Chapitre 80 : Axelle

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Cela fait déjà plusieurs jours que j'attends. Coincée dans cette infirmerie, j'essaie de ne pas devenir folle en pensant au fait que je souffre d'une amnésie temporaire. Le médecin ne m'a pas dit pourquoi, ni Michael, ni Manoé, ni Karl que je n'ai pas vu depuis un bon bout de temps. Ils ne veulent pas non plus m'expliquer, me raconter ce qu'il s'est réellement passé. Je soupire et appuie ma tête contre l'oreiller blanc et moelleux. J'ai l'impression d'avoir les muscles complètement tétanisés à force de ne pas les bouger. On m'apporte mes repas, et le seul trajet que je peux faire dans la journée est celui qui relie mon lit à la salle de bain de l'infirmerie. J'ai déjà compté tous les meubles, essayé de deviner la superficie de la pièce, discuté avec tout le personnel médical...Je suis au bord de la crise de nerf. J'aimerais pouvoir agir, mais le temps passe, défile à une vitesse inimaginable. Et pendant que nous ne faisons rien, que je ne fais rien, des innocents souffrent et meurent par centaines.

-         Bon, je pense que vous pourrez sortir demain.

-         C'est vrai ? m'exclamé-je à l'attention du médecin.

Il hoche solennellement la tête et me jette un regard suspicieux avant de s'éloigner. Je me demande ce qui le dérange, mais je m'aperçois vite le lendemain que beaucoup d'autres personnes me lancent ce genre de regard lorsque je traverse les couloirs de l'immeuble. Je me sens oppressée alors je me terre dans la salle de réunion et ferme la porte derrière moi.

Je balaie la pièce sombre du regard. Il y a une grande table en métal au centre avec d'innombrables petites chaises autour, des armoires dans les coins renfermant des papiers importants ou des armes, mais c'est Karl que j'avais espéré voir en venant ici.

Je soupire et tire une chaise pour m'y asseoir brutalement dessus. Je prends ma tête dans mes mains et ferme les yeux. Comment me suis-je retrouvée à l'infirmerie ? Qui a tiré sur Manoé ? Où est Karl ? Que s'est-il passé bon sang ?

Je me redresse d'un seul coup et pousse un cri de frustration. Je me sens ignorante, je déteste ce sentiment. Le plus grave c'est que tout le monde autour de moi est au courant, et que personne ne me dit rien, car j'aurais soit-disant un énorme choc.

La porte derrière moi s'ouvre et Michael passe sa tête à l'intérieur de la pièce. Il m'aperçoit, les yeux brillants, et entre discrètement avant que je ne lui tombe dans les bras.

-         Salut, souffle-t-il, je suis content que tu sois enfin sortie.

-         Moi aussi, je réponds, je n'en pouvais plus de cette odeur de sang et d'antibiotiques.

Je le serre plus fort contre moi et sens sa respiration me chatouiller la nuque. Je l'aime tellement, j'espère qu'il m'aime tout autant, même si depuis notre retour, je n'en suis pas si sûre.

-         Comment va Manoé ?

Il se tend, je l'ai senti. J'ai l'impression que quelque chose est de ma faute mais bien évidement, je ne sais pas quoi. 

-         Il va bien ne t'inquiète pas, c'est un dur à cuire.

Nous restons un moment dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à ce que Michael demande gravement :

-         Est-ce que tu te souviens d'une discussion que nous aurions eue pendant la précédente mission ? 

Je m'écarte de lui. Essaie-t-il de me rappeler certains évènements, ou alors se moque-t-il de moi ?

-         Pourquoi est ce que je m'en souviendrais ?

-         Parce que tu n'as pas tout oublié, je me trompe ?

J'hoche la tête et essaie de me concentrer :

-         Sois plus précis.

Il se racle la gorge et commence avec peu de sérénité :

-         On était seul, Manoé et Karl étaient restés en arrière pour nous défendre. Nous avons eu...une assez longue discussion, juste avant que des gardes ne nous tombent dessus et nous emmènent auprès de ton...oncle.

Je me mords la lèvre inférieure. Je n'en ai absolument aucun souvenir, mais je brûle d'envie de savoir de quoi il s'agissait.

-         Je ne m'en souviens pas du tout Michael, mais dis moi ce que c'était s'il te plait ! J'en ai assez d'être amnésique.

-         Ce n'est pas grave, cela te reviendra sûrement plus tard.

Il fait volte-face mais je l'arrête :

-         Mike je t'en prie, dis le moi ! Etait-ce si important que cela ? Je te jure que ce que je t'ai dit là-bas, je le pense toujours, j'en suis sûre !

Il me lance un regard désolé.

-         Non, j'ai l'impression que tu as changé d'avis.

Je suis abasourdie. Je reste plantée dans la salle vide, tandis qu'il s'éloigne et referme la porte derrière lui, me laissant déboussolée, inquiète et frustrée.

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant