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Mûrir, mourir ; c'est presque le même mot, Victor Hugo.

Emerson releva lentement son tee shirt, mal à l'aise. Quelques années en arrière, il aurait adoré montrer son torse plutôt bien bâtit à une fille, désormais, il avait peur.

Il savait que la plupart des jeunes gens de son âge ne comprendrait jamais la souffrance qu'il avait vécu. Beaucoup d'entre eux vivaient dans le paraître, la superficialité, comment pourraient-t-ils accepter sa cicatrice ? Il avait comme l'impression que jamais aucune fille ne pourrait être de nouveau attiré par lui, qu'elle partirait en courant en apercevant la coupure. Ce qui se serait certainement passé s'il n'était pas tombé sur quelqu'un comme Illéa.

Ses mains tremblaient. Sa respiration n'était pas régulière. Son cœur battait vite, trop vite. C'était incroyable comment un simple geste pouvait déclencher toutes ces réactions physiques en si peu de temps.

Emerson passa le tee shirt au-dessus de sa tête et se stoppa net, ne sachant quoi faire. Il priait intérieurement pour que la mère de la jeune femme ne rentre pas tout de suite chez elle. Que penserait-t-elle si elle voyait le jeune homme torse nu dans son salon ? Il préférait ne pas y penser, il était déjà assez gêné comme cela.

Illéa se rapprocha lentement de lui, les yeux rivés sur sa cicatrice, comme absorbée par ce qu'elle voyait.

Elle leva doucement sa main vers lui, déplia ses doigts fins et les posa délicatement sur sa plaie.

Emerson se crispa immédiatement. Son cœur menaçait de faire exploser sa poitrine. Personne n'avait jamais touché cet endroit si sensible de son corps, si détestable. Même lui, n'y arrivait pas, ça le dégoutait.

Illéa traça le chemin du sillon, l'étudia de plus près, l'examina sous toutes les coutures. Elle était fascinée, aussi étrange et dérangeant que cela puisse paraître. La seule vue de cette cicatrice signifiait tant pour elle, c'était comme si cette dernière lui chuchotait des paroles réconfortantes, des paroles qui lui faisait comprendre qu'elle n'était pas seule, que quelqu'un la comprenait.

Elle découvrit alors que ce qu'elle recherchait depuis tout ce temps était quelqu'un qui la comprenne. Entièrement. Et sans avoir besoin de passer des heures à tenter maladroitement de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait, ce qu'elle n'arrivait de toute façon pas à faire.

Emerson avait, inconsciemment, coupé sa respiration pendant plusieurs secondes, comme s'il attendait un verdict de la part d'Illéa.

Elle releva les yeux vers lui, y lut énormément de choses, elle y vit toutes ses ressemblances avec lui mais aussi toutes leurs différences. Mais par-dessus tout, il la regardait comme personne ne l'avait jamais fait auparavant, comme si elle était normale. Aucune once de pitié, de méchanceté ou quoi que ce soit d'autre, juste une immense sincérité.

Et pour la première fois depuis très longtemps, elle agit sans réfléchir.

Une larme s'échappa de son œil.

Et elle se jeta désespérément dans ses bras.

Maladroitement et peu à l'aise.

- Merci.

Au début, Emerson ne réagit pas, trop choqué par le geste de la jolie brune. Qui l'eut cru ? Elle qui détestait le contact plus que tout, elle qui ne répondait jamais aux câlins de ses amies, elle qui esquivait le plus possible le touché de qui que ce soit, elle l'avait touché, plus que cela, elle l'avait enlacé.

Remis de ses émotions et sentant la jeune femme se reculer à cause de son manque de réaction, il passa ses bras autour d'elle et la serra contre lui. Il ne savait pas de quoi allait être fait l'avenir, ni ce qu'il se passerait entre eux, mais il savait qu'à ce moment précis, il avait besoin d'être ici, avec elle.

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