29

3.1K 140 31
                                    

« Le genre de fille qui ne fait que danser, elle à ta table tu ne peux plus penser »

Le professeur finit son cours dans le silence le plus total. En fait, je pense que tous les élèves, y compris moi, étions en train de nous endormir. Je range lentement mes affaires et sors, mes écouteurs déjà dans mes oreilles.

Je me dirige vers l'arrêt de bus, comme d'habitude. Aujourd'hui, c'est moi qui dois aller chez Walid et non l'inverse. On essaie d'alterner, puisqu'on s'est rendu compte que j'allais presque jamais chez lui, ce qui l'a mis un peu mal à l'aise. Il m'a dit avoir l'impression de profiter de moi et de mon appartement, alors qu'on sait tous les deux que c'est pas le cas. Malheureusement, j'ai pas réussi à le faire changer d'avis, il est resté buté sur son idée de faire du 50/50.

Alors que je regarde les horaires, une main se pose sur mon épaule, me faisant me retourner. Je fronce les sourcils et enlève mes écouteurs.

-Euh, oui ?

Un homme se trouve devant moi, mais je le connais pas. En tout cas pas à ce que je sache.

?: C'est toi Abir, n'est-ce pas ?

Je hausse les sourcils. On lui a parlé de moi ?

-Et bien, ça dépend, c'est pourquoi ? Et puis vous êtes qui d'abord ?

?: Je m'appelle Noa, j'habite pas aux Beaudottes, c'est peut-être pour ça que j'te dis rien, mais j'connais Walid.

-Oh, alors je suis bien Abir.

Noa: Je m'en doutais. Hum, c'est un peu bizarre c'que je vais te dire, surtout aussi brusquement, mais..

-Mais quoi ?

Noa: T'as l'air d'être une fille géniale, donc, fais attention à tes fréquentations. Les personnes que tu connais, qu'elles soient proches de toi ou pas, c'est peut-être pas ce qu'elles laissent paraître en vérité.

-Quoi ? Comment-

Noa: Suis mon conseil. Et ça a été un plaisir de te rencontrer en tout cas.

Il me touche à nouveau l'épaule, avant de s'en aller rapidement. Et j'ai même pas le temps de me poser des questions que le bus arrive. Je monte dedans, la tête dans mes pensées, et m'assois vers le fond.

On arrive rapidement aux Beaudottes, et je m'empresse de me rendre chez Walid. Peut-être qu'il pourra m'éclairer sur ce qu'il vient de se passer, lui.

Je toque comme une forcenée à sa porte, jusqu'à ce qu'il m'ouvre, encore endormi.

Walid: Wesh y a l'feu ou quoi ?

-Me dit pas que tu dormais encore ?!

Il se décale pour me laisser rentrer, ce que je fais, en vitesse.

Walid: J'ai fait une sieste, j'étais fatigué. Y a quoi wesh, pourquoi t'es speed comme ça ?

-Faut qu'on parle d'un truc.

Il fronce les sourcils et s'assoit sur le canapé.

Walid: Oula, j'ai fait quoi encore ?

-Comment ça "encore"?

Walid: Bah j'sais pas, c'est toujours moi qui merde entre nous deux, alors si ça s'trouve j'ai fait un truc et j'm'en suis pas rendu compte.

-Non, non, c'est pas ça. Dis, tu connais un gars qui s'appelle Noa ?

Walid: Euh ouais, enfin, j'en connais plusieurs, pourquoi ?

-C'est un gars qui habite pas aux Beaudottes, et qui te connait.

Walid: Oh, c'est bon j'vois d'qui tu parles. Et bah, y a quoi ?

-Il est venu me voir quand j'suis sortie de cours.

Walid: Ah bon ? Il t'a dit quoi ?

-J'ai pas trop compris, il m'a dit de faire attention à mes fréquentations, je sais pas quoi.

Walid: Wesh, il est bizarre.

-Ouais, j'te jure, j'ai pas compris.

Walid: Si ça s'trouve il était défoncé. T'as rien remarqué de bizarre ?

-Euh non. En fait j'ai pas fait gaffe.

Walid: Bah voilà, ça devait être ça.

Je hoche la tête, complètement absente. Cette histoire est bizarre quand même.

Il me prend la main et me fait asseoir sur ses genoux.

Walid: Eh, il fait la moue, j'ai pas eu mon bisou.

Je souris et l'embrasse en lui tenant les joues.

--------

Le lendemain.

Aujourd'hui, Walid doit venir me récupérer, on doit aller au studio pour qu'il me fasse écouter un morceau.

Je sors de l'université, le sourire aux lèvres, et le cherche du regard. J'écarquille les yeux en le voyant avec Amina, qui a sa main posée sur son torse.

Je m'approche lentement d'eux, jusqu'à croiser le regard de Walid, complètement paniqué.

Walid: Abir, bébé, j'te jure que là, j'ai rien fait, wallah.

Amina se tourne vers moi, le sourire aux lèvres. Quelle salope celle-là.

Amina: Oh Abir, t'es là !

-T'essaies de faire quoi là exactement ?

Amina: Mais rien du tout, je discute avec Walid, rien de plus !

-Ce que t'essaies de faire ça marche absolument pas, tu gaspilles tes forces pour rien.

Elle s'éloigne de lui et me lance un regard noir.

Amina: T'as gâché ma vie.

-Tu l'as gâché toute seule.

Amina: Tu m'as séparé de Samir !

Elle me pousse, me faisant reculer. Walid la saisit par le bras, la faisant se retourner vers lui.

Walid: Commence pas à m'énerver parce que connasse ou pas, j'vais te mettre un patate, tu vas aller dire bonjour à Satan.

Amina: J'lui passerais le bonjour de la part de la pute à Booba dans c'cas là.

Chose à ne pas dire. Elle se retrouve au sol en moins de deux. Heureusement que j'suis sortie en retard et que y a limite personne en ce moment.

Walid me tend la main alors je la saisis, et il commence à partir mais je l'arrête, me tournant vers celle qui a un jour été ma meilleure amie.

-Sache que j'y suis pour rien s'il t'as plaqué. Il m'a absolument rien dit, et je lui ai pas tout raconté de ce que t'avais fait. Alors un conseil, passe à autre chose et arrête de me pourrir la vie. Parce que même si t'es une pétasse, tu vaux mieux que ça.



« T'es partie, ouais, j't'ai plus jamais revue »

𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | MaesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant