Tragédie

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Maman est partie il y a une heure. Elle m'a aidé à ranger nos courses et nous avons un peu discuté de mon déménagement.
Après son départ, je fais ma séance de yoga. Selon le docteur qui s'occupe de ma grossesse, c'est important sur ma santé.
En même temps, ces derniers temps je ne suis pas dans ma meilleure forme.

Et vas-y que je croise les jambes, ensuite je lève les bras.
J'inspire profondément et commence mon exercice.
À 22h je termine ma séance pour me blottir dans mon canapé et commencer une série netflix.
Black Mirror.

Trente minutes plus tard, je reçois un appel d'Agatha.
Mon coeur bourdonne dans mes oreilles et j'anticipe la voix qui se trouve à travers l'appareil. Je prie pour que ça ne soit pas lui.
Je ne souhaite pas lui parler. Pas ce soir.

- Allô? Kendla?

Je pousse un soupir de soulagement lorsque je constate que c'est la voix de Agatha elle-même. Mais ce soulagement ne dure pas longtemps car j'y discerne de la panique.

- Tu vas bien? Paniqué-je.

- Coo...Cooper... est... on s'est fait agresser par Flynn.

Flynn? Le Flynn de la forêt?

- Qu'est-il arrivé à Cooper?

La peur m'empêche de respirer et je tremble à l'hôpital.

- Il est grièvement blessé. Il est à l'hôpital.

Mon univers s'arrête. Je respire mal.
Une main sur mon coeur, je  manque de lâcher mon smartphone.

- Où est-il? Je vais retourner au Canada.

- Non. Les médecins ont préférés leur transférer aux États-Unis. Ses médecins habituels s'occuperont de lui... Juste que sa blessure est grave. Et nous sommes en route pour Washington.

-  Et qu'en est-il de l'agresseur ? Dis-je essoufflée. N'y croyant pas que c'est le gentil Flynn des bois.

- J'ai pu contacter la police à temps. Avant qu'il ne tue Cooper. Oh que c'est horrible!

Je constate donc que l'agresseur est en prison. Ce qui me soulage plus ou moins.

L'hôpital est un véritable vacarme. Je sens l'odeur des médicaments et du formole flotter dans l'air. Je me bouche le nez et retrouve Agatha dans la salle d'attente.
Elle semble encore sous le choc mais un médecin l'a ausculté quelques minutes plus tôt.
Je me jette dans ses bras pour la réconforter et elle se jure de ne plus vivre dans cette cabane car Flynn est peut-être en prison mais la française est encore dans la nature.

Il nous a fallu quelques heures d'attente pour rendre visite à Cooper.
Plongé dans un profond coma, il est allongé sur le lit, sparadrap et plâtre sur le corps.
Des larmes jaillissent de mes paupières et je m'en veux de ne pas avoir été là pour le sauver. Je réalise que j'ai failli le perdre alors que ma colère a pris le dessus. Je m'en veux de lui en avoir voulu assez longtemps.
Je lui serre la main. Son corps est inanimé et ses yeux sont clos. Quand se réveillera-t-il?

Ce qui peut me consoler se sont les battements de son cœur. On peut voir sur un cardiographe les pulsations de sa cardiaque.
Mes yeux s'attardent ensuite, sur son visage rempli d'hématomes et de quelques écorchures. Je soulève d'une main, ses cheveux bruns et dépose à son front un baiser d'amour.
Je caresse légèrement son corps et je sanglote en le voyant dans cet état.
Comme je regrette !

Le reste de l'après-midi, Maman et Billy sont venus le voir.
Ils n'ont vu que son corps inerte. Il ne s'est pas encore réveillé.
Maman est partie à mon appartement pour me prendre quelques couvertures et des habits de rechange.
Je ne compte pas quitter le chevet de son lit. Il en est hors de question que je le laisse une seconde de plus.

Ce soir, maman veillera avec moi. Elle souhaite aussi savoir mon état et l'état de mon bébé. Dans ce cas, nous sommes allés voir une infirmière qui m'a fait un radiographie. Je suis qu'à un mois et mon bébé ressemble déjà à une graine d'abricot. Je souris lorsque je vois ce petit être dans mon ventre.
Je l'aime déjà.

Au lendemain, elle me laisse seule car elle doit aussi s'occuper de papa.
Billy revient, et m'apporte un petit déjeuner.
Cappuccino et quelques viennoiseries.
Pendant ce temps, Cooper n'est toujours pas réveillé. Cela m'attriste et me sert le coeur.
J'ai besoin de l'entendre.

Il m'arrive parfois de lui parler. De lui dire ce que je ressens. De lui supplier d'entendre ma voix. De le rassurer que je l'aime du plus profond de mon âme. Il m'arrive aussi de lui parler de notre bébé. De lui dire qu'il sera un bon papa mais qu'il doit se battre pour survivre car je ne supporterais pas de vivre une vie sans lieu. Il m'arrive de pleurer, de lui caresser et de l'embrasser.
Parfois, je dors sur son lit pour lui faire sentir ma présence. Lui montrer que je suis là. Mais il ne se réveille toujours pas.

Les yeux embués de larmes, je retourne à la maison alors qu'Agatha a pris le relai pour le surveiller.
Je range mon appartement et prends ma douche dans la salle de bain.
C'est alors que j'entends des pas. Je pense d'abord à maman mais ce n'est pas dans son habitude de rentrer sans dire un mot.
Je quitte alors la douche pour aller voir et tombe sur la française.

Delaforêt.

Je te déteste CooperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant