Fifth Letter

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Lily n'avait pas eu l'occasion de recroiser Marlène et Emmeline de la semaine. Elle n'avait pas non plus passé beaucoup de temps avec Dorcas. Cela s'expliquait notamment par le fait qu'elle avait été accepté dans la plupart des cours avancés grâce à ses notes de BUSES. Elle savait que sa camarade Gryffondor était plus concentrée sur le Quidditch et que cela se faisait souvent ressentir dans ses notes. Les professeurs ne s'en inquiétaient pas particulièrement puisqu'elle excellait dans son domaine et elle avait même entendu Slughorn lui prédire un avenir brillant dans l'équipe des Harpies de Holyhead. Le soir, elle avait beaucoup de travail. Comptabilisant les points gagnés et perdus par les élèves, transmettant la liste des personnes ayant été sanctionné par des heures de colle. Organisant les rondes, participant à certaines d'elles en cas d'empêchement. Lorsqu'elle finissait par descendre manger, la Grande Salle était bien souvent déjà vide. Le jeudi, elle avait même raté le dîner. Son ventre avait gargouillé jusqu'au matin et elle s'était notée de s'acheter des snacks à Pré-au-lard pour ne plus subir cette torture.

Ce n'était pas vraiment une solution. D'ailleurs la solution se trouvait dans la chambre opposée à la sienne. Il aurait suffi qu'elle ouvre sa porte, descende les escaliers qui donnaient sur la salle commune, traverse cette dernière, gravisse les escaliers à l'opposé des siens, et frappe à la porte de sa chambre. La suite était beaucoup moins aisée que le trajet puisqu'elle impliquait un dialogue avec un garçon qu'elle évitait comme la peste. Admettre qu'elle avait besoin de lui la révoltait. Elle commençait néanmoins à comprendre pourquoi il y avait deux préfets en chef. Si elle continuait à ce rythme et bien... disons qu'elle ne continuerait pas longtemps, c'était certain.

La jolie rousse n'arrivait néanmoins pas à se décider. Elle sentait qu'elle avait encore des réserves. Et surtout elle se sentait soutenue. Par elle-même certes, mais toute aide était la bienvenue à ce stade. Ainsi le vendredi matin, elle avait reçu la cinquième lettre qui lui avait indiqué un moyen de remédier à ses sauts involontaires de repas. Le soir même, après une réunion tardive et le compte rendu de celle-ci à rédiger, elle avait suivi le plan ainsi que les indications, découvrant avec émerveillement les cuisines de Poudlard. Les elfes de maison avaient été des anges. Elle n'avait pas voulu les déranger plus que ça, ayant suffisamment l'impression d'envahir un espace où elle n'aurait pas dû être. Elle leur avait donc juste demandé des indications pour trouver de quoi se préparer à manger. Elle était loin d'égaler leur talent pour ce qui était de cuisiner mais elle se débrouillait plus ou moins. Elle s'était assise à la table qui se trouvait au centre de la pièce. Elle avait réussi à convaincre certains d'eux de la rejoindre, la plus grande majorité refusa pour un motif qui l'attrista quelque peu.

Elle adorait le monde magique mais elle ne pouvait accepter le fait que des créatures vivantes soient exploitées. Ce n'était ni plus ni moins que de l'esclavagisme. Ils se sentaient inférieurs à elle. Ils ne pouvaient, d'après eux, pas manger à la table d'une sorcière. Ils ne méritaient pas "l'honneur", pour reprendre leur mot, de goûter à son plat. Elle aurait voulu les aider mais elle n'avait aucun pouvoir, aucune influence. Elle était une née moldue. Aux yeux des dirigeants du monde sorcier, elle aurait dû s'estimer heureuse d'être acceptée parmi eux. D'ailleurs, l'un des partis politiques montant, soutenu par un certain mage noir, ses sbires et une très grande partie des sangs purs, affirmait qu'elle devrait être traitée comme les elfes. Elle frissonna à cette idée. Elle préférait ne pas penser à ce qui se passait à l'extérieur des murs de l'école. Ici elle était en sécurité. Dumbledore ne laisserait rien leur arriver.

L'arrivée impromptu d'un groupe de trois garçons la tira de ses pensées. C'était rare de les voir sans lui. Sirius marchait en tête et sembla étrangement troublé par sa présence. Remus lui fit un signe de la main, et Peter tira doucement sur le bras de Sirius comme s'il avait voulu faire demi-tour. Le garçon l'ignora, dégageant son bras et venant s'installer à la table après avoir recouvert son éternelle expression d'amusement narquois. Remus soupira et prit place à côté d'elle, n'essayant même pas de contrarier les plans de son ami, quels qu'ils soient. Peter n'avait pas voulu rester en reste et se précipita à leur suite. C'était presque contre nature de les voir sans Potter. Son absence était vibrante. Incapable à ignorer.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant