Twenty-Eighth Letter

666 78 25
                                    

Lily avait essayé de se changer les idées. D'oublier ce qui s'était passé. Toute la mauvaise foi du monde n'avait pas rendu cela plus aisé. Elle avait cette impression constante de faire semblant. De n'être qu'une imposteure. Une menteuse. Sans compter qu'elle n'était pas une experte dans le domaine. C'était une chose de dissimuler une petite vérité mais pour ce qui était de Potter, elle avait l'impression d'être la mascotte d'une boutique avec un costume ostentatoire et une pancarte sur laquelle était inscrit son sale petit secret en lettres de sang. À ce stade, elle était certaine qu'Alice était au courant et qu'elle avait tout répété à Dorcas qui n'avait pas manqué de le répéter à Marlène qui avait à son tour informé Emmeline. Un minimum de rationalité s'invita dans ses théories complotistes. Alice n'était pas du genre à répéter quoi que ce soit à qui que ce soit. Elle n'était pas non plus du genre à tourner autour du pot. Si elle avait eu le moindre doute, elle lui en aurait parlé à elle en premier. Elle s'en voulut de ne pas avoir réfléchi ainsi dès le début. Elle devait apprendre à faire confiance. À ne pas envisager le pire au moindre obstacle. Ce n'était sain pour personne. Tout garder enfoui en elle n'était pas sain non plus mais ça c'était une autre histoire. Le seul point positif était que Potter semblait vouloir enfouir cette histoire tout autant qu'elle. Il n'avait pas tenté d'aborder le sujet. Il n'avait rien tenté tout court. Conservant une sorte de distance de sécurité. Il n'arrivait plus en avance aux réunions des préfets et ne restait jamais après celles-ci. Il n'utilisait plus du tout la grande table de leur salle commune pour travailler, débarrasse enfin celle-ci de la maquette de terrain de Quidditch qui servait à organiser ses tactiques de jeu. Elle avait eu l'impression qu'il s'était mis à passer plus souvent la nuit dans sa chambre individuelle de préfet depuis leur "réconciliation" mais elle se trompait peut-être. Toujours est-il qu'il ne le faisait plus du tout depuis "cette nuit-là". Sa porte était toujours ouverte comme un rappel constant qu'il n'était plus là.

– Je crois que Potter se tape quelqu'un, lâcha Dorcas en poussant du pied Alice puisque l'info semblait lui être destinée.

– Je crois aussi, intervint Emmeline en sirotant la tisane assise en tailleur près de la cheminée, abandonnant la contemplation des flammes pour se tourner vers elles.

– Tu veux dire que ce n'est pas toi, s'étonna Marlène qui avait abandonné sa grâce légendaire pour s'emmitoufler dans un plaid.

– Bien sûr que c'est pas moi, rétorqua Emmeline. J'ai arrêté de me le taper dès que j'ai commencé à trainer avec Alice, ajouta-t-elle, donnant envie à Lily de se creuser une tombe pour s'y enterrer avec sa culpabilité.

– Tu fais ce que tu veux. On est plus ensemble. Ça me concerne plus, ajouta Alice en haussant les épaules même si le fait qu'elle est fait plus d'une phrase pour répondre rende le tout moins crédible.

– C'est ça, répondit Marlène en levant les yeux au ciel. Je sais pas qui ment le plus mal. Emmeline ou toi. Tu vas me faire croire que par respect pour Alice tu te tapes plus Potter ?

– Par respect et aussi parce qu'il n'est plus intéressé, ajouta Emmeline avec une moue ennuyée. C'est pour ça que je pense qu'il se tape quelqu'un d'autre.

– Ou alors il ne voit personne, intervint Lily sans grandes convictions, s'attirant quatre paires d'yeux incrédules. Quoi ? balbutia-t-elle.

– Tu sais qui c'est ? demanda Marlène à Dorcas, ignorant sa question ainsi que lorsqu'elle répéta "quoi ?", "expliquez-moi ?" et "qu'est-ce que j'ai dit ?".

– Non, je sais juste qu'il a largué Emmeline, Hestia et Suzanne.

– Je le savais ! s'exclama Emmeline. Je savais qu'il se tapait Suzanne ! Je te l'avais dit ! dit-elle à Marlène qui fronça les sourcils. Et je me suis pas fait larguer ! ajouta-t-elle d'un ton menaçant à Dorcas. On était pas ensemble.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant