Chapitre 49 : Michael

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Je baisse la tête et poursuis ma route, accablé. D'autres soldats ne vont pas tarder à arriver, il nous faut partir avant. Je traine la jeune femme qui peine à mettre un pied devant l'autre et nous descendons ainsi les marches de l'escalier pour nous retrouver soudainement dans la grande salle de fête à présent déserte. Quelques serveurs, gardes et invités ont succombé et souillent à présent le sol de leur sang vermeil. Nous entrons dans l'ascenseur où je dépose la jeune femme sur le sol, essoufflé. Personne ne dit un mot durant l'interminable descente, mais une question en particulier me revient à l'esprit :

- Pourquoi tant de gens ont péri, et pas nous ?

- Ce n'est que le hasard, me répond Manoé en soupirant.

- Nous aurions pu éviter qu'il y ait d'autres victimes.

Mon ami soupire et lance :

- Nous devions la tuer, pas la peine de prendre trop de risques inutiles. Et vous là-bas ! Pourquoi avez-vous mis autant de temps à le tuer l'autre salopard ?

La jeune femme lève légèrement la tête et crache :

- J'attendais qu'il soit assez près de moi pour pouvoir le tuer plus facilement, mais bien évidement, il a vu mon couteau avant que je ne lui fasse la peau. Vous n'allez quand même pas dire que c'est à cause moi que votre ami Octave s'est fait tuer ?

Je serre les dents. C'est là où je voulais en venir. Je pensais que mourir ça n'arrivait qu'aux autres. La réalité vient de me tomber dessus soudainement et m'assomme plus que je ne l'aurai imaginé.

Manoé s'apprête à répliquer mais je suis plus rapide :

- Non évidement, ce n'est pas votre faute. Ce n'est la faute de personne.

La descente se termine dans le silence et lorsque les portes s'ouvrent, un grand tumulte s'offre à nous.

Les invités courent dans tous les sens en essayant de trouver et de démarrer leur voiture le plus rapidement possible. Des bouchons se forment, des coups de klaxons fusent à tout va, et un hélicoptère qui survole la zone vient se mêler au remue-ménage. La lumière du véhicule passe juste au dessus de nous et nous nous camouflons du mieux que possible en évitant à tous prix de nous faire repérer. Je soulève à nouveau notre chef et ensemble, nous nous précipitons vers un tas de voitures enchevêtrées qui essaient de descendre de la colline par l'unique route.

- Nous ne pouvons pas rentrer à pieds ! s'exclame Manoé par-dessus le vacarme. Elle ne tiendrait pas.

Il désigne la jeune femme que je porte presque et qui a les paupières mi-closes à présent. Nous tambourinons à la fenêtre d'une grande voiture et elle s'ouvre lentement, dévoilant le visage d'une femme d'un certain âge, accompagnée de son mari au volant.

- Est-ce que vous pouvez nous prendre avec vous ? Notre voiture nous a été volée !

La femme dévisage Manoé rempli de sang avec effroi et balbutie :

- Il parait que les terroristes sont déguisés en invités, on ne peut pas vous faire descendre.

Elle referme alors rapidement la fenêtre de la voiture vrombissante et son mari nous lance un regard noir. Manoé peste et nous entraine vers l'arrière de la file de voitures. Un grand coup de vent nous surprend alors et nous comprenons que l'hélicoptère va tenter d'atterrir tout près de nous. Manoé ouvre brusquement la portière de la dernière voiture de la file et pointe son pistolet sur le conducteur :

- Laissez nous votre voiture et vous aurez la vie sauve.

L'homme nous lance un regard apeuré et hoche difficilement la tête. Il sort de l'autre côté et je vois la main de mon ami trembler. Je sais qu'il hésite entre la possibilité de l'achever ou de le laisser en vie. Je le fixe avec un regard profond et il soupire avant de ranger son arme et de s'installer au volant. L'homme s'écarte lentement sans nous tourner le dos et je m'installe avec la jeune femme à l'arrière. Le véhicule démarre alors que l'hélicoptère se pose lentement juste derrière nous et après quelques coups de klaxons et accélérations, nous disparaissons dans la nuit.

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