Je hais la foule, André Gide.Ally et Judie avait eu vent de la soirée qui se profilait chez Emerson. Elles savaient aussi que sortir Illéa deux week-ends de suite s'annonçait très compliqué. Mais l'été touchait à sa fin et cette pool party était certainement la dernière avant l'été prochain, elles ne pouvaient pas la rater. Cela faisait donc 3 heures que les deux amies essayaient de convaincre la jeune femme, cette dernière restait néanmoins impassible.
- Illéa, sérieux, c'est notre dernière année on doit en profiter avant l'université ! argumenta Judie.
- J'ai pas envie les filles, vous pouvez très bien y aller sans moi !
- Emerson t'a invité en personne, tout en te narguant, tu ne peux pas ne pas venir, c'est inconcevable ! s'interposa Ally.
- Carrément, soupira Illéa.
- C'est moi qui vais conduire demain, je te promets que si tu veux rentrer, alors on partira immédiatement et je te ramènerai chez toi, répliqua Ally.
Illéa se sentait mal de refuser, ses copines se démenaient pour lui rendre la vie plus facile et cette dernière ne leur rendait pas la pareille. Son cerveau réfléchissait à toute vitesse, pesant le pour et le contre, calculant la probabilité pour que la fête se passe mal, cherchant une solution pour ne pas se mettre en maillot de bain. Elle murmura alors :
- C'est ok, mais si ça se passe mal, vous me ramenez chez moi !
Ses amies acquiescèrent et la serrèrent dans leurs bras, malgré sa réticence. Elle soupira, sachant qu'elle regretterait sa décision dès son arrivée là-bas.
Illéa tournait en rond dans sa chambre comme un lion en cage. Son cœur battait à la chamade et son ventre lui faisait mal. Elle n'allait pas s'en sortir, elle n'aurait jamais dû accepter. Elle respira un grand coup et tenta de se regarder dans le miroir. Elle portait un short en jean accompagné d'un crop top large blanc. Et bien sûr, le plus important, un gilet noir qu'elle décida de garder ouvert. En dessous de ses vêtements, elle avait enfilé son maillot de bain. Elle savait pourtant très bien qu'elle ne se baignerait pas, elle préférait cependant prendre ses précautions. On ne savait jamais.
Le son d'un klaxon la fit sursauter, Ally était encore plus impatiente qu'elle.
Illéa faillit faire une crise d'angoisse rien qu'en apercevant le nombre de voitures garées dans l'allée. La maison d'Emerson était très grande et moderne, il vivait dans un quartier riche de la ville. Ça ne l'étonnait pas. En pénétrant dans la maison, elle fut à deux doigts de s'évanouir tant elle ne se sentait pas à sa place entourée de toutes ces belles filles en maillot de bain. Elle était tellement mal à l'aise, son masque commençait à se fissurer, laissant place à de la panique. Judie lui prit la main et la guida vers l'extérieur. Elles arrivèrent devant une immense piscine grouillant de monde et un grand jardin. La lumière de la lune mélangée à celle des spots lui donna le tournis. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Elle n'avait même pas remarqué qu'Ally était partie leur chercher un verre, elle l'accepta avec plaisir.
Soudain, elle aperçut le visage d'Emerson à quelques mètres de là. Ce dernier était d'ailleurs en très bonne compagnie. Kate rigolait avec lui. Elle décida d'attendre un peu avant d'aller le tuer pour ne pas l'avoir prévenue du nombre de personnes que comportait cette soirée. Judie rejoignit son copain et Ally s'en alla en voyant Conrad s'approcher d'Illéa. Elle ne voulait vraiment pas lui parler. Elle ne savait pas comment lui expliquer qu'ils ne seraient jamais plus qu'amis.
- Illéa ! Comment tu vas ?
Il sentait l'alcool et s'était approché beaucoup plus près qu'habituellement. Elle fut immédiatement gênée de la proximité qu'il avait mis entre son torse nu et elle. Elle recula d'un pas.
- Ça va bien merci.
Elle avait répondu froidement, espérant qu'il comprenne le message. Ce qui n'était apparemment pas le cas.
- Tu viens te baigner avec moi ?
- Non merci, répondit-t-elle crispée.
- T'es sérieuse ? Aller, viens avec moi !
Mal à l'aise, elle tenta de trouver une échappatoire mais personne ne faisait attention à eux, ils se trouvaient légèrement à l'écart et la nuit qui tombait n'aidait en rien.Il se rapprochait de plus en plus d'elle.
- Je suis amoureux de toi. Et toi tu t'en fous de moi. Je ne te comprends pas. Pourquoi tu ne m'aimes pas alors que tu t'intéresses à Emerson ? Hein ? Qu'est ce qu'il a de plus que moi ? T'es vraiment une grosse conne ! Tu ne me mérites même pas ! Je fais tout pour toi et c'est comme ça que tu me remercies ?
- Arrête Conrad, s'il te plaît.
- Non, réponds-moi putain ! cria-t-il.
Elle ne savait plus quoi faire. Elle aurait pu crier, le frapper même, mais elle était pétrifiée.
- Je... Je suis désolée. Je ne contrôle pas mes sentiments.
Il se colla encore plus à elle, ses mains remontaient sur ses hanches, il se dirigeait dangereusement vers sa poitrine. Sa poigne lui faisait mal, ses gestes n'étaient que violence.
- Pourquoi ce gros con de Emerson Illéa ?! Pourquoi lui et pas moi ?
Elle voulu lui répondre qu'il se trompait sur tout la ligne, elle ne ressentait rien pour aucun des deux garçons, mais elle n'eut pas le temps.
- J'ai entendu mon prénom ? Intervint soudainement le jeune homme.
Elle respira de nouveau, elle devait partir. Maintenant.
Emerson cherchait Illéa du regard. Il avait vu l'une de ses amies un peu plus tôt mais celle-ci n'était pas avec elle. Il soupira, il y avait beaucoup trop de monde pour la retrouver. Il n'avait pas invité autant de gens et avait envie de tous les faire dégager de sa maison. Mais il préférait cela plutôt que de se retrouver seul, alors il ne broncha pas.
Soudain, il entendit une voix familière crier sur quelqu'un. Il tourna vivement la tête et vit celle qu'il cherchait, l'air terrorisée, très proche de Conrad. Il marcha rapidement et interrompit leur conversation après avoir entendu son prénom.
Pour la première fois, il voyait une émotion sur le visage de la jeune femme. Il aurait finalement préféré ne jamais en voir.
Il n'eut pas le temps de lui poser ne serait-ce qu'une seule question qu'elle était déjà partie en courant. Il voulut tourner la tête mais reçu un coup de poing en pleine figure. Il tituba mais se redressa rapidement. Il lui rendit son coup mais en deux fois plus fort. Conrad s'effondra, l'alcool avait affaibli sa résistance. Les gens s'étaient rassemblés autour d'eux en entendant les bruits de bagarre. Emerson cracha du sang et tourna les talons.
Ce connard avait réussi à lui ouvrir la lèvre. Il fulminait. Et en plus de cela Illéa avait disparu. Il s'en voulait, pourquoi l'avait-t-il invité ?
Il fit le tour de son jardin et finit par la trouver, assise sur un petit muret, cachée par la pénombre.
Il tenta de s'approcher le plus discrètement possible. En arrivant derrière elle, il l'entendit renifler, elle pleurait. Illéa pleurait. C'était inconcevable pour lui, elle était la définition même d'être insensible, elle ne ressentait aucune émotion. Elle ne pouvait pas pleurer. Il ne savait pas gérer ce genre d'émotions, lui qui était depuis peu si heureux et si optimiste, il ne pouvait pas la réconforter, il ne pouvait pas rester près d'elle, il devait partir. Sinon, il replongerait, les souvenirs reviendraient, la nostalgie aussi et alors, il ne pourrait plus jamais sourire. Son cœur oscillait, il ne savait pas quoi faire.
Mais sa santé mentale était le plus important, alors il fait demi-tour.
Alertée par le bruit, elle se retourna.
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Parallèles
Teen FictionParallèles : se dit de deux droites qui ne se rencontrent pas. C'est ce qu'ils étaient, deux droites parallèles entre elles. C'est aussi ce que Illéa avait tracé sur ses avants bras. Des droites parallèles, tracées à main levée , qui avaient failli...