Ce qui n'est pas exprimé reste dans le cœur et peut le faire éclater, William Shakespeare.Sentant sa tête tourner et son cœur s'affoler, Emerson s'assit en vitesse sur un banc à deux pas d'Illéa.
Il ne se remettait pas de ce qu'il venait de comprendre. Pour la première fois de sa vie, il commençait à réellement s'attacher à une jeune femme. Lui qui pensait ne jamais réussir à ressentir ce genre de sentiments.
Mais il savait qu'il ne pourrait jamais en parler à personne, car cette affection ne pouvait être réciproque, elle ne ressentait que de l'indifférence envers lui. Il devrait se contenter de rester aux côtés de Kate, il préférait cela à la solitude, cette solitude qui l'effrayait tant.
Cette même solitude qu'Illéa appréciait plus que tout, celle qu'elle recherchait le plus souvent. Ils étaient tellement différents, mais à la fois si semblables. Ils étaient à la fois si proches et à la fois si éloignés que s'en était effrayant. Comment cette contradiction était-t-elle possible ?
La réalité le frappa en plein cœur. Son rejet l'avait comme brulé, il ne savait même pas pourquoi il restait à ses côtés alors qu'elle ne le souhaitait pas. Mais partir alors qu'il n'y a même pas 10 minutes de cela elle s'apprêtait à se planter un couteau dans la gorge n'était vraiment pas une bonne idée.
Il ne savait pas comment agir avec elle, devait-t-il partir ? Ou bien rester ? Devait-t-il l'aider ? Ou non ? Il n'avait pas l'habitude d'autant réfléchir à ses actes. La maladie lui avait appris que la vie était trop courte, depuis il agissait comme bon lui semblait, sans se poser plus de questions. Mais avec elle, tout était différent. Elle était différente.
Il prit alors sa décision. Il se leva, la regarda droit dans les yeux, n'y décela rien d'autre que du mépris, et partit alors sans un mot. Il ne pensait pas mériter de souffrir plus qu'il n'avait déjà souffert. Il ne pouvait pas se permettre d'être un bon samaritain qui aidait toutes les âmes en peine, il devait se protéger lui aussi.
Elle le regarda s'éloigner, ne comprenant pas ce soudain changement de comportement. Malgré ce qu'elle lui avait dit, sa présence la réconfortait, et elle lui devait beaucoup, mais comme toujours elle n'était pas capable de retenir les gens près d'elle et elle n'était pas non plus capable d'accepter l'aide qu'on lui proposait.
Elle était perdue, ce qui venait de se dérouler était grave, elle devenait folle. Elle savait que la meilleure chose à faire était d'en parler au docteur Allouard, mais elle ne savait pas si elle en était capable et si elle le souhaitait réellement.
La chaleur qu'avait laissé la main d'Emerson sur la sienne disparaissait peu à peu, mais sa peine, elle, ne faisait que s'agrandir. Elle s'en voulait de l'avoir rejeté, au fond d'elle, elle appréciait beaucoup sa compagnie.
Seulement, elle avait encore une fois tout foutu en l'air, elle s'était renfermée, sentie attaquée, alors qu'il ne souhaitait que l'aider. Elle hésita à le rattraper, mais plusieurs minutes s'étaient écoulées depuis son départ, et il devait déjà se trouver bien loin.
Elle reçut au même moment un message de Judie.
« T'es où ? On te cherche avec Ally, mais sans succès. On se demande pourquoi l'autre fou t'as kidnappé. »
Elle se rendit alors compte que personne ne l'avait remarquée, elle aurait pu se tuer que personne n'aurait réagi, sauf Emerson.
Elle devait le retrouver, et pour une fois, lui montrer sa reconnaissance. Il était le seul à avoir fait gaffe à elle, à avoir compris la douleur qu'exprimait son regard.
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Parallèles
Teen FictionParallèles : se dit de deux droites qui ne se rencontrent pas. C'est ce qu'ils étaient, deux droites parallèles entre elles. C'est aussi ce que Illéa avait tracé sur ses avants bras. Des droites parallèles, tracées à main levée , qui avaient failli...