Chapitre 37 : mangeons des céréales chez moi en parlant de tout ça

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Voilà une semaine que je me suis jeté dans l'amour à ses côtés, et je commence à me faire à l'idée que tout cela est bien réel, il fait tout pour me le faire comprendre, alors je n'ai pas d'autres choix que de le croire.

Aujourd'hui, c'est mercredi, et à présent je vais toujours en cours en ce jour, malgré le fait qu'il m'est insupportable d'y aller car je ne cesse de tenter d'éviter chaque potentielle conversation avec mes anciens amis.

Je saluai Seokjin avant de quitter la salle, quand je repense au fait que je le croyais être le frère caché de Taehyung juste car il portait le même nom de famille que lui, je me dis que je devais réellement être devenu fou de lui.

Suis-je encore tout aussi fou de lui qu'auparavant ? Je ne pense pas tellement, je crois que mon obsession pour lui s'est calmée à mesure que je le connaissais un peu plus.

Est-ce une mauvaise ou une bonne chose ? Je l'ignore, je ne peux pas en juger si facilement, mais je suppose que si Taehyung me taraude moins de cette façon, alors ça ne doit pas être une si mauvaise chose.

Cette après-midi, je ne verrai pas Taehyung, il m'a dit qu'il avait une multitude de choses de prévues aujourd'hui et qu'il ne pouvait malheureusement pas passer ce temps avec moi même s'il aurait aimé, je ne l'ai même pas vu dans le car ce matin et je dois bien m'avouer que ça n'a pas embelli ma journée qui s'annonçait déjà bien sinistre.

C'est donc avec très peu d'entrain que j'avais quitté l'établissement, le moral au plus bas.

Je pris le chemin pour chez moi, les pensées perdues dans le ciel bien trop bleu en ce début de journée, l'été arrivera bientôt et ça se ressent malheureusement de plus en plus, je déteste réellement cette chaleur insoutenable, je préfère grandement celle que m'apporte Taehyung.

Je voudrais tellement l'enlacer, lui et son corps si frêle entre mes bras que je me tue à muscler chaque jour, lui et sa chemise de soie fleurie qui me laisse bien trop le plaisir d'entrevoir ses courbes si délicieuses, ses lèvres saumonées semblables à celles d'un idéal qu'on aurait peint, rien de lui ne peut me rendre insatisfait, chaque parcelle de lui est si incroyable, et sa manière qu'il avait de me fuir autrefois ne faisait que susciter un peu plus mon intérêt, à présent, je suppose que son affection me comble de joie.

Suis-je toujours aussi fou de lui ? Pourquoi est-ce que cette question me hante depuis avant-hier ? Est-ce une mauvaise chose si ça n'est plus le cas ? Je l'aime tant pourtant.

Je m'arrêtai soudainement au milieu du passage clouté.

C'est vrai, je suis réellement fou de lui, le voir être si proche de moi est une torture pour mon cœur, cette question est réellement stupide, la réelle question que je devrais me poser n'est pas celle-là.

Pourquoi est-ce que je ressens ce besoin de me questionner quand tout semble aller bien ?

"Mais avance ! Ne t'arrête pas au milieu de la route comme ça ! s'exclama la voix de mon ami d'enfance dans mon dos."

Quoi ? Mon ami d'enfance ?

Je me retournai vivement et mon regard se posa sur le visage renfrogné de Yoongi, fidèle à lui-même, cigarette à la main, vêtements négligés, cheveux qui se déteignent emmêlés, rien n'a changé chez lui depuis toutes ces années, j'ai toujours aimé cette qualité chez lui, celle que peu importe à quel point j'y pense, Yoongi reste Yoongi. 

Ca faisait si longtemps que je n'avais pas ainsi détaillé mon ami, et ça semble réellement étrange que ces pensées me prennent l'esprit seulement maintenant, au beau milieu d'une route.

"Eh oh ? Tu m'écoutes ? m'interpela-t-il.

-...

-Parfois, je ne te suis vraiment pas...soupira-t-il avant de saisir mon poignet pour m'emmener sur le trottoir."

Nous nous mîmes à marcher ainsi sur le trottoir, nous nous approchons de mon quartier, et tout semble si naturel que je ne m'interroge pas tant que ça.

Comme s'il ne m'avait jamais abandonné, comme si je ne l'avais jamais fui, tout semble comme avant.

"Une chance qu'il n'y ait pas de voiture ici...Franchement, heureusement que j'étais là, je me demande combien de temps tu serais resté là, planté au milieu du passage piéton, prêt à te faire écraser par une voiture.

-Je te trouve fortement bavard aujourd'hui Yoongi, est-ce pour tenter de te racheter pour ce mois passé sans me parler ? prononçais-je avec une rancœur incontrôlée, d'ailleurs, que faisais-tu ici ? Tu me traquais ?

-J'habite dans le coin...fit-il d'une voix évasive."

Je ris à son excuse, la pire excuse qu'il aurait pu me dire, et je ne sais même pas pourquoi je ris tant alors que ça me blesse si profondément, comment peut-il me dire une telle chose ?

"Putain Yoongi, on est amis d'enfance, enfin, nous l'étions, je sais mieux que qui que ce soit que tu habites au côté opposé de la ville.

-Je sais...Mais je crois que cette excuse me paraissait moins honteuse que le fait de t'avouer que je te suivais dans l'espoir de te parler car je me rends compte d'à quel point j'ai été le pire...Je sais, que j'ai l'habitude d'être un spectateur, et j'ai fini par en oublier que j'étais un acteur pour le film de ta vie, et que je n'avais pas le droit de sortir du casting si soudainement..."

Je continuai mon chemin, sans réellement l'écouter, je savais bien qu'il avait reconnu ses tords, mais je ne savais pas si je pouvais ainsi lui pardonner de m'avoir abandonné.

Il n'avait pas le droit d'ainsi cesser de me parler justement au moment où tout semblait s'écrouler autour de moi.

 "J'ai conscience que j'ai été le pire.

-Tu l'as déjà dit.

-D'accord, je me répète mais je ne suis pas à court de mots, c'est assez étrange quand on sait que j'ai passé tant de temps dans le silence, un peu comme toi, un peu comme nous tous en fait.

-D'accord, ce que tu dis ne mène nulle part, tu ne fais qu'énoncer des faits que j'ai toujours sus.

-Bon, si c'est ce que tu veux...Ou non, que tu le veuilles ou non, je ne peux pas perdre mon ami d'enfance si rapidement, peut-être ne le sais-tu pas mais ta présence dans tous ces moments est l'une des choses qui m'ont permises de prendre du recul et de ne pas en être affecté par toutes les choses qui auraient pu réellement me blesser. Je ne peux pas ainsi te laisser m'échapper, je veux qu'on passe des après-midi à se marrer par-dessus de la musique, que tu passes des soirées entières à me parler de ton Taehyung et que je passe des nuits entières à te conter les nombreuses choses que j'ai à raconter, alors, juste pour cette fois...Je ne le dirai qu'une fois...Je suis désolé. Voilà, c'est dit. Je veux pouvoir m'expliquer, me laisserais-tu cette chance ?"

Nous nous étions arrêté au beau milieu du trottoir, en face du fleuriste qui faisait mine de ne pas nous entendre, Yoongi ne me regardait pas, il observait les jacinthes exposées dans la vitrine, moi, je le regardais sans trop le voir, vraiment préoccupé par son état.

Mon ami a changé, il n'y a pas un doute, mais je crois que ce n'est pas une mauvaise chose.

C'est drôle, je ne l'ai jamais vu ainsi coupable, et pourtant j'ai l'impression de le retrouver en le voyant ainsi.

C'est donc ainsi, qu'après seulement quelques secondes d'hésitation que je mis ma rancœur de côté pour poser ma main sur son épaule, il sursauta vivement.

"D'accord, mangeons des céréales chez moi en parlant de tout ça dans ce cas."

Nous reprîmes notre chemin sous le regard bienveillant du vieux fleuriste, et je crus halluciner quand je vis un semblant de sourire traverser le visage de mon ami.

À L'arrêt Du Champ || TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant