Chapitre 44 : je veux bien oublier

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Ils passèrent encore quelques secondes à rire comme des dauphins sous nos yeux aussi heureux qu'ébahis, puis soudainement ils se mirent à sangloter.

Ils sont devenus fous.

Pourquoi se mettent-ils à sangloter si fort ? Pourquoi si brusquement ? Comment des larmes de joie se sont transformés si vite en larmes de tristesse et de douleur ?

"Eh, ça va ? demanda timidement Jimin.

-Ouais, ouais c'était trop drôle...lui répondit Hoseok sanglotant."

Mon Dieu, que se passe-t-il ?

De quoi ont-ils pu parler ? Se sont-ils disputés ? Que s'est-il passé pour qu'ils se mettent si soudainement à pleurer ?

"Je ne connais que très peu Yoongi, et il ne m'a jamais montré de bonne facette de lui...débuta Taehyung, hésitant, mais ne voulez-vous pas oublier vos peines ? A force de vous voir ainsi sangloter, je vais finir par faire exploser ma tristesse et mes regrets à travers des milliers de larmes.

-D-Désolé Taehyung...s'excusa Hoseok, sans pouvoir s'arrêter de sangloter.

-Ne t'excuse pas de te sentir triste Hoseok, ça rend la chose encore plus triste.

-Non, le plus triste ici, c'est Yoongi..."

Nous nous tournâmes vers Yoongi, qui sanglotait plus qu'il ne l'avait jamais fait.

Sans trop réfléchir, je me mis à enlacer mon ami, il semble si exténué, et quand je le sers contre moi comme maintenant, ça me donne le sentiment qu'il pourrait s'effondrer à tout moment, ou plutôt qu'il est déjà au plus bas.

Jimin rejoint l'étreinte, et je me rappelai soudain de l'amour que ressentait mon ami pour ce garçon, je n'avais pas pris le temps d'en être étonné, ou peut-être était-ce légèrement évident depuis tout ce temps, l'attention que le teinté lui avait porté avait toujours été trop forte pour ressembler à une simple amitié.

Hoseok, toujours en sanglots, rejoignit à son tour l'étreinte, et je me mis à regarder Taehyung, pour l'inciter à rejoindre, mais il semblait décidément ne pas être à l'aise avec les autres, surtout quand ces autres semblaient le détester.

Je lui souris le plus fort que je le pus, il me le retourna légèrement, sous la forme du sourire qu'il n'a jamais adressé à quiconque autre que moi, ce sourire léger triangulaire, si doux.

C'est ainsi qu'il rejoignit l'étreinte, et que nous restâmes un petit temps, ainsi enlacés à même le sol de la cuisine qui servait également de salle à manger.

"Je veux bien oublier, si la proposition te tient toujours à cœur, Taehyung."

Je sentis les bras de mon amour nous serrer un peu plus fort, avant de nous laisser complètement.

Notre éteinte prit fin, et nous passâmes un petit temps à nous observer, il est vrai que ça a dû être réellement étrange comme moment pour eux qui ne se connaissent que très peu, peut-être s'apprivoisaient ils à travers ces regards échangés.

Puis, d'une petite voix que nous eûmes tous du mal à correctement percevoir, Taehyung nous proposa ceci : 

"Et si nous nous envolions comme si tout était fini, comme si nous pouvions étendre l'infini ?"

Je l'aime tant, je m'en rends compte toujours plus à chaque instant, mon dieu, il est fascinant.

Jimin hocha la tête, et tout le monde approuva, sans même savoir comment nous allions voler aujourd'hui.

"Jungkook m'a dit que sur ses patins, il avait le sentiment que rien dans ce monde ne pourrait le faire tomber, si ce n'est que lui-même, et qu'il pouvait définitivement voler, si possible...Pourquoi vous n'essayeriez pas ?

-Avons-nous tous des patins à roulettes à notre taille ? demandais-je inquiet.

-Moi j'en ai ! Bien que je ne m'en sois jamais servi...prévint Hoseok.

-Je ne fais pas que danser les pieds sur terre, il semble donc évident que j'en possède également...avoua Jimin, ce qui m'étonna fortement après toutes ces heures que j'ai passé à patiner autour de lui.

-Je n'en ai pas...Disons que je n'ai jamais pris le temps...D'expérimenter les choses joyeuses."

Je lui souris pour le réconforter, avant de leur dire de m'attendre là le temps que je prenne mes anciens patins à roulette.

Taehyung et moi nous avions les nôtres, ceux que nous n'avons jamais eu l'occasion d'utiliser.

"Je vous propose que nous nous retrouvions sur le parking du stade dans une heure ? Le temps de nous préparer et d'aller chercher nos affaires, leur proposais-je, ce à quoi ils acquiescèrent."

C'est quelque peu timidement que nous nous sommes salués, notre étreinte était sans doute un peu trop déplacée, mais je savais que rien ne pouvait nous faire nous sentir mieux que le fait de nous enlacer.

"Tu m'as manqué Jungkook, s'exclama Taehyung dès que la porte se ferma sur le dernier invité.

-Toi au-"

Il m'embrassa brutalement, toujours aussi désespérément, quand il m'embrasse ainsi ça m'effraie, car ça me donne l'impression que bientôt il disparaîtra, ce qui est encore plus effrayant là-dedans, c'est qu'il ne m'a jamais embrassé autrement que de cette façon.

je pris appui sur ses épaules, comme si j'allais m'effondrer à tout moment, l'une de ses mains trouva refuge dans mes cheveux qu'il empoigna brusquement, et l'autre se faufila au creux de ma taille dans un mouvement complètement naturel.

Je ne me lasse pas de la sensation de ses lèvres sur les miennes, ni de la chaleur et du goût de sa langue qui danse avec la mienne comme dans une valse romantique, dans la douceur et l'empressement digne de la valse romantique de Debussy, ça lui ressemblait tant finalement.

Il délaissa quelques instants ma langue pour venir mordiller ma lèvre inférieure, ce qui m'entraîna dans une légère douleur délicieuse, je ne me lasserai jamais de ses mouvements, de ses gestes, de ses mots, de sa voix, je ne me lasserai jamais de toi Taehyung, le comprendras-tu ?

Il tira légèrement sur mes cheveux comme pour me repousser, sans pour autant s'arrêter de suçoter ma lèvre inférieure qu'il torturait sans pitié.

Il reprit enfin le contrôle de lui-même au bout d'un certain temps et se sépara de moi, à mon grand désespoir.

Nous reprîmes nos souffles, et l'image m'était sensuelle quand j'y repensai.

Délicieux.

Nous ouvrîmes nos paupières, et j'eus l'occasion d'observer son regard désireux de m'embrasser plus longtemps, qu'est-ce que j'aimais quand ses iris s'humidifiaient pour cette raison bien précise.

"On doit y aller...prononça-t-il faiblement, vraisemblablement déçu de devoir mettre fin à notre échange.

-D'accord, allons-y, on doit apprendre à voler jusqu'à l'infini.

-Rappelle-toi de la date d'aujourd'hui, car elle devra rester dans nos esprits, j'ai moi-même un grand mal à réaliser ce qui est en train de se passer, je ne connaissais pas avant le pardon, jamais je n'ai pu l'expérimenter.

-Et c'est comment ?

-Magique."

Nous nous sourîmes, puis main dans la main nous empruntons le trajet jusqu'au car, le pas pressé.

À L'arrêt Du Champ || TaekookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant