Chapitre 2

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" Et plus fragiles sont-ils que ne l'est la vie"

Il y avait une chose à savoir à propos du caporal-chef Livaï : celui-ci dormait peu. Plus précisément, il ne dormait que d'une à quatre heures par nuit, de plus, jamais dans un lit, non c'était trop banal pour un si grand homme. Livaï dormait, ou plutôt s'assoupissait, sur sa chaise avec ses vêtements sans jamais ne serais-ce que de passer un pyjama.

Hanji ne lui avait pas posé de questions lorsqu'elle était venue inspecter sa blessure bien que la chambre du soldat fut dans un désordre monstre et que les meubles, excepté son lit, furent ravagés. Elle lui apprit cependant la mauvaise nouvelle :

- Tu as besoin de repos. Je t'interdis de combat jusqu'à nouvel ordre.
- Tss, pesta Livaï.

Tout ça à cause de cette stupide Ackerman. Elle n'en faisait vraiment qu'à sa tête lors de leur combat contre le titan féminin et ça avait le don particulier de l'agacer au plus haut point.

Sa blessure le contraignait encore plus que la petite amie d'Eren. Il y a quelques heures, ils pensaient avoir découvert qui était le titan féminin, l'assassin de son escouade, dans la personne d'Annie Leonhart et Livaï ne pourrait donc pas prendre part au combat contre elle.

- Je te fais ramener de nouveaux meubles, avait dit Hanji sachant pertinemment que Livaï ne supporterait pas de rester dans un désordre monstre.

Et c'est comme ça qu'il avait pu apaiser son esprit deux heures sur la chaise, loin de toutes ses pensées morbides qui le ramenaient forcément vers Isabel, Furlan, son escouade et toutes les autres pauvres victimes mais aussi leur famille.

Il s'éveilla donc, en sueur, suite à des cauchemars troublants mais surtout réalistes, qui le perturbèrent un moment. Lorsqu'il comprit qu'il était réveillé il releva la tête qui reposait auparavant sur son nouveau bureau et attrapa la tasse de thé qu'Hanji lui avait ramené plus tôt dans la journée.

Elle était froide désormais mais Livaï s'en moquait et il but goulûment le contenu d'une seule traite. Il allait se mettre à la rédaction de son rapport quand une faible lumière au-dehors, qu'il aperçu par la seule fenêtre de la pièce face au bureau, maintint son attention.

Qui était assez con pour se promener à l'extérieur dans la nuit noire à trois heures du matin d'autant plus quand on soupçonnait des traîtres dans les rangs de l'armée.

Ou plutôt qui était assez conne ?

- Encore cette gamine insupportable, soupira-t-il pour lui même, à quoi elle joue, bon sang ?

Il observa Mikasa Ackerman sur le terrain d'entraînement extérieur. Son visage pâle contrastant étrangement dans la nuit complète grâce à la faible lueur orangé que la bougie qu'elle tenait à la main lui procurait.

Livaï décala son bureau de la fenêtre et vint se poster face à cette dernière. Il assit ses fesses sur le bois rugueux et croisa les bras sur son torse observant la jeune recrue.

Mikasa posa la bougie au sol et son corps s'anima. Elle bougeait, frappait, voltigeait autour d'un ennemi imaginaire qu'elle seule pouvait voir. De là où il était Livaï pouvait nettement voir le front de la soldate s'imprégnait de sa sueur au fil de ses efforts. Il la jugeait.

Trop lente.

Mal coordonnée.

Geste inutile.

Mais il comprit bien vite que Mikasa ne s'entraînait pas pour perfectionner ses mouvements mais pour se défouler, se décharger de la haine et de la colère qu'elle ressentait, qui menaçait de la consumer comme lorsque Livaï avait détruit sa propre chambre.

Running Up That Hill - RivamikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant