Chapitre 24

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"Les ombres qui avancent dans la pénombre sont toutes troublées. L'avenir, incertain, a toujours fleuri sur une fine couche de glace.
Chaque fois que la nuit tombait, nos cous étaient doucement caressés par des mains glacées."

*

Mourir.

Mourir était une affreuse mais aussi une séduisante tentation.
Lorsque l'on était mort on ne ressentait rien, n'est-ce pas ?
Tous les souvenirs que l'on avait, tous les sentiments que l'on ressentait, ces choses qui la faisait souffrir...
Plus rien n'existerait.
Les souvenirs s'effaceraient.
Les sentiments disparaîtraient.
La paix dans son cœur et dans son âme serait, alors, peut-être présente...

Si seulement elle aussi avait pu mourir avec ses parents...
Poignardé comme son père.
Décapitée comme sa mère.
Étaient-ils heureux à présent ?
Pouvaient-ils la voir ?
Étaient-ils fièrs d'elle ?

La tristesse.
La haine.
La peur.
Ses sentiments existaient-ils lorsque l'on était mort ?

Si elle avait été sûre que rien ne pouvait plus la faire souffrir dans l'au delà, irait-elle jusqu'au bout ?
Passerait-elle le bout du miroir qu'elle venait de briser et qu'elle tenait entre ses doigts sur les veines colorées de son poignet pâle ?

Elle savait qu'elle était faible.
Elle savait que lorsqu'Eren l'avait sauvé cela n'avait été qu'un sursis.
Lui en voulait-elle, au fond, de l'avoir fait ?
Peut-être.

S'il n'avait pas été là, elle n'aurait pas eu à connaître Carla et Grisha Jager.
Elle n'aurait pas eu à souffrir de leur mort tragique et de leur absence.
Elle ne se serait pas engagé dans le bataillon d'exploration.
Elle n'aurait pas eu, alors, à redouter la mort de camarade pendant chaque seconde, ni à découvrir le terrible secret de son père adoptif concernant les Mahrs et les Eldiens.

Mais elle n'aurait pas rencontré Eren.
Ni Armin.
Ni Sasha.
Ni Jean.
Ni Conny.
Ni Hanji.
Ni lui.

Livaï.

- Mikasa ! interpella Sasha en entrant en fracas dans la pièce puis en marquant un arrêt, qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?

La chambre où Mikasa couchait était sens dessus dessous. Le miroir qui ornait généralement la porte était brisé en milles morceaux sur le sol et une Mikasa, a l'air grave, tenait entre sa main, écorchée à vif, un bout assez conséquent et tranchant.

- Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ? s'alarma Sasha d'une voix étrangement calme.
- Rien, répondit Mikasa franchement. Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle en relevant ses yeux sombres sur son amie.
- Le caporal-chef Livaï est de retour.

Son cœur sembla se déchirer un peu plus dans sa poitrine.
Pouvait-on survivre à ça ?
Apparemment oui puisque déjà elle se relevait et dépassait Sasha pour rejoindre la salle de réunion.

L'asiatique ne prit pas la peine de frapper avant d'entrer. Elle envoya valser la porte d'un coup sec pour se retrouver devant les derniers membres du Bataillon d'Exploration : Hanji, Armin, Jean, Conny, Floch, Sasha qui venait de les rejoindre, et Livaï.

Elle serra les poings en voyant qu'il en manquait toujours un à l'appel.

- Tu ne l'as toujours pas ramené avec toi ? lança-t-elle, plus sèchement qu'elle ne le souhaitait.
- Mikasa... soupira Hanji.
- Tu saignes, répondit Livaï en pointant son index inutilement dans la direction de la main de Mikasa.
- Tu avais dit que tu le ramènerais cette fois... murmura-t-elle, tu avais dit que tu avais une piste... Mais il n'est pas là ! dit-elle en haussant la voix, il n'est toujours pas là ! Je ne le vois nul part !

Running Up That Hill - RivamikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant