Fourteenth Letter

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Le lendemain matin, elle se réveilla seule dans son lit. Elle ne put s'empêcher de sourire, amusée, plaisantant intérieurement sur le fait que ça devenait décidément une habitude de l'abandonner au matin. Remus, contrairement à Amos, lui avait laissé un mot sur lequel était simplement noté un "merci". Elle aimait décidément leur dynamique. Elle se demandait s'il serait là pour elle le jour où elle en aurait besoin. Son cœur lui assurait que oui. Son cerveau préférait quant à lui l'option "ne pas se retrouver dans une situation pareille, ni maintenant ni jamais". Elle s'habilla rapidement, décidant d'enfiler la tenue choisie par Marlène pour elle la veille. Elle ébouriffa ses cheveux, ayant définitivement renoncé à les dompter après un quart d'heure d'essais infructueux. Comme chaque dimanche, les couloirs avaient été déserté, la plupart des élèves encore profondément endormis, entamant tout juste leur grasse matinée. Elle croisa ses mains dans son dos, la tête baissée, concentrée sur la tâche de ne toucher aucune des lignes définissant les contours des dalles de pierre sous ses pieds. Elle fredonnait doucement une ballade d'un chanteur des années quarante que sa mère affectionnait. Elle abandonna la pierre pour l'herbe, suivant les indications de la lettre et marchant vers le lac, le vent finissant de la décoiffer même si elle avait fourni la plus grosse partie du travail. Elle s'aventura un peu plus loin que d'habitude, longeant les rives du lac comme le lui avait demandé l'autre Lily. Petit à petit, le chemin de terre qui avaient été dessiné par les nombreuses allées et venues des élèves disparaissait, devenant une fine ligne entre la végétation de plus en plus foisonnante. Elle ne lança pourtant aucun regard en arrière, suivant aveuglément, parfaitement en confiance. Elle ne le regretta pas.

Elle émergea des hautes herbes, se retrouvant sur une sorte de minuscule plage, secrète, sablonneuse. Sur celle-ci était disposée une table en fer forgé vert et une chaise. Lily s'installa et devant elle apparut un festin qui n'avait de petit déjeuner que le nom. Elle attrapa un macaron, glissant la délicieuse pâtisserie entre ses lèvres, poussant un soupire de plaisir indécent mais justifié. La vue était à couper le souffle. Le lac étincelait, le soleil au rendez-vous s'assurant de cela. Le château s'élevait au bout de celui-ci, se découpant dans le ciel bleu déserté de tous nuages. Sa prochaine bouchée fut pour le croissant, la suivante pour une fraise qu'elle trempa dans le chocolat fondu encore chaud. Elle avait l'impression de rêver. Chacun de ses sens stimulés. Encore une fois un soupire échappa de ses lèvres alors qu'elle s'appuyait contre le dossier de la chaise, parfaitement repue. Le festin disparu, laissant place à une carte qu'elle fixa un instant, mordillant l'ongle de son pouce, pensive, avant de finalement l'attraper avec impatience. Elle fut presque déçue en lisant sa prochaine destination et écarta presque la théorie qui avait trotté quelques secondes plus tôt dans son esprit.

Elle s'exécuta néanmoins, abandonnant le petit coin de paradis pour se rendre à Près-au-lard, poussant la porte de la minuscule librairie, ignorant le panneau "fermé" comme le lui avait demandé sa version future. Elle n'avait jamais eu le temps de visiter celle-ci par le passé et au vu des rayons vides et peu diversifiés, elle n'était pas certaine que ce fût une très grande perte. Elle éternua plusieurs fois brisant le silence et la paix des particules de poussière en suspension dans l'air. Elle n'était plus aussi confiante que précédemment, ayant l'impression de faire quelque chose d'illégal. La porte était déverrouillée, ce n'est pas comme si tu étais entrée par effraction Lily, se chuchota-t-elle à elle-même. Mais c'était écrit "fermé", ajouta-t-elle, manquant de faire demi-tour sur-le-champs si son attention n'avait pas été capturé par un livre qu'elle reconnut aisément puisqu'il s'agissait de celui qu'elle avait emprunté le dimanche précédent à la bibliothèque. Pourtant au lieu de l'attendre sagement dans sa chambre, il trônait au beau milieu de la boutique, en suspension dans l'air. Ce n'était peut-être pas le même livre. Mais oui bien sûr Lily, ironisa-t-elle, c'est bien connu qu'on peut trouver des livres moldus à foison en vente dans le monde sorcier. Elle avança donc vers le recueil de contes du Moyen Orient, reconnaissant aisément le chapitre puisqu'il s'agissait de l'une de ses histoires favorites : La lampe merveilleuse, également connu sous le nom d'Aladdin.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant