Chapitre 53 : Michael

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Entrant dans le jeu de ma supérieure, je reste dans ce vieil immeuble délabré un jour, puis deux, puis trois... Les journées son plutôt répétitives et monotones. Je veille sans relâche sur la jeune femme avec qui j'essaie d'être le plus complice possible, pour qu'elle m'avoue enfin tous ses secrets. Nous rions, parlons, mangeons ensemble, et chaque fois, je lui demande pourquoi je dois à tout prix rester ici, mais jamais elle ne me répond. Mais au bout du cinquième jour, alors que je suis sur le point de lui souhaiter une bonne nuit, elle murmure avec un petit sourire mesquin aux lèvres :

-      Michael, si vous revenez me voir demain, vous aurez ce que vous voulez. 

A cet instant, je me retiens de sourire et j'acquiesce tout simplement en prenant congé. Demain, je saurai enfin tout, je retrouverai Axelle, mon chez moi, tandis que les autres continuent de se soigner, et ensuite nous repartirons vers un autre état. Je monte gaiement les marches, étale ma couverture que j'ai depuis cinq jours et me pelotonne dedans avant de m'endormir, satisfait.

Le jour pointe et le soleil vient directement lécher mon visage car la fenêtre n'a plus qu'un cadre en bois, la vitre a disparu. Je m'étire, baille, et observe mes quelques camarades qui ont dormi ici comme moi, ronfler encore paisiblement. Ceux qui sont ici toute la journée doivent aussi recevoir des soins, c'est pourquoi ils ne rejoignent pas leur demeure provisoire. Tous les membres restants de notre organisation doivent être rétablis au plus vite si nous voulons déguerpir de cet état. Je me lève et me dirige sur la pointe des pieds vers les escaliers qui me mèneront directement à la jeune femme, allongée sur sa couverture à l'étage du bas. L'excitation s'empare de moi et je dévale les marches, comme lorsque je devais aller ouvrir mes cadeaux dans le salon quand j'avais cinq ans. J'entre dans la pièce, le sourire aux lèvres, prêt à souhaiter un bon réveil à la jeune femme, mais ce que je vois me stoppe directement dans mon élan. La couverture est pliée, et personne ne se trouve dessus. Elle est partie, elle a filé dans la nuit pour ne pas me dire toute la vérité. Je pousse un juron qui résonne dans la pièce et je me jure que si je la revois un jour, je lui lance mon poing dans la figure. J'en ai assez qu'elle se serve de moi tout le temps, qu'elle me mente et me manipule. Une grande colère s'empare de moi, et je sors de l'immeuble en ayant averti personne de mon départ précipité.

Il est assez tôt, peu de gens se baignent, mais beaucoup font leurs courses au marché. Des gardes sont postés à intervalle réguliers, et j'essaie d'éviter la foule en faisant un détour. Mon appartement se dresse au loin, et j'accélère le pas. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point Axelle me manquait. Je pousse la porte d'entrée et gravis les quelques marches au pas de course. Je prends une grande inspiration, arrivé devant la porte, derrière laquelle se tient normalement mon amie, puis frappe quatre coups.

Le battant s'ouvre en très peu de temps, et le visage cerné, blafard et triste de mon amie apparaît. Cependant, une lueur d'espoir brille dans ses yeux. C'était surement l'espoir de me retrouver derrière cette porte, et cet espoir c'est transformé en réalité. Elle lève une main tremblante vers moi, et ses yeux se remplissent de larmes :

-         Michael...

-         Oui c'est bien moi.

-         Cela fait une semaine que tu es parti.

A ces mots, elle fond en larme et se laisse tomber au creux de mes bras. Je la rattrape et l'étreins très fort en enfouissant ma tête dans ses cheveux lisses. Ses cheveux lisses ?

-         Axelle, depuis quand tes cheveux sont ils aussi raides ?

D'habitude, sa chevelure frisée et bouffante retombent légèrement sur ses épaules, à présent, ils sont raides, doux et longs.

Elle s'écarte de moi et essuie lentement les larmes qui dégoulinent jusqu'à son menton :

-      Je suis allée chez le coiffeur, et il me les a lissés pour pouvoir me les couper. 

Je caresse sa magnifique chevelure qui me fait penser à celle de ma chef. Je secoue la tête pour éviter de penser à cette menteuse et entraine mon amie à l'intérieur. Je m'assois à table et elle court me préparer un petit déjeuner après avoir insisté pour me le faire. Elle dépose trois belles tartines de miel devant moi et s'installe en face. Elle me regarde dévorer mon repas en souriant. Voyant que ses yeux sont toujours aussi humides, je lui attrape la main et la lui caresse doucement :

-         Ca ne va pas Axelle ?

-         Je m'étais fait à l'idée que tu étais mort ! s'exclame-t-elle en sanglotant de plus belle, et c'est alors que je te vois débarquer l'air de rien dans notre maison, je n'arrive pas à y croire.

Je souris tristement et me penche légèrement en avant pour lui caresser sa joue humide.

-      Mais maintenant je ne risquerai plus ma vie je te le promets. Comme ça, je protégerai tout le monde en ne me mettant pas dans des situations dangereuses.

Axelle sourit également et nous profitons de cette journée magnifique pour la passer ensemble.

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