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« Au début ça s'passe bien, tu t'dis pourquoi pas essayer d'être un mec bien »

2 mois plus tard.

Il commence enfin à faire chaud, c'est agréable. J'enchaîne les heures de boulot au restaurant et les cours à la fac, où Nabil n'est pas.Étant donné qu'il s'asseyait tout le temps à côté de moi, ça me fait vraiment bizarre de me dire qu'il ne reviendra plus. Et puis, les rumeurs sur sa mort se sont propagées comme une trainée de poudre dans l'université. Maintenant, on me regarde avec pitié, où alors avec de faux sourire. De toute façon, je ne traînais avec personne d'autre que lui, alors leurs regards m'importent peu.

J'ai vu presque personne de mon entourage durant tout ce temps, histoire de faire correctement mon deuil. J'ai seulement vu mon père et mon frère, puisque nous vivons sous le même toit, Amina, vu qu'on est collègues, et c'est tout. Samir m'a dit que Walid avait cherché à me joindre et à me voir, mais je n'en avais pas envie. Il n'avait rien fait de mal, mais je voulais m'isoler un peu.

Franchir le hall de l'immeuble était devenu une épreuve, que je franchissais en pleurant au début. Maintenant, je dois souffler un bon coup et y aller. Les flashbacks de sa mort sont toujours douloureux, et ce lieu est le pire qui soit. Alors mis à part quand je suis obligée, je ne sors pas.

Mais aujourd'hui, on en a décidé autrement, apparemment.

Alors que je suis affalée sur mon canapé, un pot de glace à la main, devant Peaky Blinders, on frappe à la porte. Je grogne et me lève pour aller ouvrir. Pour une fois que j'étais seule à l'appartement, mon père est parti faire les courses et mon frère est j'sais pas où encore. J'en ai profité pour revêtir ma dégaine du dimanche, un pyjama Disney est un chignon fait à la va vite. De quoi être un peu tranquille.

J'ouvre la porte, le visage renfrogné et hausse les sourcils en apercevant Walid sur le palier.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

Walid: Wesh Abir, moi aussi j'vais bien t'inquiète.

Je roule des yeux et me décale pour le laisser entrer. Une fois qu'il est à l'intérieur, je referme la porte et le rejoins au salon.

-Tu prends trop vite tes aises toi, c'est pas possible.

En effet, il est affalé sur mon canapé, les pieds sur la table basse.

-Retire tes chaussures, t'es pas chez toi j'te signale.

Walid: Orh, c'est tout comme.

-Bon, qu'est-ce que tu fais là ? Mon frère est pas là.

Walid: Ouais, j'sais. C'est toi que j'suis v'nu voir cette fois.

Je fronce les sourcils et m'approche du canapé. C'est une première ça.

-Comment ça ?

Walid: J'me disais que ça f'sait longtemps qu'j'vais pas vu ta sale tête.

-Sympa. Tu m'as pas manqué toi en tout cas.

Walid: C'est ça, on va faire comme si j'te croyais.

Je soupire et passe une main dans mes cheveux. Il est à peine arrivé qu'il me casse déjà les bonbons.

-J'ai envie de voir personne aujourd'hui, donc tu peux-

Walid: Abir, ça fait deux mois qu'tu veux voir personne. Nabil est mort, c'est regrettable parce que c'était grave un bon gars, mais c'est pas en broyant du noir que t'arrivera à faire ton deuil.

𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | MaesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant