Second Letter

820 86 7
                                    

Lily avait été à la fois déçue et soulagée de ne pas recevoir de nouvelles de son double. Elle avait fini par considérer qu'il s'agissait d'une occurrence qui ne se reproduirait pas. Elle avait imaginé qu'une seconde lettre finirait par arriver pour lui en révéler un peu plus sur son futur ou pour lui concocter une nouvelle journée balisée d'étapes. N'importe quoi qui viendrait briser la monotonie de son été. Elle avait fini par se faire une raison lorsqu'une seconde lettre arriva la veille de la rentrée. Pas de scoop sur son futur dans celle-ci. Pas de chasse au trésor non plus.

Lorsque la chouette aux plumes blanches mouchetées de noir s'était posée sur le rebord de sa fenêtre, il était déjà tard. Elle avait passé une journée bien peu productive à lézarder sur le canapé du salon sans avancer dans ses lectures estivales. Elle avait attendu la dernière minute pour commencer à faire sa valise et le rapace du frapper du bec à la vitre pour attirer son attention. Elle s'était précipitée pour lui ouvrir et s'était excusée de n'avoir rien pour lui si ce n'est de la citronnade et quelques pistaches qui gisaient sur sa table de nuit. L'oiseau secoua ses plumes, mécontent, avant de s'éloigner à tire-d'aile. Elle retourna s'assoir en tailleur et l'ouvrit avec une impatience mal dissimulée, sans se soucier de la brise fraîche qui s'engouffrait par la fenêtre qu'elle avait laissée ouverte. Ce n'était pas ce qu'elle avait espéré. C'était bien mieux. C'était ce dont elle avait eu besoin.

Elle avait passé la journée et une grande partie de son été à s'inquiéter de la rentrée. Ce n'était en rien comparable à la nervosité qu'elle avait ressenti par le passé. Il s'agissait de peurs bien trop concrètes pour être écartées. À côté de qui s'assiérait-elle en cours ? Avec qui déjeunerait-elle, matin, midi et soir ? Elle savait que les filles avec qui elle partageait son dortoir n'étaient pas méchantes - pour la plupart - mais elles n'étaient pas pour autant amies. Aussi étrange que cela puisse paraître, grandir ensemble ne faisait pas vous des amis. Connaître chaque détail de la vie de quelqu'un ne faisait pas de vous des amis. Elle ne se voyait pas du jour au lendemain passer tout son temps avec elles. Ç'aurait été les utiliser car, si elle ne s'était pas disputée le dernier jour de sa cinquième année avec Severus, elle ne serait pas allée vers elles. Elle ne voulait pas d'une amitié par dépit. Autant rester seule.

Ça ne l'empêchait pas pour autant de se morfondre. D'imaginer un passé où elle n'aurait pas fait les mêmes choix. Elle se souvenait qu'en première année, la douce Mary Macdonald avait tenté de nouer des liens avec elle mais Severus n'aimait pas particulièrement celle-ci et Lily n'avait pas voulu lui imposer sa présence. Elle avait bien tenté de jongler entre les deux mais ça avait été un échec et elles avaient fini par s'éloigner ou plutôt par ne jamais se rapprocher. Aujourd'hui Mary appartenait à un duo soudé dont la leader, Hestia Jones, lui était hostile. Elle avait toujours l'impression de les déranger. Elle était littéralement la cinquième roue du carrosse. Il lui arrivait de rester tard dans la salle d'étude pour ne pas les entendre chuchoter pour qu'elle n'entende pas leur conversation, tout en lui lançant des regards pour s'assurer que rien de ce qu'elles disaient ne parvenait à ses oreilles. Lily aurait voulu leur dire qu'elle se fichait pas mal de leur conversation. Qu'elle n'avait personne à qui le répéter. Que ça n'intéressait personne. Mais elle se contentait de se plonger dans la lecture de son livre et de les ignorer.

La lettre ne les mentionnait pas. Elle évoquait néanmoins trois autres Gryffondors. Sa version future commençait par Alice Fortescue. La lettre soulignait avec justesse que la Gryffondor était une solitaire et que ça ne semblait en aucun cas la déranger. Il lui arrivait de s'assoir de manière aléatoire à coté de Frank Longbottom ou encore de Dorcas Meadowes en cours ou aux repas mais elle n'était pas à proprement parler "avec" eux. Ce n'était qu'une question de places libres. Son homonyme lui conseillait de prendre exemple sur Alice et de tout simplement s'assoir là où il avait de la place. Elle aimait cette idée.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant