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Crève donc, société ! Emile Augier.

Emerson était assis dans sa voiture, les doigts crispés autour du volant. Il se sentait tellement mal.

Kate lui avait envoyé une dizaine de messages auxquels il n'avait pas prêté attention, fatigué de toujours la remballer. Il avait aussi reçu plusieurs messages inquiets de Harry. Il ne connaissait ce dernier que depuis la rentrée mais cela ne l'empêchait pas de beaucoup apprécier le jeune homme. Il était ce qui s'apparentait le plus à un ami parmi tous ces gens au lycée, et il lui en était reconnaissant.

Il se rendit sur la colline, le fameux lieu qu'il avait fait découvrir à Illéa. Malgré le ciel orageux, il resta assis pendant plus de deux heures, à la recherche de réponses.

Pourquoi avait-t-il survécu alors que Mike n'aurait peut-être pas cette chance ? C'était injuste et incompréhensible.

Il se remémora toutes ces fois où ils étaient hospitalisés en même temps, ils ne pouvaient s'empêcher de pousser à bout toutes les infirmières du service, plus personne ne voulait s'occuper d'eux ! Il faut dire qu'à chaque fois qu'ils devaient recevoir des soins, ces petits vauriens ne trouvaient rien de mieux à faire que de jouer à cache cache dans tout le service !

Il se revoit encore en train de déprimer à cause de sa maladie, de sa différence avec les autres enfants, se plaignant de ne pas être normal. Mike lui avait alors donné son meilleur coup de poing dans l'épaule pour lui remettre les idées en place. Il lui avait dit, toujours accompagné de son magnifique sourire, d'arrêter de se plaindre, qu'il n'y avait que les faibles qui faisaient cela. Il lui avait aussi appris à trouver du positif même dans les pires situations.

Il se rappella aussi la première copine qu'il avait eu, une jolie rousse du service des grands brulés. Il avait 15 ans et elle aussi. C'était une fille très mignonne et du genre populaire, un peu inintéressante et ne possédant pas un très grand sens de l'humour, mais à l'époque, Emerson voulait juste voir ce que c'était que d'entretenir une relation avec quelqu'un.

Relation qui n'avait duré que deux semaines, elle était vite partie, son cas n'étant pas particulièrement grave. Certes elle avait plusieurs brûlures au troisième degré mais sur des toutes petites parcelles de peau. Alors après avoir été soignée, elle était partie, sans lui dire quoi que ce soit. Il n'en fut pas étonné.

Il avait toujours décidé de vivre au jour le jour, au vu de son espérance de vie, mais maintenant qu'il était tiré d'affaires, il ne savait plus comment se comporter. Il savait qu'il devait commencer à penser son avenir. Quel métier voulait-t-il exercé ? Allait-t-il allé à l'université ? Tout un tas de questions se bousculaient dans sa tête, mais malgré cela il n'arrivait pas à oublier les cicatrices d'Illéa.

Il savait que sa réaction avait dû la blesser, il en était conscient. Elle avait si bien réagi face à sa cicatrice à lui, elle l'avait rassuré, elle avait fait en sorte qu'il ne se trouve pas affreux, et c'était comme ça qu'il l'a remerciée. Le problème était qu'il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle s'était fait du mal volontairement. Il voulait savoir pourquoi, et surtout, il voulait savoir s'il pouvait s'attacher à elle ou si elle aussi allait disparaître.

La pluie commençait à tomber, et contrairement à Illéa, finir trempé n'était pas son truc. Il retourna dans sa voiture, réfléchis un petit moment à ce qu'il devait faire. Il décida de ne pas la brusquer, il attendrait le lycée pour s'excuser et lui poser les questions qui lui trottaient dans la tête, même s'il savait pertinemment qu'elle l'enverrait balader.
Il inspira un grand coup pour se donner du courage et rentra chez lui.

La soirée se termina donc tranquillement, malgré la culpabilité qui lui rongeait les entrailles. Il avait fait ses devoirs sérieusement, soucieux désormais de son avenir, et avait par la suite regardé un film avec ses parents. Il ne pouvait s'empêcher de penser à tous les sacrifices que ces derniers avaient fait pour lui. Heureusement, ils exerçaient tout les deux un métier bien rémunéré, son père étant avocat et sa mère journaliste. Cependant l'argent ne faisait pas tout, il était le premier à en avoir conscience.

ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant