Les jours passaient et se ressemblaient tous. Ancrés dans un engrenage bien particulier, tous les jours c'était la même rengaine. Tôt le matin, à la même heure, les miliciens débarquaient, récupéraient Akashi et le rapportaient un éternité plus tard. Aucun mot, aucun regard, ils allaient et venaient seulement pour accomplir la tâche qui leurs étaient attribués. Ces hommes étaient seulement chargés d'escorter les prisonniers, ils n'allaient pas s'abaisser à leur adresser la parole. Surtout quand l'un de ces hommes enfermés bombait le torse de manière digne et noble, ignorant leurs yeux méprisants. En effet, lorsque Akashi rejoignait sa cellule, il relevait le buste fièrement, les humiliant de leur simple statut d'homme de main. Et pourtant l'état du prisonnier n'était jamais le même en revenant dans sa cellule, empirant séance après séance. Et c'était pareil pour la condition physique de Aomine qui dégringolait tel un arbre malade, enchaînant les gamelles sans goût. Il était devenu l'ombre de lui même, un simple corps vide, sans âme, alimenté par une maigre étincelle de vie. Les rares moments où elle semblait se raviver étaient lorsqu'il apercevait son binôme, passant rapidement devant sa cellule.
Une semaine et demi s'étaient cruellement écoulée, depuis l'annonce de la recherche du recueil. Une semaine et demi qu'ils en bavaient.
La portion indigeste du basané vient de lui être tendue, alors que son acolyte est encore avec les miliciens. Fébrilement, sachant pertinemment que c'est son seul moyen de tenir debout, Aomine s'approche de l'assiette, réticent. Jouer les fines bouches ne le servirait à rien, depuis la première assiette il ne s'est jamais plaint. De plus, il doit se nourrir pour percevoir cet expression hautaine sur le visage de son binôme.
Depuis que les interrogatoires ont commencé, Akashi n'en est pas encore ressorti totalement défiguré ou seulement avec la gueule en sang. A l'école de police, il n'y avait que des rumeurs sur les tortures infligées aux pires criminels et elle étaient bien trop grossières pour que Aomine y croit même un peu. Un jour, il a entendu dire qu'un homme avait totalement sombré dans la folie, à cause des méthodes. Mais d'après ce qu'on racontait aussi, il était déjà bien atteint... Et puis, Akashi fait parti des personnes de haut rang, peut-être sont-ils plus indulgents même lors d'interrogatoires ? Il n'en sait rien. C'est pour ça que, de voir cet air impassible qu'arbore Akashi, comme si ces interrogatoires n'étaient qu'une perte de temps, le rassure quelque peu.
Ainsi sur cette pensée, il entame son repas. Et après quelques cuillères, un son redondant et lointain trouble son pénible festin. Le bruit qui se répète inlassablement devient plus en plus discernable. Jusqu'à ce qu'il reconnaisse les pas des miliciens, à la botte du président. Ce qui est étrange car d'habitude Akashi ne revenait pas aussi tôt. La séance d'aujourd'hui a dû être plus courte, ou plus rude... Sur cette déduction, Aomine ne sait pas si il doit céder au soulagement ou à l'inquiétude. Tout simplement parce que le corps de son binôme est bien plus marqué de bleus et de rougeurs, ces derniers temps.
Cependant, au moment où Akashi passe devant sa grille, les bleus et les rougeurs ne sont que des bobos sans intérêts. La vision qu'a aperçu Aomine, lui en a hérissé les poils. Ses pupilles ont vu simplement un pauvre homme qui tenait à peine sur ses jambes, traîné par deux gars en uniforme. Et comme pour se persuader d'une possible erreur de leurs part, elles fixent à présent le sol gris béton de la prison. Mais les gouttes rouges, provenant du front du journaliste, qui donnent de la couleur sur ce sol morne, sont la preuve qu'elles ne sont pas trompées. Akashi est dans un état pitoyable, aujourd'hui les miliciens sont bel et bien passés au niveau supérieur. Imaginant le supplice de son binôme Aomine est saisi d'une profonde angoisse, à la limite de ressentir l'abominable souffrance de son équipier. Et pourtant, il a senti son coeur se relâcher de soulagement, si réjoui de le voir en vie après une terrible torture.
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Toi, moi et un ballon !
FanfictionLe pays est sous le despotisme de ce fumier d'Haizaki. Les jeux, le sport et d'autres formes de loisir sont petit à petit supprimés, ne reste seulement les magouilles et le travail à charge. Akashi, ancien journaliste, vie ou survie dans le monde o...