Chapitre 10 : Axelle

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Il ne répond pas et essaie de resserrer son bandage avec sa main valide. La table est recouverte de sang. Cette image me fait frissonner et je repense tout à coup au rêve que j'ai fait quelques jours auparavant. Ce liquide rouge et poisseux qui dégouline de partout et qui se colle à ma peau me donne envie de vomir. Je regarde mes mains qui sont à nouveau tâchées du sang d'un autre.

Ma vision se trouble et mon cœur bat plus vite. Ce rêve m'a paru si réel. Je revois les soldats prêts à me tirer dessus, la lumière qui s'éteint, l'homme au visage effrayant qui tente de m'étouffer, et les cadavres. Tous ces cadavres à mes pieds qui m'ont souillée de leur sang. Tous ces hommes que je connaissais peut être, qui avaient une famille et des amis et qui se sont fait massacrer, et pas moi. Pourquoi pas moi ? Ma respiration s'accélère. Il n'est pas normal de se souvenir d'autant de détails d'un simple rêve. Toutes les images, tous les sons, tous les ressentis pendant ce rêve n'ont jamais quitté mon esprit. J'ai l'impression d'avoir vécu la vie de quelqu'un d'autre. Mais c'est impossible.

- Axelle, ça va aller d'accord ? Ce n'est qu'une égratignure.

La voix de Michael me parait lointaine. Je cligne des yeux pour chasser les tâches floues et essaie de revenir à la réalité. Le jeune homme s'est mis debout, sa main droite compressant son bras gauche dégoulinant de sang. Je reprends les choses en main et m'exclame :

- Assied-toi immédiatement. Si tu as perdu beaucoup de sang, il vaut mieux que tu fasses un malaise assis plutôt que debout.

Il m'obéit comme obéirait un gamin à sa mère et ajoute d'un ton amusé pour détendre l'atmosphère :

- Très rassurant, merci.

Je lui fais un petit sourire en coin et sors ma trousse de pharmacie. J'en extraie tous les pansements et compresses que je peux y trouver et balbutie :

- Il y a peu de médecins ici, ils sont loin, très occupés et hors de prix, je suis désolée il va falloir que...

- J'ai connu pire tu sais, me coupe-t-il en posant sa main droite sur la mienne, je m'en remettrai très vite.

Ce geste aurait dû me réconforter, mais il me fait frissonner. La substance rouge, froide et malodorante qu'il vient de déposer sur ma main me gène plus qu'autre chose. Je n'ose pas m'en débarrasser devant lui et lui tend alors toutes sortes de compresses et de sparadraps pour qu'il puisse stopper l'hémorragie.

Je lui propose ensuite de se reposer dans mon lit tandis que j'essaie de faire disparaitre les traces de sang collées sur mon parquet. Mes cheveux ondulés tombent devant mes yeux, et, accroupie sur le sol avec une éponge à la main, je repense à la main réconfortante de Michael qui a effleuré la mienne. Le sang était devenu froid, mais la paume de sa main en dessous quand à elle était douce et chaude. Je scrute l'endroit exact où j'ai senti ce contact si chaleureux et regrette de ne pas en avoir plus profité.


Quelques heures plus tard, il se lève enfin et m'informe qu'il doit s'en aller. Il n'oublie tout de même pas de manger son omelette devenue très froide et je lui promets de l'inviter une autre fois pour manger un meilleur plat un peu plus chaud. Il accepte avec bon cœur et je le regarde refermer la porte de son appartement derrière lui en soupirant. Cette après-midi aurait pu être très agréable mais il a fallu que cette mystérieuse plaie vienne gâcher ce moment.

Je sais qu'il ne m'a pas tout dit. Il n'était pas sincère lorsqu'il a affirmé s'être juste coupé avec un bout de métal pointu. La blessure n'aurait pas pu être aussi grave.
Je me poste comme d'habitude sur mon petit balcon et respire l'air chaud de l'après-midi. Michael est un garçon très mystérieux, mais je crois que je l'aime bien.


Hey !!! Oui je sais les chapitres sont très courts mais je vais essayer d'en poster plus souvent du coup.
Et je tenais également à m'excuser pour la couverture qui change tout le temps... Mais je n'arrive pas à en trouver une qui me convient !!!
Voilà c'est tout pour aujourd'hui.
Bisous !

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant