Les regrets

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Plongé dans le noir, Steeve se blottit dans son lit.
La moitié de son appartement est vide, ce qui me laisse croire que Becky est partie. Ou bien qu'il l'a tout simplement mis à la porte.

Le regard dans le vide, il fixe un point derrière moi et prend son air sévère alors que j'attrape une chaise pour lui parler.

- Écoute... Tu ne peux pas rester dans cet état là pour une fille qui n'en vaut pas la peine.

- Et toi, tu ne dois pas  « servir » un garçon qui n'en vaut pas la peine.

Je pousse un soupir.

- Je suis venue ici pour te convaincre à passer à autre chose. Papa m'a dit que t'as perdu toute gaité.

- C'est exacte. Je croyais qu'elle était l'amour de ma vie. Grogne-t-il. Je pensais qu'elle m'aimait. Mais en même temps, j'ai mal à cause de ce satané garçon. Il était mon meilleur ami!

Sa respiration se précipite et j'ai du m'accrocher à mon siège pour éviter de fuir. Il me terrifie.

- J'espère que tu m'as choisi, moi. Dit-il, en fumant quelque chose.

Il s'est remis à fumer. Remarqué-je.

- Je prévois de me fiancer avec lui. Avoué-je en toute honnêteté.

Le silence qui s'en suit me déstabilise. Voire, cela me paralyse.

- Alors, tu n'as rien à faire ici.

- Tu ne sais pas ce que tu dis, Steeve. Tu es encore en colère.

- Kendla... Je veux que tu sortes de ma maison. Gronda-t-il dans un rugissement qui exprime toute sa rage.

Je bondis aussitôt de ma chaise et me dirige vers la porte.
Mon coeur se sert au même moment où J'attrape le poignet.
Je réalise aussitôt que pour Steeve, je ne suis plus sa soeur et que je ne franchirai plus cette porte.
Peut-être que je ne le reverrai plus jamais ? M'en voudra-t-il assez longtemps ?

- Je suis désolée, Steeve. Murmuré-je avant de quitter sa maison.

Il me répond par un soupir et replonge dans ses draps, en poussant un cri atroce qui me déchire le coeur.
Le cri d'un coeur brisé.

Ce qui s'est passé chez mon frère me hante l'esprit et au fil du temps, un sentiment de culpabilité s'installe en moi.
Pour me changer les idées, je décide d'assister à mon cours de yoga, spécialement fait pour les femmes enceintes.
Je veux tout oublier. Je veux me sentir légère et ne penser à rien. Ni à Steeve, ni à Cooper et encore moins à mon chapelet de malheur.
J'enchaîne alors les mouvements de mon coach, je respire profondément et je tente d'apaiser mes muscles, en vain.
Mon manque de concentration m'empêche de réussir les enchaînements.

Déçue du résultat final de ce cours de yoga, je quitte la salle avec un air renfrogné.
Si je pouvais au moins régler tous mes problèmes en un claquement de doigt! Malheureusement rien est facile.

Dans l'après-midi je retrouve maman dans mon appartement pour me faire un petit rapport de ce qu'a dit le docteur sur Cooper. En effet, l'hôpital l'a fait quelques analyses afin d'évaluer son état, actuel.
Bonne nouvelle! Il pourra peut-être s'en sortir.
Soulagée, je trinque cette bonne nouvelle avec un verre de jus d'orange.
Ayant un petit penchant pour l'alcool, maman s'est servi une bière.

Ce petit moment d'allégresse ne s'achève que lorsque nous abordons le sujet « Steeve et sa peine de coeur ». Elle pense qu'il lui faut du temps pour s'en remettre car il est encore en colère et que c'est un homme blessé.

- Que penses-tu de cette situation ? Lui Demandé-Je.

- Je pense que Cooper a fauté mais qu'au fond c'est quelqu'un de bien. Il est humain, tout comme ton frère et Becky. Tout le monde commet des erreurs regrettables! Et on peut en vouloir à personne. (Elle soupire). Du moment qu'il reconnaisse ses torts, et que Steeve apprend à pardonner, cela leur servira de leçon. La haine ne mène nulle part, mon enfant. Quant à cette fille, elle n'était tout simplement pas destinée à ton frère.

Je soupire à mon tour et regrette de ne pas avoir pardonner Cooper avant ce tragique incident.
Qu'aurais-je fait s'il était mort?
Il est sûr que je ne me serais jamais pardonner et que je serais triste le restant de ma vie.

- C'est pour ça qu'il faut toujours pardonner ceux qu'on aime. On ignore ce que la vie nous réserve. Ajoute-t-elle, vaillamment.

Des larmes jaillissent alors de mes paupières et j'éclate en sanglot. Elle me rattrape dans ses bras et me console avec des patouilles qu'elle sait très bien faire.

- Il aurait pu mourir... Murmuré-je, alors que de la morve sort de mon nez.

- T'as eu de la chance. Chuchote-t-elle, en me tendant un mouchoir.

Je me mouche.

- Je m'en veux tellement d'avoir repousser ses excuses... Et j'ai été tellement bête d'avoir garder ma fierté.

Maman me regarde avec beaucoup de compassion. Puis continue ses caresses dans mes cheveux.

- Je m'en veux de l'avoir laissé juste parce que j'étais stupidement jalouse d'une fille qu'il n'aime pas. Et le pire c'est qu'il m'a donné des occasions pour se faire pardonner mais j'ai refusé.

Malgré mes lamentations et mes regrets, maman continue toujours de m'épauler et de me soutenir.

- Quoi qu'il arrive, chérie, je serais toujours avec toi. Marmonne-t-elle.

- Merci, maman. Merci d'être là pour moi.

- Ça sert bien à ça une mère. Sourit-elle.

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres et je repense subitement à Cooper.

- Je l'aime tellement maman... Et je souhaite qu'il sache que je le pardonne.

- Alors fait ce que t'as à faire car il t'attend dans son lit d'hôpital.

Mon coeur s'arrête net.
Attend! Il est réveillé?!
Cooper a survécu ?!

Je te déteste CooperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant