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Savoir ce que tout le monde sait, c'est ne rien savoir, Rémy de Gourmont


Illéa prit son courage à deux mains et alla s'assoir à côté de son nouvel élève. Emerson releva la tête et aperçut la jeune femme à la place à côté de lui. Il haussa les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle se trouvait ici. Celle-ci prit la parole avant même qu'il ne puisse sortir un son de sa bouche.

-    Pas la peine de me regarder comme ça. Sors ton cahier je n'ai pas que ça à faire Emerson.

Il ne comprenait pas pourquoi elle lui demandait cela. Et puis depuis quand elle prononçait son prénom ? Puis, d'un coup il comprit.

-    Attends me dis pas que c'est toi mon « professeur particulier » ?!

-    Si, malheureusement, répondit-t-elle l'air las.

-    On m'avait pourtant promis la meilleure élève de l'école, avec des soi-disant capacités hors normes. Pourquoi donc est ce que c'est toi qui te tiens devant moi ?

Après son débat contre lui, Illéa l'avait trouvé très intelligent. Pourtant là tout de suite, elle se demandait s'il n'était pas particulièrement débile.

-    Et bien je suis très contente de t'annoncer que c'est bien moi « l'élève prodige », donc maintenant, tu écoutes ce que je te dis sinon tu peux te mettre mes explications et mes conseils là où je pense.

Il la trouvait toujours autant rabat-joie, mais ne fit aucun commentaire. Il n'oserait jamais l'avouer mais il s'en voulait de lui avoir parler comme cela à la soirée. Ce n'était pas son genre et puis il avait eu peur de la blesser, même si cela paraissait impossible tellement son visage n'exprimait aucune émotion. Il fut tout de même étonné d'apprendre que la fille qui se trouvait en face de lui avait, selon les dires de son professeur, un niveau digne des plus grandes universités d'Amérique. C'était donc un petit génie.

Un sentiment d'infériorité s'immisça peu à peu en lui. Son niveau scolaire était quelque chose dont il avait honte. Il se considérait comme quelqu'un de plutôt intelligent, seulement tout cela n'était pas fait pour lui. Les notes et tout ce qui allaient avec étaient pour lui des choses tellement superficielles. Et puis il faut dire que lorsque l'on fait cours à l'hôpital, on ne pense pas forcement à travailler et à se forger un avenir puisque nous ne sommes même pas certains d'en avoir un. Malgré ce sentiment désagréable, il n'était pas du genre à se poser trop de questions, il aimait vivre au jour le jour. Alors il ne dit rien et sortit ses affaires.

Illéa le fixa, ses cheveux bruns tombant légèrement devant ses yeux. Elle l'enviait, il avait toujours un sourire aux lèvres. Comment allait-t-elle réussir à rester calme et à ne pas s'emporter ? La patience ne faisait vraiment pas parti de ses qualités. Elle n'aimait pas avoir quelqu'un à sa charge. Elle préférait avancer seule, comme elle le faisait depuis toujours.

-    Bon, on va commencer par le plus simple. Si tu ne me comprends pas ou que je vais trop vite tu m'arrêtes, d'accord ?

Emerson hocha doucement la tête. Ils passèrent deux heures à travailler sur les probabilités conditionnelles, tout en chuchotant afin de ne pas déranger le cours de M. Porter. En sortant de la classe, Emerson se rendit compte que pour une fois, il avait compris sans éprouver de difficultés. Pourtant, il a bien cru qu'il n'arriverait pas à se concentrer en voyant Illéa se mordre sans cesse les lèvres pour chercher ses mots. Il fallait bien avouer que même si ce n'était pas son style de filles, elle dégageait une sorte de beauté froide à la fois envoûtante et effrayante.


Illéa rejoignit Judie et Ally au self, pour une fois, elle était affamée ! Elle ne put s'empêcher de raconter à ses amies à quel point le destin était vache. Elle leur expliqua leur altercation de samedi soir puis son nouveau statut de professeur particulier. Toutes deux explosèrent de rire devant la mine dépitée de leur copine.

-    Personnellement, je le trouve plutôt pas mal du tout, je dis ça, je dis rien, rigola Ally.

-    T'es pas la seule apparemment, remarqua Judie.

Elles suivirent son regard et le virent entouré de filles, toujours un grand sourire collé au visage. Ses éclats de rire parvenaient même jusqu'à leurs oreilles. Illéa ne parvenait pas à savoir ce qu'elle pensait de lui. Elle trouvait cela effrayant qu'il soit toujours si heureux. Il était l'exact opposé de cette dernière. Il était le blanc, elle était le noir. Il était le soleil, elle était la lune.  Le contraste était assez flagrant.

Judie se leva et rejoignit son copain James, sans oublier d'embrasser ses amies. Ally et Illéa sortirent elles aussi de la cafétéria et s'allongèrent dans l'herbe du petit parc du lycée, profitant de la petite pause qu'elles avaient. L'été déclinait peu à peu, mais en Californie, la chaleur était présente toute l'année. Ally lui parla du garçon qu'elle avait rencontré à la fête de Conrad.

-    Il était vraiment beau, et puis si gentil !

-    Vous vous êtes reparlés depuis ?

-    Non, il m'a donné son numéro mais je ne sais si je suis prête à avancer.

-    Ça va bientôt faire deux ans Al, je sais que c'est dur et qu'on met du temps à se remettre de ces épreuves là, mais tu mérites d'être heureuse. Tu ne peux pas laisser ce connard te détruire ta vie entière.

Ally se tourna vers elle, lui sourit et la serra dans ses bras. Encore une fois, Illéa ne bougea pas et resta crispée.

-    Tu sais Illéa, toi aussi tu mérites d'être heureuse, plus que tout le monde même ! s'exclama Ally

-    Arrête de dire ça.

Elle s'apprêtait à lui dire que non, elle ne s'arrêterait pas, pas tant qu'elle n'en prendrait pas conscience, mais la sonnerie l'interrompit. Illéa s'empara de son sac, lui fit un geste de la main et partit pour l'un des cours qu'elles n'avaient pas en commun.

En rentrant chez elle, Illéa reçu un message. Elle ne connaissait pas ce numéro.

« Salut, je t'envoie ce message juste pour que tu aies mon numéro. On ne sait jamais, tu en auras peut être besoin un jour maintenant que tu es ma prof ! Emerson »

Illéa soupira, enregistra son numéro à contre cœur, et lui répondit.

« Je ne te demanderais pas comment tu as eu mon numéro, même si je trouve cela assez étrange mais c'est bon, j'ai enregistré le tien. (Si tu pouvais tout de même éviter de m'envoyer des messages, je ne dirais pas non.) »

La réponse ne se fit pas attendre.

« Ne t'inquiète pas, moi aussi je m'en passerais. »

Elle sourit puis éteignis son téléphone.



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Ce chapitre est vraiment court, je pense donc vous sortir la suite demain, voir même un peu plus tard dans la soirée ;)

Bonne fin de journée et prenez soin de vous <3

ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant