Chapitre 40

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Ça fait des jours que j'ai pas fermé les yeux. Trop de choses se bousculent dans ma tête pour dormir. Par exemple le fait que je vais bientôt découvrir l'identité de mon harceleur ou encore le fait que ça fait un temps fou que je n'ai pas vu Matteo. On peut dire que comme prof j'ai vraiment raté mon job sur toute la ligne. Seulement ce n'est pas ça qui me rend dingue, c'est tout simplement le fait qu'il me manque. Oui, Matteo me manque terriblement. Quand on s'est disputés, je n'attendais qu'une chose qu'il me prenne dans ses bras. Une question m'obsède: « pourquoi n'a-t-il pas pris de tes nouvelles ? ». C'est vrai, quel genre de personnage fait ça ? Je décide de me lever de mon lit et aller à la douche. Je m'habille et me maquille parce que ça me fait un bien fou au moral. Je me maquille uniquement  pour moi. Je descends par la suite à la cuisine en vue de me préparer un peut déjeuner avant de partir. Ça fait deux jours que j'évite Harry mais là, la rencontre est inévitable:

« Toast ? Me demande ce dernier pour faire la conversation.

Désolée Harry mais t'es bien là dernière personne à qui j'ai envie de parler.

-Écoute moi bien Harry. C'est pas parce que je t'ai pardonné qu'on va redevenir amis et de toute façon ça ne m'intéresse même pas. J'aurais plus jamais confiance en toi. Je ne te souhaite aucun mal mais après ces vacances là toi et moi on ne s'adressera plus jamais la parole et quand on se croisera dans les couloirs, on ne se calculera pas. Suis assez clair ?

Les mots que je lui dis sont dures je sais seulement ils sont vrais. On doit tous assumer les conséquences de nos actes. Perdre mon ami me déchire le cœur mais il n'y a aucune autre solution possible.

-Mais pour ce qui est de ta question, oui je veux bien un toast. Je renchéris posément. »

Une fois mon toast sorti du grille-pain, je l'attrape à la volée, le beurre et l'engloutis. Je pars aussitôt en direction de chez Matteo. Quoi de mieux pour avoir des réponses que les demander au principal concerné ? De toute façon nous rentrons en France dans peu de temps et c'est pas comme si j'allais le revoir dans ma vie. Donc qu'ai-je à perdre ? Je toque à la porte et c'est Louise qui m'ouvre.

« Ah madame Alexa vous tombez bien. Vous aurez peut-être plus de chance que moi. Ça fait des jours que monsieur Matteo refuse de sortir de sa chambre. Elle me raconte tout ça en même temps de m'emmener à lui. Il demande ses plats dans sa chambre et requiert surtout aucune visite. »

C'est étrange mais je ne peux m'empêcher de penser que s'il est triste c'est peut-être à cause de notre dispute. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Je veux que ce soit ça. Je me trouve à présent devant la porte de sa chambre. Je prends une grande inspiration et toque.

« Bon sang Louise je t'ai dit de me laisser tranquille ! Hurle Matteo.

-C'est pas Louise, c'est Alexa. Dis-je d'une petite voix.

Un long silence s'installe entre nous. Je finis par le briser.

-Laisse-moi entrer s'il te plaît, on doit parler. »

Je n'obtiens aucune réponse de sa part. Je décide de ne pas insister. Très bien Matteo si tu ne veux pas parler, c'est ton choix. Je me tourne en direction de l'extérieur quand j'entends la porte s'ouvrir. Quand je lève le regard je tombe sur le sien en train de me fixer. Il me transperce tant il est puissant. Nous nous fixons plusieurs instants avant qu'il ne m'invite à entrer.

« Qu'est-ce tu fous ici Miller, t'es pas occupée à dealer tes merdes ? Me demande Matteo avec ironie.

-Non j'ai écoulée tout mon stock mais j'aurais dû t'en garder, ça t'aurait détendu. Dis-je en blaguant.

Je tente l'humour mais vu sa tête ça ne marche pas du tout. Je décide de la jouer plus sincère et d'arrêter de mentir. Je ne veux pas être comme Harry, me résoudre à mentir toute ma vie sans jamais dire ce que l'on pense de peur du regard des autres.

-Tu veux vraiment savoir comment j'en suis arrivée là ? Le questionnais-je avec tristesse.

Il acquiesce de la tête, je prends donc une chaise pour m'assoir et débute mon récit.

-Mon père est parti il y a six mois maintenant et quand il est parti j'ai déraillé complet. Tu sais pas ce que c'est d'avoir un père qui veut toujours que tu sois la perfection incarnée. Jamais ne commettre d'erreurs, être forte en tout circonstance. Là où j'excellais c'était dans la maîtrise de mes émotions. Je ne montrais jamais mes sentiments pour qu'il ne voit pas que je suis faible. Il a toujours préféré mon frère et depuis qu'on est petits, il a instauré une compétitivité entre nous. Tu te rends compte ? Ca malade me faisait haïr mon frère juste parce qu'il recevait plus d'amour que moi. J'étais la meilleure en tout, sport, école, tout tout tout. Malgré ça, ça ne lui suffisait jamais. Hein papa t'étais un éternel insatisfait ! Je me suis cachée toute ma vie derrière la petite fille modèle qui frôle la perfection seulement cette fillette elle cherchait que de l'amour. Pendant des années j'ai espéré qu'il me remarque. Pendant des années, je voulais qu'il m'aime et qu'il soit fière de moi. C'est minable je sais mais maintenant qu'il est parti je suis encore plus en miettes. J'ère comme une âme en peine sans but ni objectif. J'ai les cheveux roses et des habits extravagants pour attirer sa putain d'attention. Même si j'ai aucune idée d'où il se trouve, je veux qu'il me voit, qu'il me remarque. Toute ma vie j'ai attendu son approbation et même encore aujourd'hui. Je l'appelle tous les jours et fais les plus grosses conneries du monde en espérant qu'il me remarque. J'en suis même réduite à obéir à une ordure pour ne pas qu'elle dévoile toutes les choses que j'ai faite et donc je suis loin d'être fière. Alors si je deal c'est pas pour avoir une réduction sur ma propre conso mais c'est juste pour tenter de sauver le peu d'estime que les gens ont encore de moi. L'image que je renvoie, que je te renvoie.

Chaque mot, Matteo l'écoute avec attention. Je n'ai jamais raconté ça de ma vie à personne. Il est l'unique personne à savoir ça. Il me prend dans ses bras et me serre fort. Il n'a pas de besoin de parler que je me sens rassurée. C'est vraiment bête à dire mais dans ses bras j'ai l'impression que je suis à l'abris de tout.

-Il sait pas ce qu'il rate. T'as tout pour toi Alexa et il est con de pas s'en rendre compte, moi en tout cas je m'en rends compte. Me dit-il en me regardant dans les yeux.

Nos visages sont si proches que je sens son souffle. Il approche son visage et m'embrasse langoureusement. J'ai jamais ressenti ça de ma vie. Tout mon corps est en feu et quand il m'attire à lui je ressens une énorme décharge électrique. Nos baisers s'intensifient et il commence à m'embrasser dans le cou. Il revient à mes lèvres et demande l'accès à ma bouche que je lui autorise. Je passe mes mains dans ses cheveux bruns et je jurerai avoir entendu un gémissent de sa part puis d'un coup, il se sépare de moi. Mon corps ressent directement le manque. Je ne suis pas une spécialiste de l'amour mais là c'est plutôt mauvais signe.

-On peut pas faire ça Alexa. Me dit-il simplement. Suis pas un mec pour toi.

-Et qu'est-ce t'en sais du mec qu'il me faut toi ?

-La preuve, t'as faillit te faire violer et je t'ai même pas envoyé un pauvre message pour savoir si t'allais bien. Suis pas un mec bien du tout.

-Fais pas ça Matteo, me repousse pas. Fais pas comme tout le monde, s'il te plaît. Le suppliais-je avec tristesse.

-T'es forte Alexa, tu t'en remettras. Me répond il sans émotion.»

Je ne prends même pas la peine de répondre. C'est quoi ça ? Je lui dévoile une partie de ma vie et quand je sens qu'on est plus proches que jamais, il me laisse sur le banc. Et d'ailleurs c'est quoi cette excuse pourrie. Suis pas un mec pour toi, c'est ridicule. Ça n'a absolument aucun sens et il n'y a qu'une autre possibilité possible. Il me cache quelque chose et je vais tout faire pour découvrir ce que c'est.

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