Chapitre 29 _ Courrez à la ruine, & à la fin du monde

1.9K 139 4
                                    


Après deux jours d'un galop épuisant, Naé avait fichtrement mal aux fesses.

Mais comme tout ceux qui l'accompagnaient, elle ne se plaignait pas.

Enfait, elle n'avait pas dit un mot depuis deux jours. Ni quand elle était secouée sur son cheval.

Ni pendant les très courtes pauses que s'accordaient les hommes pour dormir un peu. Elle était restée solitaire, et ne se mélangeait pas aux autres.

Elle écoutait de loin les maigres conversations quand il y en avait, mais se retenait bien d'y participer.

Elle était fatiguée. Émotionnellement.

Quand arrêterait-elle de perdre les gens qu'elle apprenait à aimer ?

Le départ de ses compagnons avait été aussi brutal qu'inattendu. Après avoir passé autant de temps avec eux, chaque jour, elle se sentait seule. Seule et abandonnée.

Elle avait du mal à comprendre les raisons qui les avaient poussé à partir ainsi, comme des voleurs, sans rien en dire à personne, et même pas à elle.

Mais elle espérait qu'elles devaient être sacrement costaudes.

Elle ne les reverrait certainement jamais pour leur demander, de toute façon. Si elle ne mourrait pas dans cette bataille à venir, surement seraient-ce eux qui trouveraient la mort.

Elle ne leur en voulait pas, et pourtant, elle essayait de faire son deuil. Lentement. Et elle savait que ce n'était que le début.

L'elfe lui manquait terriblement. Elle avait l'impression qu'on avait déchiré une partie de son âme.

Et pourtant, c'était comme si elle pouvait sentir qu'il était toujours vivant. Qu'il allait bien. Elle ne savait pas comment l'expliquer, mais elle le savait. Elle le sentait, voila tout.

Elle connaissait les paysages qu'ils traversaient. Plusieurs fois elle s'était rendue à la cité Blanche, mais jamais en pensant y mourir. Cela rendait bien sur tout, ... plus puissant. Plus beau. Plus lent.

Alors qu'elle se savait encore bien loin de la cité, elle commença à entendre les tambours de guerre.

Ainsi donc, la bataille avait déjà commencé. Au fur et à mesure que les hommes les entendaient, l'allure s'accélérait. La peur d'arriver trop tard...

Enfin, quoi que bien trop longtemps après, l'armée du Rohan arriva sur la colline, leur donnant une vue sur le combat.

C'était comme une immense marrée noire qui semblait se fracasser avec violence contre la roche blanche de la cité.

Les orques étaient beaucoup trop nombreux. Et malgré la peur qu'elle aurait dû ressentir à cet instant, elle ne put s'empêcher de trouver cette scène magnifique. Elle se laissa envahir par les bruits de toutes ces âmes qui attendaient leur mort, le grincements de toutes ces armures, le souffle de la vie qui s'en allait... Et elle se sentait prête. Prête à faire, ce pourquoi elle était là. Prête à participer à la Grande Guerre.

La voix de Theoden brisa les pensées de la jeune femme.

-En avant ! Ne craignez aucune obscurité. Debout ! Debout, chevaliers de Théoden ! Les lances seront secouées, les boucliers voleront en éclats ! Une journée de l'épée...une journée rouge avant que le soleil ne se lève ! Au galop ! Au galop ! Courez à la ruine et à la fin du monde ! A mort !

- A MORT ! Crièrent en coeur tous les cavaliers.

- A MORT !

- A MORT !

Un Peuple Oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant