« Mon âme reste muette, pas un mot : Mon âme serait-t-elle morte ? » Charles Baudelaire.
Illéa sortit des cours la tête pleine à craquer. Cette journée, comme toutes les autres, l'avait épuisée. Être obligée de jouer un rôle était si dur et si épuisant à supporter.
Elle sortit de la salle de classe quand son professeur de langues l'appela.
- Illéa !
Elle s'arrêta, surprise. Elle aimait beaucoup cette femme d'une cinquantaine d'années, mais elles ne parlaient pas souvent ensemble, Illéa excellait dans cette matière, comme dans beaucoup d'autres, et Mme Lisana n'avait absolument rien à lui reprocher.
- Oui ?
- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, ce n'est vraiment pas mon genre, mais je m'inquiète pour toi. Tu as l'air très fatiguée, et en cours je te vois souvent te masser le front. Ce que tu fais toujours quand tu as mal à la tête. Tes migraines sont de plus en plus fréquentes.
Illéa avait souvent entretenue de très bonnes relations avec tous ses professeurs mais elle ne réalisait jamais que certains d'entre eux s'inquiétaient réellement pour elle. Pourquoi ? Elle ne comprenait pas. Apparemment elle était attachante. Elle ne pouvait pas y croire. Ou peut être qu'elle ne le voulait tout simplement pas.
Car la liste des personnes qu'elle allait décevoir s'agrandissait à chaque fois.
- Ne vous inquiétez surtout pas pour moi, réellement. Il est vrai que mes maux de tête sont plus fréquents ces derniers temps et je suis aussi plus fatiguée. Mais ce n'est rien d'inquiétant, un peu de sommeil et de repos et tout ira mieux ! répondit-t-elle d'une voix douce.
- D'accord, je te fais confiance. Mais n'oublie pas que si tu es trop fatiguée au moment de venir dans mon cour, ne viens pas. Rentre chez toi et je t'enverrai les cours. Tes notes sont excellentes, je préfère que tu prennes soin de toi.
L'affection que lui portait cette femme la chamboula. Certaines personnes lui avait détruit son existence tandis que d'autres s'efforçaient du mieux qu'ils pouvaient de lui redonner un sens. Le contraste était assez troublant.
Elle remercia sa professeur et sortit de la salle tranquillement.
Puis elle se rappela soudainement qu'Emerson l'attendait très certainement. Elle accéléra alors le pas, soucieuse qu'il soit partie sans elle.
En poussant les portes du lycée, l'air frais lui fouetta le visage, apaisant immédiatement son mal de crâne. Elle inspira un grand coup et marcha rapidement vers le parking à la recherche du jeune homme.
Elle le vit au bout de 2 minutes, adossé contre sa voiture, la tête rejetée en arrière, le regard rivé sur le ciel. Il semblait pensif, voir perdu.
Elle s'approcha doucement de lui, et croisa son regard.
Ce qu'elle y vit lui brisa le cœur.
Une grande tristesse se dégageait de lui, l'étincelle qui brillait constamment dans ses yeux, l'étincelle qu'Illéa lui enviait tellement, elle avait disparue.
Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de verser une larme. Elle s'arrêta devant lui, à seulement quelques centimètres. Le regarda longuement, à la recherche de réponses qu'elle ne trouva pas. Puis, inconsciemment, elle le serra dans ses bras.
Cela ne dura seulement quelques secondes, ce qui était déjà énorme pour quelqu'un comme elle.
Elle se recula presque aussitôt, un peu confuse. Elle faisait de plus en plus de câlins au jeune homme ce qui ne lui ressemblait vraiment, mais vraiment pas. Qu'est ce que cela signifiait ?
Ce court contact suffit à légèrement réchauffer le cœur du jeune homme.
Avant qu'Illéa ne puisse lui poser la question de pourquoi elle se trouvait ici, Emerson entama la discussion.
- Illéa, ce que je vais te demander est totalement ingrat, et ça représente énormément pour moi, alors si tu refuses sache que je ne t'en voudrais pas, ce serait tout à fait normal.
Elle le regarda, étonnée. Qu'elle allait être sa requête ? Allait-t-il lui révèle des choses sur ce qui lui était arrivé ?
- D'accord. Dis moi.
- J'ai besoin de rendre visite à des gens que je n'ai pas vu depuis très longtemps. Des gens qui ont pleins de raisons de m'en vouloir. Des gens que je n'arriverais probablement jamais à regarder dans les yeux. Et je ne pourrais pas m'y rendre tout seul c'est au dessus de mes forces. Mike étant à l'hôpital, tu es la seule personne pouvant m'aider.
La jolie brune resta interdite quelques longues secondes qui parurent interminables aux yeux du jeune homme.
- Moi ? fut le seul mot qu'Illéa parvint à prononcer.
- Oui toi.
- Mais et Harry ? C'est ton ami non ?
- Oui, mais Harry ne me comprend pas aussi bien que toi, il ne parvient pas à me réchauffer le cœur comme tu le fais et son regard ne me donne pas autant de courage que le tien. J'ai vraiment besoin de toi. Si je pouvais, je ne te le demanderais pas, mais c'est impossible.
Les yeux d'Emerson brillait intensément, était-ce la lumière ambiante ou bien des larmes menaçaient-t-elles de couler ? Elle n'en savait rien, mais à la vue de ses cernes et de la pâleur de sa peau, elle le prit immédiatement au sérieux et sa tristesse l'interpella. Elle se devait de l'aider, après tout ce qu'il faisait pour elle.
- D'accord, pas de soucis, je te suis.
Il hocha la tête, reconnaissant. Lui fit signe de monter dans sa voiture et ouvrit sa portière. On repassera pour la galanterie.
Ils roulèrent une dizaine de minutes, en silence, avec la radio comme bruit de fond. Emerson tapotait dans un rythme irrégulier son volant. Illéa ne l'avait jamais vu aussi stressé, et elle ne put s'empêcher de compatir, elle savait mieux que personne ce que c'était que de vivre avec un stress permanent.
Elle reconnut rapidement la sublime maison d'Emerson et ne comprit pas vraiment ce qu'ils faisaient ici.
Il sortit de la voiture et elle en fit de même. Elle s'attendait à ce qu'il se dirige vers chez lui, mais au lieu de cela il pénétra dans le jardin de ses voisins et s'arrêta devant leur jolie porte blanche entourée de lierre. Elle le suivit, tout en restant en retrait, elle était gênée de rencontrer de nouvelles personnes.
Emerson prit une grande inspiration, leva la main pour toquer à la porte, mais s'arrêta la main en l'air. Il se retourna vers elle, la regarde pendant un long moment, prit sa main et la serra. Puis il se retourna et toqua sans réfléchir.
Aucun bruit ne se fit entendre de l'autre côté. Emerson avait peur. Il se sentait nauséeux et était capable de s'écrouler à n'importe quel moment.
La porte s'ouvrît soudainement sur une femme avoisinant les 45 ans, le visage marqué par la fatigue et ce qui devait aussi être l'alcool.
Ses yeux s'ouvrirent en grand à la vue du jeune homme. Elle mit sa main sur sa bouche après avoir laissé échapper un hoquet de stupeur.
———
Bon on ne va rien dire concernant mon absence et nous allons rejeter ça sur la faute du lycée ahah. Vraiment désolé pour cette attente et cette irrégularité :/
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Parallèles
Teen FictionParallèles : se dit de deux droites qui ne se rencontrent pas. C'est ce qu'ils étaient, deux droites parallèles entre elles. C'est aussi ce que Illéa avait tracé sur ses avants bras. Des droites parallèles, tracées à main levée , qui avaient failli...