Assis autour d'un feu, ils étaient une petite quinzaine à manger en silence.
Chacun fixait les flammes, perdu dans ses pensées, à imaginer la guerre à venir.
L'ambiance était lourde.
Comme autour de chacun des feux qui avaient été allumés. La moitié des hommes étaient partis se coucher, histoire de gagner quelques heures de sommeil, espérant que cela fasse la différence.
Mais l'autre moitié n'y arrivait pas. Comment dormir quand on sait qu'on va mourir ?
Soudain, un peu plus loin, un chant commença à s'élever. Pas une chanson joyeuse, comme celles auxquelles était habitué Merry, non, mais quelque chose de profond.
Quelque chose qui correspondait parfaitement à la situation.
Les voix des hommes s'unirent, les unes après les autres, entachant la nuit de leur mélancolie.
Naé regarda autour d'elle. Eomer et sa sœur avaient joint leurs voix à celles des autres, et elle se sentit minuscule face à cette soudaine cohésion de plusieurs centaines d'hommes.
Ils se donnaient du courage, non seulement à eux même, mais à tous ceux qui les entouraient. Une petite flamme vint s'allumer dans son cœur, et elle sentit ses yeux s'embuer. Elle était restée aveugle à la beauté du monde pendant tellement longtemps.
Cloîtrée dans ses idées, dans ses principes, jamais, en 3000 ans d'existence, elle n'avait prit la peine de s'ouvrir au-delà de ce qu'elle connaissait, et voilà que cela lui enserrait le cœur.
Le bruit des braises ponctuait le chant qui s'élevait, tandis qu'elle but une gorgée de ... elle ne savait toujours pas quoi d'ailleurs. Juste que cela lui brûlait les lèvres quand elle buvait.
Elle releva la tête, et découvrit Legolas, face à elle, qui semblait fermé. La lumière du feu dansait sur son visage, et se reflétait dans ses yeux bleus.
Jamais elle ne l'avait trouvé aussi beau, et pourtant...
Il releva lui aussi les yeux, et ils se fixèrent, pendant un instant qui s'étira, et s'étira encore. Plusieurs minutes sans doute.
Aucun ne semblait vouloir se détourner, comme captivés par la vision qui leur était offerte. Naé prit ces images, comme si c'étaient les plus belles qui lui avaient été donné de voir, comme celles qu'elle emporterait avec elle sur le champ de bataille.
Et soudain, alors que la chanson s'élevait encore, le jeune prince se leva, et s'éloigna vers la foret qui les bordait, puis s'enfonça dedans sans un regard en arrière.
L'elleth se mordit la lèvre, puis ferma les yeux, se remémorant son visage, laissant une larme rouler le long de sa joue. Pas une larme de tristesse, non. Ni une larme de joie. Une larme d'elle ne savait pas quoi. De délivrance ? De courage ? De beauté ? Un peu de tout ça à la fois. Quand elle rouvrit les yeux, elle vit qu'Aragorn la fixait, et il mit sa main sur son cœur, puis la laissa aller vers elle. Elle fut touchée par ce geste, qu'elle ne l'avait jamais vu faire.
Elle l'imita en remerciements, puis alors qu'elle regardait dans la direction que l'elfe avait prise, espérant qu'il ne revienne, Eowyn vint s'asseoir à ses cotés.
-Est-ce que ça va ?
L'elleth la regarda, et sourit, marquant un long silence.
-Difficile de répondre sincèrement pas vrai ?
-Mon oncle veut que je prenne sa place auprès de mon peuple en son absence, continua la jeune femme.
-Une bien noble tâche, dont vous êtes parfaitement capable, ... puis, en la regardant, elle vit de la tristesse et de la colère dans ses yeux, si vous en avez envie.
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Un Peuple Oublié.
FanfictionAlors que la communauté de l'anneau s'apprête à partir assumer sa quête, un nouveau personnage se joint à eux. Un esprit féminin et rieur, qui n'a pourtant pas vraiment bonne réputation ... Le bonheur des uns, le malheur des autres, que va-t-elle vr...