Twenty-Sixth Letter

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Lily n'avait pas eu besoin de qui que ce soit pour comprendre que ce qu'elle avait fait avait été stupide. Elle aurait pourtant bien eu besoin de quelqu'un pour lui dire comment arranger la situation. Le problème étant qu'elle ne pouvait en parler à personne. Elle aurait voulu demander conseil à Dorcas qui connaissait si bien le garçon. Elle aurait aimé entendre Alice dire qu'il s'était quand même comporté comme un connard et la faire se sentir mieux même si son avis n'était pas objectif. Elle se prit à regretter bien plus à mesure que le temps passait. Après quelques jours éprouvant à le voir l'éviter et l'ignorer consciencieusement, elle s'était rendue compte qu'elle lui avait fait subir ce traitement pendant plus d'un mois. Se remettre en question n'était pas une chose qu'elle avait l'habitude de faire. Elle s'arrangeait généralement pour ne pas avoir de regrets et ne pas risquer les remords. Cette zone de confort était l'écran qui préservait l'illusion de sa perfection. C'était facile de ne pas commettre d'erreurs lorsqu'on se contentait d'exister plutôt que de vivre. En se laissant guider par un sentiment aussi irrationnel que la peur, elle avait fait s'envoler en éclat des années d'indifférence étudiées. Elle se retrouvait à rejouer dans son esprit leur altercation, certaines phrases raisonnant plus fort que d'autres. La question "qu'est-ce que ça peut te foutre ?" se répercutant sans rencontrer le moindre début de réponse. Elle avait fini par écrire une lettre à son correspondant mystère, n'abordant pas le sujet Potter mais lui avouant qu'elle avait fait quelque chose qu'elle regrettait. Qu'elle ne pouvait pas en parler plus en détails. Elle avait fait plus d'aller-retour à la volière qu'elle ne pouvait les compter, sans succès puisque la chouette qui leur permettait de converser était introuvable et sans le nom du sorcier, elle ne pouvait en utiliser une autre. Elle ne pouvait qu'espérer et attendre qu'il lui écrive. Son impatience eut raison de ses résolutions. Elle ne pouvait pas continuer à se sentir aussi mal. Elle devait essayer d'arranger la situation pour ne plus y penser à chaque heure de la journée et de la nuit. L'occasion se présenta le samedi suivant.

Elle s'était laissé tenter par Emmeline qui voulait aller faire un tour à Près-au-Lard. La jeune Serpentard ne l'avouerait probablement jamais mais la nouvelle relation de Marlène et Dorcas avait modifié la dynamique entre elles. Lily ressentait la même chose par moments avec Dorcas, bien que ça ne fût pas vraiment comparable. Emmeline et Marlène étaient amies depuis le jardin d'enfant. Elles avaient "ce genre de photos d'enfance" avec les mêmes petites robes d'été assorties. C'était toujours compliqué d'être heureux pour quelqu'un lorsque l'on se retrouvait à perdre quelque chose. Emmeline ne semblait pas amère mais Lily sentait qu'un combat intérieur avait lieu en elle, opposant son amour pour Marlène et sa possessivité. Ce n'était pas de la jalousie, loin de là. Emmeline n'avait aucune envie de se trouver quelqu'un, appréciant son statut de célibataire sans attaches. Elle n'avait pas besoin de quelqu'un pour combler le vide laissé par Marlène. Elle avait besoin de Marlène, tout simplement. Lily n'était définitivement pas à la hauteur de ses attentes mais c'était mieux que rien. Peut-être un peu mieux que rien même puisqu'elle ne semblait pas trouver sa compagnie désagréable et la recherchait même lorsque Marlène était disponible, l'incluant spontanément dans leur plan. Emmeline s'était arrêtée dans une boutique de divination pour récupérer un nouveau deck de tarot après qu'Avery ait trouvé malin de jouer avec le sien. Lily évoluait tranquillement au milieu des allées de pierres de runes, bougies colorées et autres herbes. L'atmosphère dans ces boutiques ésotériques était toujours apaisante et stimulante. Elle était tellement concentrée pour ne rien toucher qu'elle bousculât par mégarde Remus.

– Bonjour Lily, la salua le doux garçon.

– Bonjour, répondit-elle, les balles de la culpabilité criblant son cœur.

– T'as l'air fatiguée, lui fit-il remarquer d'un ton soucieux.

– Je ne dors pas très bien ces derniers temps, admit-elle en détournant le regard, incapable de ne pas se dire qu'elle ne méritait pas son inquiétude. Ça va passer.

Deer LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant