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Chaque mot écrit est une victoire contre la mort, Michel Butor.

Illéa sortit de la voiture, fit un petit signe de la main au conducteur et rentra chez elle.

Emerson avait gentiment proposé de la ramener, proposition qu'elle avait accepté avec plaisir. La discussion qu'elle avait eue avec lui avait porté ses fruits. Les paroles du jeune homme l'avait profondément touché, pendant quelques secondes, elle s'était sentie vraiment importante aux yeux de quelqu'un.

Après cela, ils étaient retournés dans le bâtiment, avaient ramené Mike dans sa chambre après quelques échanges et étaient sortis de cet hôpital.

Sur le trajet du retour, aucun des deux n'avaient parlé, trop occupés par leurs pensées.

En rentrant chez elle, elle se rendit alors compte de à quel point sa journée avait été éprouvante. Elle se rendit aussi compte, que pour la première fois depuis très longtemps, elle n'avait pas eu envie de se tuer juste après avoir passé le pas de la porte, elle n'avait pas eu envie d'hurler sa douleur à s'en déchirer les cordes vocales, elle n'avait pas eu envie de se faire du mal, et c'était extraordinaire.

A cette pensée, un sentiment de plénitude l'envahit, mais il fut de courte durée. Les doutes revinrent rapidement l'assaillir, elle ne voulait pas que son bonheur dépende de quelqu'un, et surtout, le changement était trop soudain, ça lui faisait peur de se débarrasser de sa souffrance, finalement peut être qu'elle n'en avait même pas envie. Elle représentait une si grande partie d'elle que cela la terrifiait, avait-t-elle le droit de ressentir de la joie ? Elle avait toujours cru qu'elle ne méritait rien, pas même qu'on ne fasse attention à elle. Elle se sentait tellement inférieure, tellement différente et insignifiante, et cela depuis toujours. Alors, lorsque des gens avaient commencé à lui faire du mal, elle n'avait même pas bronché, après tout c'était normal que quelqu'un comme elle souffre, non ?

Soudain, elle se rappela qu'elle n'avait même pas répondu à ses amies et celles-ci devaient certainement être folles de rage. Elle envoya rapidement un message à sa mère pour lui demander si ses amies pouvaient venir passer la soirée à la maison, sachant que le lendemain était un samedi, et que bien sûr elles ne la dérangeraient pas le moins du monde.

Jayne répondit très vite positivement, même si elle était au courant que sa fille avait séché les cours de cet après-midi, elle ne lui en voulait pas, elle savait qu'Illéa n'agissait jamais sans réfléchir et malgré tout, elle lui faisait entièrement confiance.

La jeune femme appela donc Ally et Judie pour leur faire la proposition, les deux acceptèrent, sans oublier de lui passer un savon et de lui faire jurer de tout leur expliquer ce soir.

Lorsqu'elles toquèrent à la porte, Illéa se pressa d'aller leur ouvrir, ses deux compères lui sautant directement dans les bras. Elle resta droite comme un piquet, et essaya de s'échapper le plus vite possible de cette étreinte.

- Je te jure qu'un jour tu vas nous tuer à t'éclipser comme ça sans répondre aux messages ! la gronda Ally.

- Oups ? répondit Illéa en haussant les épaules.

- Oh non, tu ne vas pas t'en sortir comme ça, tu vas tout nous expliquer en détail, aucune excuse possible ! répliqua Judie.

Elle leur expliqua dans les grandes lignes le pourquoi du comment, et mentit sur la plupart des informations, mais elle ne voulait pas qu'elles soient au courant de tout cela. Elle les appréciait vraiment, et elle ne voulait pas les perdre et elle savait que si elles apprenaient la vérité, elles prendraient peur. Elles n'ont très certainement pas envie de traîner avec une folle.

Leur soirée se déroula comme toutes les soirées filles, remplie de potins, de nourriture et de films à l'eau de rose, certainement pas les préférés d'Illéa, mais elle ne se plaignit pas.

Elle passa son samedi dans son lit. C'était toujours dur pour elle d'être sociable, alors après avoir passé trop de temps avec des gens, elle avait toujours besoin d'un « temps de récupération » durant lequel elle était très clairement en hibernation.

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