"Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir Satsu'..."

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«Qu'est-ce que c'est cette décharge ? » S'interroge le carmin, en arrivant à l'adresse indiquée pour l'évènement.


  Il est devant un vieil entrepôt abandonné. De l'extérieur, les tôles en ferraille toutes rouillées sont à la limite de transmettre le tétanos à leur simple vision. La pancarte délabrée, ayant essuyé vents et averses torrentielles à travers le temps, tente encore de porter le nom de l'entreprise qu'elle présentait d'antan. On y décèle à peine un "A" et un "i" sûrement, a la fin du mot. Entre la couleur orange omniprésente et les lettres totalement abîmées par les aléas de la météo, c'est quasiment illisible. En réalité, Taiga n'en a pas la moindre idée, mais il se tient devant un ancien bâtiment de l'entreprise Akashi.
  
    Éloigné de tout et système de surveillance hors service depuis dix ans, si ce n'est plus, ce vieux bâtiment est l'endroit de rêve.
   Petit, le journaliste venait quelques fois dans cet entrepôt de stockage, accompagner son père au travail. Comme il  était souvent occupé par la compagnie, il n'accordait pas le temps que Seijuro aurait voulu partager à ses côtés. Alors, le plus clair de ses journées d'enfance s'étaient réalisées avec une gouvernante, chargée de lui inculquer l'éducation stricte de son père. Il y avait sa mère aussi, à la maison avec lui, qui lui donnait du baume au cœur, avec des après-midi basket ou violon. Quand elle fut fauchée par la mort, les après-midi basket et violons perdirent de leurs éclats, souvent remplacés par histoire-géopolitique ou sciences économiques et sociales, selon l'humeur de son paternel.
   Quand, ce dernier rentrait du travail, généralement pour dîner, il ne demandait pas comment s'était passé la journée à l'école, le repas du midi ou les devoirs que son fils avaient à faire ; non, c'était plutôt : "Fils, les examens trimestriels approchent, la deuxième place n'est pas permise, tu le sais."  de son ton vide et froid. C'était déjà bien, qu'il s'intéresse un peu à ses études, alors l'enfant qu'Akashi était, hochait seulement la tête, dissimulant le sourire de son cœur. Car la plupart du temps, son père ne parlait uniquement du travail et de l'immense honneur qu'aura Seijuro, à sa succession.
    Il avait bien remarqué que le comportement de son père avait changé depuis cette tragédie. Tout ce qu'il souhaitait, c'était de revoir un sourire sincère sur le visage ridé de tristesse de son paternel, autrefois plus gai. C'est pour cela qu'il adorait être avec lui quand son papa travaillait, parce que celui-ci semblait un temps soit peu apaisé durant ces moments-là. Alors c'est vrai, le journaliste était invité tout les trente six du mois, mais au moins il avait la chance de retrouver l'expression sereine sur la frimousse de son père. De ses yeux enfantins et pleins d'admirations, il le regardait évaluer l'état des commandes, du matériel et autres affaires.
   Une fois, Seijuro s'était même accordé de jouer au chat et à la souris à travers les gigantesques étagères du site de gestion. Ce jour-là, il avait revu le sourire de son cher géniteur et n'en fut qu'aux anges. C'était des moments rares, auxquels il n'aurait jamais souhaité échapper.
   Lorsque Seijuro était encore au collège,  cette bâtisse dut être fermée, pour des raisons budgétaires. Le jeune adolescent en avait eu le cœur serré et un arrière goût d'amertume dans la bouche. Meme s'il savait que c'était la meilleures solution pour l'entreprise.
   Cet endroit est un vestige de son passé. Précieux et unique, sans oublier pratique et utile, au moment où la question du lieu pour l'événement s'était posée, il n'avait pas cherché plus loin. Et il est vrai que la place est ideale ; elle ne manquera pas de subjuguer le meilleur ami de notre serveur.

   D'ailleurs, tenant dans une main celle de son petit-ami et d'une autre un sac de sport, Kagami est en effet ébahi par l'entrepôt réaménagé à cette occasion. En s'y engouffrant, il reste coi devant l'immensité de la surface, spécialement ameublée. Trois terrains de basket sont disposés côtes à côtes, mais paraissent ridiculement petits face à l'étendue bétonnée, qui s'étend à perte de vue. En plus, il s'est fait happer par le son jouissif des ballons rebondissant sur le sol, totalement inaudible en dehors de la structure. Ses tympans ont sautillé d'excitation, à peine avait-il franchi la porte. Il y a tellement d'année qu'il n'avait ressenti une telle effervescence envelopper son cœur. Sa main se resserre d'elle-même, sur celle de Kise. Ses poumons se remplissent de cette atmosphère pleine de vie et relâchent tout. Il y est bel et bien.  Plus aucun doute ; l'envie de tâter l'arceau est toujours présente.

Toi, moi et un ballon !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant