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« J'faisais parti d'son corps avant qu'elle me dise bye bye »

Deux semaines plus tard.

-Bonjour.

?: Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

-Je m'appelle Abir, je sais pas si vous vous rappelez de moi.

?: Oh oui, bien sûr, entre, entre.

Elle se décale pour me laisser un passage, et j'entre dans l'appartement. Je vais directement dans la salle à manger, et ma gorge se serre en regardant les photos. J'en touche une du bout des doigts et pousse un petit soupir.

?: Nabil te manque à toi aussi, non ?

Je hoche la tête. J'étais pas venue voir Jenaya, la mère de Nabil, depuis l'enterrement, et je m'en veux beaucoup de ne pas l'avoir fait.

-Il me manque plus que tout.

Elle m'invite à m'asseoir sur le canapé, en face d'elle, et me propose une tasse de thé. Je décline poliment et lui lance un petit sourire, qu'elle me rend.

Jenaya: Nabil parlait beaucoup de toi, tu sais.

Je hausse les sourcils. Bien sûr, j'étais déjà venue manger chez eux, mais je savais pas que j'étais aussi un sujet de conversation au sein de la famille.

-Ah bon ?

Jenaya: Oui ! Tu avais l'air bénéfique pour lui, et je t'en remercie pour ça.

-Je lui devais bien ça, il a toujours été là quand j'en avais besoin. Que ce soit pour des choses importantes ou non. C'était mon meilleur ami, et même aujourd'hui, je pense que personne ne pourra jamais le remplacer.

Je replace une mèche derrière mon oreille en me pinçant les lèvres.

-Désolée, je crois que je parle un peu trop..

Elle esquisse un sourire franc, ce qui me fait sourire aussi.

Jenaya: Mais non voyons, c'est moi qui te pose des questions !

-Et vous, vous allez un petit peu mieux ?

Elle soupire et regarde par la fenêtre avant de reposer son regard sur moi.

Jenaya: Disons que la plaie est encore trop ouverte. Sa sœur n'exprime plus vraiment sa joie de vivre, et moi, je fais de mon mieux.

-Et votre mari ?

Jenaya: Il est là pour nous épauler. Je sais que sa mort l'a touché particulièrement, il avait une relation plus que fusionnelle avec son fils, mais il se montre fort pour nous.

-Tant mieux alors..

Je reste un peu plus d'une heure avec elle, où nous passons notre temps à nous remémorer des souvenirs de lui. Elle me montre aussi des photos, dans des albums, ce qui déclenche quelques rires. Je finis par m'en aller vers 18h.

En arrivant aux Beaudottes, j'ai pas vraiment envie de rentrer alors je vais directement chez Walid. Il sait où j'allais cet après-midi, j'ai même annulé notre sortie pour pouvoir y aller, parce que c'était important pour moi.

Quand il ouvre la porte, mes yeux sont toujours larmoyants. Il m'ouvre directement ses bras et je n'attends pas une seconde de plus pour m'y réfugier. Je soupire face à la chaleur de son corps, tandis qu'il nous fait reculer, pour fermer la porte.

Il me porte jusqu'à sa chambre et m'allonge sur le lit. Je me tourne sur le côté droit, et il colle son torse à mon dos, tout en passant ses bras autour de ma taille et en posant sa tête sur mon épaule. Il me fait un bisou sur la nuque alors que je regarde dans le vide.

-Si t'avais vu à quel point elle avait mal..

Il ne répond rien. Il sait que c'est inutile, j'ai juste besoin de parler pour extérioriser. Je me retourne et le regarde dans les yeux. Mes larmes coulent d'elles mêmes et il m'embrasse le front.

-Il me manque tellement..

J'éclate en sanglot et colle ma tête contre son torse. Il me serre très fort contre lui et pose sa tête sur la mienne.

Walid: J'suis sûr qu'il aurait été fier de toi.

-Pourquoi ?

Walid: Parce que t'es forte et que tu te laisses pas abattre. Bien sûr, là, tu craques et c'est normal. Personne est invincible, mais toi t'es sans aucun doute la personne la plus forte que j'connaisse. Et putain j't'aime comme un dingue.

Touchée par ses mots, je pose doucement mes lèvres sur les siennes. Notre baiser est vraiment très lent, mais c'est un des meilleurs baisers de ma vie.

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Le lendemain.

Baba: Abir ! C'est pour toi !

-J'arrive !

Je finis de me parfumer et sors de ma chambre. Lorsque j'arrive au salon, mon père et Walid sont en train de rire ensemble. Des nouveaux meilleurs amis ces deux là.

Je me racle la gorge pour faire remarquer ma présence, et les deux se retournent vers moi. Mon père écarquillent les yeux et Walid hausse les sourcils.

Baba: T'es sûr que vous allez juste au resto là ?

-Euh..oui, pourquoi ?

Walid: T'es vraiment magnifique.

Je fais la moue et lui embrasse la joue. J'embrase ensuite celle de mon père et on le salue avant de quitter l'appartement. En arrivant en bas de l'immeuble, il me tend sa main, que je saisis directement.

Dehors, malgré le froid, il y a quelques gars, comme toujours. Lorsqu'on passe devant eux, ils interpellent Walid, qui me ait signe d'avancer un peu, en me disant qu'il arrivait.

Il part dans le sens inverse en trottinant, tandis que je continue de marcher.

?: Eh Abir !

Je me retourne en fronçant les sourcils et tombe sur Samy. Génial.

-Qu'est-ce que tu veux ?

Samy: Wow, on s'calme. J'voulais m'excuser pour la dernière fois. J'ai mal parlé, j'avoue.

-Et pas qu'un peu.

Samy: Surtout que ton gars m'a cassé la gueule, t'inquiète, j'ai bien compris la leçon.

Je hoche la tête et lui offre un petit sourire. Il me regarde de haut en bas, et se mord la lèvre inférieure.

Samy: Mais c'est franchement du gâchis que tu finisses avec lui.

Je fronce directement les sourcils. Il a de l'audace celui-là.

-Pardon ?

Samy: J'pourrais t'mettre tellement bien. Alors que lui, à part son rap, il a rien.

-J'en ai rien à faire. C'est pas son rap qui m'intéresse, c'est lui.

Samy: J'comprends pas pourquoi t'es toujours avec lui après ce qu'il a fait.

-Comment ça ce qu'il a fait ?

Il hausse les sourcils en souriant, ce qui ne me dit rien de bon.

Samy: Quoi ? Alors il t'a pas dit qu'il était dans la voiture du gars qui a buté Nabil au moment où ça s'est produit ?

« Ton âme un jour faudrait que tu m'la prête, que j'trouve sa sœur la mienne a perdu la vie »

AVANT DERNIER CHAPITRE ❗️

𝐆𝐑𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 | MaesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant