse un sourire en coin, toujours en me regardant, et je pars sans plus attendre.

Je passe la commande en cuisine et vais jusqu'au comptoir, où Amina m'attend avec des yeux ronds comme des billes.

Amina: Tu t'rends compte que tu viens de parler avec Maes là ?

-Avec qui ?

Amina: Tu sors d'une grotte ?

-Bah non. C'est qui Maes ?

Amina: Un rappeur, il écrit des beaux textes et en plus de ça, il a grave du charme.

-Si tu l'dis. Bon, il me faut une carafe d'eau pour la table 17 justement.

Elle me la rapporte, le sourire aux lèvres, et je me dépêche de la ramener à la table de Walid, afin d'être débarrassée.

-Tenez.

?: Merci mademoiselle.

Je lui rends son sourire mais n'accorde aucun regard à Walid, ça commençait à faire bizarre.

Je continue de servir tout et n'importe quoi jusqu'à terminer mon service à 23h pétante. Je salue Amina et vais dans le vestiaire pour me changer et rentrer chez moi.

J'arrive à la cité et gare ma voiture sur le parking puis je monte,en lançant un "salam" général.

Hier je l'ai pas fait, mais ça dépend des jours. Comme je l'ai déjà dit, la plupart sont gentils en fait, et depuis le temps que j'habite ici, ils me connaissent tous, enfin, à peu près. Y'a que ceux qui habitent dans le bâtiment savent que Samir est mon grand frère, pourtant on est jamais ensemble. A l'appartement c'est autre chose, y'a personne pour nous emmerder, enfin, ça dépend des fis quoi.

Avant, on était super proche, on habitait pas ici donc ça facilitait les choses. Mais notre mère est morte, donc on a déménagé. J'avais 16 ans à l'époque, maintenant j'en ai 22 et 'ai l'impression que rien n'a changé. Mon père garde la tête haute devant nous, mais je sais qu'il est toujours en deuil. En même temps, perdre sa moitié, j'imagine même pas. J'pense que c'est à partir de là qu'on s'est éloigné avec Samir. Quand j'disais qu'on avait une relation fusionnelle, c'était avant, plus maintenant.

Samir il vend la mort depuis pas longtemps à ce que j'ai compris, mais il traîne avec des gens pas fréquentables depuis qu'on est arrivé ici donc il veut pas que je sois mêlée à ses histoires et je suis complètement d'accord avec lui sur ce coup là, c'est pour ça que normalement, il parle pas de moi.

Le truc, c'est que je connaissais pas Walid avant hier, et je suis sure qu'il habite pas dans le bâtiment , ni dans ceux d'à côté. Donc, comment il a su ? Hessoul, on s'en fou.

Je rentre dans l'appartement et entends des voix masculines provenir du salon, ce qui me fait froncer les sourcils puisque ça a pas l'air d'être la télé. La mauvaise odeur de shit m'a tout de suite mis la puce à l'oreille.

Je soupire et pose mon sac sur la table de la cuisine puis regarde dans le micro-onde. Mon père m'a laissé une assiette, comme peu près chaque soir. Y'a des fois où j'arrive à manger au resto avec Amina, comme hier soir,heureusement que je l'avais prévenu, qu'il fasse pas à manger pour rien.

Je fais chauffer mon assiette et vais me poser à la table de la salle à manger, qui me donne une très bonne vue sur le canapé, où mon frère se trouve, toit seul bizarrement.

Samir: Eh Abir !

Je relève la tête après avoir avalé une bouchée. J'suis encore énervée contre lui mais j'suis trop fatiguée pour lui régler son compte.

-Quoi ?

Samir: T'as finis à quelle heure ?

-23h. Il est où baba ?

Samir: Il est parti chez Khelti Sofia y'a deux heurs j'crois.

-Oh, d'accord.

J'entends des pas s'approcher de la pièce où on est et je fais les gros yeux en voyant Walid s'asseoir sur le canapé, il ne m'a pas encore vu. Putain mais c'est pas possible, il est partout lui.

Samir: Walid, j'te présente ma sœur-

Walid: Abir, je sais.

Il esquisse un sourire en coin puis tire une taffe de son joint en me fixant. C'est très gênant.

Je vois mon frère froncer les sourcils et nous regarder tour à tour, tandis qu'on se continue de se regarder dans les yeux.Moi, la bouche pleine et lui, son joint à la bouche.

Samir: Euh ouais, vous vous connaissez ?

-Non.

Walid: Disons qu'on s'est croisé hier.

Samir: Hein ?

-J'te cherchais, j'suis pas tombée sur la bonne personne et il m'a aidé, c'est tout.

Je me lève sans attendre de réponse et rapporte mon assiette à la cuisine. Je vais ensuite dans ma chambre pour me mettre en pyjama. Je les entends encore parler même si ma porte est fermée, ce qui me fait soupirer, mais je m'endors très rapidement.

« l'amour le sérum et le venin vu qu'on aime avoir mal »

𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | MaesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant