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La douleur est un siècle et la mort un moment, Gresset.


Chaque jour devenait de plus ne plus dur à supporter pour Illéa. Chaque matin elle se souvenait du sentiment de plénitude qui l'avait envahi lorsqu'elle s'était enfin tranché les veines, lorsqu'elle se voyait enfin mourir, enfin quitter cet enfer qu'était sa vie, mais elle n'était pas morte. Elle s'était pourtant sentie si bien dans cette mare de sang, sentant la mort l'accueillir.

A son réveil, la première pensée qui avait traversé son esprit, était qu'elle devait recommencer, elle ne pouvait pas rester sur terre, elle devait disparaître. C'était inconcevable. Chaque minute qui s'écoulait était insupportable, cette douleur lancinante dans sa poitrine la détruisait.

A quoi bon vivre lorsque chaque seconde portait son lot de souffrance. Elle n'avait aucun moment de répit, même sa famille ne réussissait pas à lui réchauffer le cœur. Plus rien n'avait d'importance, elle n'était plus rien. Son âme ne faisait même plus parti de son corps.

Elle ne pu pourtant pas retenter le suicide car elle fut placée en psychiatrie. Le seul moyen de sortir de cette horrible prison était de contenir ses pensées suicidaires. C'est ce qu'elle fit.

En rentrant chez elle, elle n'eut pas le courage de retenter l'expérience, ses proches semblaient si heureux de la retrouver et surtout, elle les avait énormément fait souffrir, et elle s'en voulait. Même si elle aurait préféré mourir.

Son passé la gardait prisonnière, si bien qu'elle n'arrivait plus à avancer.

Les reproches de Conrad, et son absence de réaction face à lui, raviver ses souvenirs les plus douloureux, et le trou béant qui se trouvait dans son cœur ne cessait de s'accroître.

Emerson la fixa, elle n'avait pas bougé, n'avait pas ouvert la bouche, n'avait même pas relever la tête vers lui. Il commençait sérieusement à s'inquiéter. Il s'approcha doucement d'elle, posa sa main sur son épaule, mais la jeune femme se retira aussitôt de son touché, comme si l'on venait de la brûler.

Ce rejet lui fit mal. Il n'était pas habitué à ce qu'on ne veuille pas de lui. Il savait qu'il avait vécu dans un cocon, les gens l'avaient toujours pris en pitié. Aux yeux de tous, il était « le gars malade ». Il avait toujours détesté ces regards qu'on posait sur lui, mais ces mêmes regards lui permettaient de ne pas faire partie des gosses dont tout le monde se moquait. C'était horrible à dire, mais les enfants étaient comme ça, ils avaient beau être jeunes, ils se détruisaient entre eux.

Il recula, déstabilisé. Il voulait l'aider, mais ne voulait pas se bruler les ailes, lui aussi était fragile. Il ne pouvait pas se permettre de replonger, la remontée des enfers était le chemin le plus compliqué qu'il n'avait jamais emprunté. Il était presque heureux désormais. Il sentait qu'il manquait quelque chose d'important pour que son cœur soit entièrement comblé, mais il ne savait pas quoi.

Il savait cependant, que la probable mort de Mike lui laisserait un vide.

Illéa sortit enfin de sa torpeur. Ses cicatrices la démangeaient, elle voulait s'arracher la peau, se faire du mal physiquement afin d'oublier sa souffrance mentale. Elle releva enfin la tête, et aperçut le visage blessé d'Emerson. Sans lui, elle ne s'en serait pas sortie. Mais malgré cela, elle n'arrivait pas à le remercier. Elle était comme ça, une ado ingrate et détruite.

- Je suis désolée, murmura-t-elle.

Et elle s'en alla, comme s'il ne s'était rien passé.

Le cœur du jeune homme se serra, l'indifférence de la jeune femme réussissait à fissurer son cœur. Il passa le reste de la journée sans son sourire habituel, ce qui interpella tout le monde autour de lui. Il ne répondit à aucunes des nombreuses questions qu'on lui posait. Il n'avait pas la tête à cela. Il voulait simplement finir cette journée de merde et rejoindre son meilleur ami à l'hôpital.

ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant