Je suis dans le noir complet. Allongée, recroquevillée, dans une marre de sang. Le plafond est noir, le sol est noir, les murs aussi. Suis-je enfin morte ? Il n'y a que les ténèbres, rien que les ténèbres. Pourtant, une lueur s'allume au loin. Tout s'arrête. Des petits pas légers et furtifs s'avancent, rebondissant sur le sol. Des pas d'enfant, l'innocence d'un enfant qui brille.
Tout redevient clair. Mon oncle a fini de s'occuper de moi. Il m'a laissée pour morte sur le sol froid, et son regard se dirige à présent vers la présence qui pénètre furtivement à l'intérieur de la pièce, par une porte latérale. C'est une petite fille de six ans à peine, qui s'approche vers le dictateur timidement, ses longs cheveux blonds emmêlés dans son dos.
- Ma chérie, qu'est ce qu'il t'arrive, tu as fait un cauchemar ?
L'homme prend la petite dans ses bras et la colle contre lui :
- J'arrive pas à dormir.
Elle a une petite voix fluette et endormie. Elle se frotte mécaniquement les yeux et pose son regard sur la scène de carnage qui l'entoure.
- Regarde chérie, papa a arrêté les méchants. Alors, comment on le remercie papa ?
La petite sourit, dégage une de ses mèches de cheveux et dépose un baiser sur la joue de son père. C'est ma cousine, pensé-je. Ma cousine que ce salaud a endoctrinée, comme il l'a fait avec moi. Après mon départ, il a vite trouvé une remplaçante. La pauvre elle ne se rend pas compte de ce qui se passe sous ses yeux...Quoi que ?
- Alors, qu'est ce qu'il faut faire maintenant ? Hein, qu'est ce que papa doit faire ?
- Il faut les tuer, comme maman !
Il pose un regard plein de sadisme sur mon corps immobile, avachi sur le sol. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de Michael, peut être est-il déjà mort. Cette fille me fait de la peine.
- Axelle, souffle-t-il, ma petite Axelle, n'aurait-il pas fallu que ton père s'occupe de ta mère, et la tue juste après ? Non, non. Il s'est laissé berner par les sentiments. Il y a eu la grossesse, il était plein d'espoir. Mais il a vu à l'accouchement que tu étais une fille. Il aurait alors dû en finir avec vous deux, bandes de sales garces !
Plus rien ne m'atteint. Je le laisse débiter des paroles sans intérêt, en ne cessant de penser à Michael. J'aurais tellement voulu le voir une dernière fois, l'embrasser une dernière fois, passer encore une nuit avec lui...
Je suis en vie grâce à la faiblesse qu'avait mon père pour ma mère et pour moi. Mais mon oncle a bien évidement lui aussi sa faiblesse. Il ne le sait pas, mais c'est sa fille qui causera sa perte, dans quelques instants.
Une rage incontrôlable s'empare de moi. Mes poignets ont été déliés. Grosse erreur. Je repousse le sol avec mes mains et me redresse, comme si cela était possible. L'action ne dure que quelques secondes. Mon oncle est effaré, et il n'a pas le temps de comprendre que je lui ai déjà volé le pistolet qu'il coinçait dans sa ceinture. S'il n'avait pas eu sa fille dans les bras, il m'aurait arrêté.
Je le pointe sur eux sans aucun scrupule et les soldats entourant Michael font de même avec moi. Ils attendent l'ordre.
- Ne la tuez pas tout de suite, s'exclame-t-il.
- Je vais te tuer avant, murmuré-je.
- Voyons, pas devant ta cousine !
Celle-ci descend des bras de son père qui lui demande de retourner se coucher. Mais elle n'a pas le temps de faire un pas que déjà les tirs fusent. Ils viennent de derrière moi, mais aucun ne m'atteint. Dans la cohue, je tire à mon tour sans apercevoir ma cible. C'est alors que j'entends une voix familière :
- Mike, pousse toi !
Je me retourne et aperçois Karl ainsi que Manoé en train de régler leur compte aux hommes qui tenaient Michael à leur merci. Ma seconde d'inattention me coûte cher. Quelqu'un se jette sur moi et tente de m'arracher le pistolet que je tiens fermement dans ma main. Je hurle et résiste car si mon oncle le récupère, il fera des dégâts, et il est hors de question qu'un de nous quatre ne meure, après ce que nous venons de traverser.
Les cadavres des soldats recouvrent le sol et je suis la seule à encore me battre contre mon propre oncle. Manoé hurle :
- Vas-y, bute-le !
Karl nous vise tous les deux avec son arme mais Michael l'arrête :
- Tu vas la toucher elle aussi !
Je serre les dents mais mes forces m'ont déjà abandonnées depuis longtemps. La petite regarde la scène plus loin avec horreur mais nous n'avons pas le temps de nous préoccuper d'elle.
- Lâche ça Axelle !
- Crève espèce d'enfoiré !
Il dirige ma main avec laquelle je tiens l'arme vers Karl. De son autre bras il m'enserre la gorge, me tenant encore plus contre lui. Ma main est crispée sur l'arme, et je ne sais pas quoi faire mais il est trop tard. Avec son doigt, il appuie lui-même sur la détente et le tir part et frappe Karl en pleine poitrine.
- Non !
Je gesticule en essayant de me libérer de son emprise, lorsque Manoé n'y tient plus et l'atteint en pleine tête, me manquant de peu. Je m'écroule sur le sol en reprenant ma respiration en une fraction de secondes, pour ensuite me précipiter vers Karl comme les autres, sans penser à ma propre douleur. Le corps de mon oncle git derrière moi, les yeux exorbités et le sans coulant en abondance sur sa figure démoniaque, mais je n'en ai que faire.
- Karl ! Karl, répond moi !
Je presse ma main contre sa poitrine là d'où jaillit une fontaine de liquide poisseux. Ses paupières clignent une fois, puis son regard s'éteint. Il affiche la même expression que le dictateur et que les autres gardes allongés autour de lui.
Il est mort, tout est finit, ils sont tous morts.
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Double {Terminé}
एक्शनGagnante des wattys 2022 ! (Catégorie Romance) (Gagnante concours de @Lun_atique avec le prix "Histoire Merveilleuse", catégorie Science-fiction ^^) (3ème place Pink Skye concours, catégorie Romance) * Michael et Axelle, deux jeunes adultes au pa...