Toi, moi et un ballon !

"Il est là"

À peine ses iris ont-ils entrevu ces mèches écarlates, que Aomine n'y a pas cru tout de suite. Il a tellement rêvé de ce moment, qu'il s'imagine une fois de plus que son esprit lui joue un film. Une fantaisie grotesque de son cerveau, pour lui remonter le moral et lui éviter de sombrer dans la démence. Tout particulièrement parce que quelques minutes plus tôt, il a bien failli définitivement perdre les pédales. Alors, oui, il n'y croit presque pas ! Il pense que ce n'est pas vrai et qu'il va se réveiller.

Et pourtant... pourtant...

Dans l'intention de se sortir de cette rêverie déplacée et incroyable, il attrape le bras du cyan. Ce mouvement rapide, craintif, affolé, trahit toute son incertitude. Ses yeux ne quittent pas cette chevelure flamboyante, de peur que tout ne soit qu'une illusion. Pourtant, il a envie d'y croire ! L'ancien agent est complètement figé devant le trésor de son coeur. Mais il prend conscience que ceci est bien réel, lorsque la main de Kuroko se pose sur la sienne, dans le but de le rassurer. Sans le moindre son, il lui a fait comprendre qu'il pouvait y croire, qu'il s'agit réellement de lui.

Donc... Akashi est bel et bien là, devant lui ; un bandage recouvrant son crâne et une tunique d'hôpital sur le corps. Aomine desserre son emprise sur le fin bras du petit commandant, à présent plus serein. Une tendre sensation de légèreté possède son coeur au cours des secondes, qui s'envolent ; tandis qu'en pleine discussion, Akashi est concentré sur son interlocuteur et ne l'a pas encore remarqué. Cela dit, comme averti par un détecteur inné, d'un mouvement délicat et gracieux, le journaliste reporte son attention sur Aomine. Cette action, ralentie par le temps, ne rate pas de faire chavirer un peu plus le coeur du basané. Surtout, au moment où ses prunelles s'accrochent aux siennes, arrachant irrémédiablement un sourire niais sur le visage de Daiki. D'un coup, les souvenirs infernals, toujours présents en mémoire, sont immanquablement apaisés, brûlant à travers ce regard attendri et aimant.
   Quand Aomine reconnaît le sourire soulagé de son cher et tendre, quand il aperçoit toute la joie qu'il dégage à travers ses yeux, l'ensemble de ses tracas, de ses doutes, de ses maux deviennent un poids moins lourd à porter. Ce beau visage souriant qui illumine la frimousse de Akashi, le serveur ne s'en lassera jamais.

Dans cette oeillade intense en émotion, au fil des secondes qui s'écoulent, se plongeant délibérément dans cet échange si doux, une bulle se crée peu à peu et les sépare du groupe. Cela dit, cette dernière éclate, perturbée par la voix du commandant :

"Je crois que je n'ai pas besoin de faire les présentations, dit-il. Le sourire de Aomine et d'Akashi répondent à leurs places. Très bien dans ce cas, je vous laisse. Kotaro, Elodie te cherche, annonce-t-il.

- Ne faisons pas attendre madame plus longtemps !" Lance le concerné, à son ami, en s'élançant d'un pas enthousiaste à la suite du cyan.

Une fois seuls, Aomine détruit ce fossé qui les distancie. Il est tellement impatient de se retrouver plus proche de son bien aimé, qu'il est à la limite du sprint. Tiré par le lien puissant qu'ils ont tissé, à travers cette épreuve et bien d'autre encore, il se rapproche prestement de Akashi. Leurs âmes, perdues et déchirées, se retrouvent enfin, si longtemps privée l'une de l'autre. Elles n'ont qu'une envie : se ravir de cet instant, sen délecter, se baigner éternellement dans ces eaux douces de sentiments. Tout ce temps passé l'une sans l'autre, a paru comme une torture pour leurs coeurs amourachés. Une réelle tragédie, qu'elles ont subit chaque heure, chaque minute et chaque seconde, idéalisant la fin de cette affliction indescriptible.

Aomine pensait avoir perdu le plus gros dans cette bataille : un amour inavoué. Son esprit préparait déjà la case regret de ce journaliste, sans qu'aucun souvenir ne puisse la combler davantage ; et plus encore après cet événement. Lui, qui est persuadé d'être le responsable des blessures de son Akashi, en a eu le coeur qui saignait et qui saigne encore.