Double {Terminé}

Chapitre 34 : Axelle

     Après être totalement épuisés, nous nous postons près du petit comptoir où Michael réclame deux bières que le serveur nous donne aimablement.

     - Alors c'est toi la nouvelle dans l'équipe ? La copine de Michael ? s'exclame-t-il par-dessus le vacarme.

     - Oui, pouffé-je, c'est moi, je m'appelle Axelle.

     - Enchantée Axelle, moi je m'appelle Manoé, je suis médecin ici.

     - D'ailleurs où étais-tu ces derniers temps ? Ca fait un bail que je t'ai pas vu ! s'exclame Michael.

     - Oh, j'allais d'états en états pour voler ou troquer de nouveaux produits ou accessoires médicaux. Mais maintenant je reste ici !

     - Super !

     Et les deux amis se tapent dans la main. L'alcool commence à me monter au cerveau et je ne contrôle plus tous mes mouvements. Michael me redirige sur la piste de danse, tandis que j'avale le reste de ma deuxième bouteille.

     La musique bourdonne dans mes oreilles et seul mon corps a encore la force de danser, sauter et même tenir debout car mon esprit est ailleurs. Les lumières multicolores deviennent des tâches floues devant mes yeux, et après avoir répété le même manège pendant des heures, danser, boire, rire, danser, boire...nous décidons enfin de rentrer avant tous les autres.

      Une voix lointaine nous souhaite bonne nuit en ricanant et nous repartons, en titubant un peu.

     Mes paupières sont mi-closes et ma respiration résonne dans mes oreilles. Ce bruit recouvre presque la voix lointaine de Michael qui me demande avec une voix fatiguée si je veux rentrer en scooter. Je mets un petit moment avant de trouver une réponse rationnelle, et balbutie que c'est une mauvaise idée, car nous risquons d'avoir un accident.

     Nous repartons alors tous les deux en direction de notre appartement, titubant, la tête lourde et la marche fatiguée, silencieusement. Nous ne sommes ni aperçus, ni arrêtés et rentrons tranquillement chez nous en ayant dérangé personne. Alors que Michael referme lentement la porte, je peux apercevoir le visage du dictateur de cet état placardé sur le mur d'en face, dans le couloir. Il est jeune, le regard sévère et la bouche légèrement tordue, comme s'il avait essayé en vain de sourire. La porte claque et le bruit me donne l'impression qu'on a donné un coup de marteau sur ma tête. A peine remise, je sens Michael qui s'approche très près de moi. Il fait un pas, je recule d'un pas. Ce manège continue jusqu'à ce que mon dos bute contre le mur. Il continue d'avancer et lorsque je sens sa respiration qui dégage une forte odeur d'alcool, il murmure :

     - Tu sais que je t'aime toi ?

     Il ne se rend pas compte de ce qu'il dit. Le Michael dans son état normal aurait été trop coincé pour dire cela. Mon esprit veut répondre quelque chose mais ma bouche et mes cordes vocales n'en font qu'à leur tête :

     - Ah oui pourquoi ?

     - Parce que tu es jolie, et que tu as de beaux yeux, et j'aime bien tes cheveux aussi. Tu es courageuse et délicate aussi.

     Il glousse et tourne la tête vers la gauche pour éviter de me regarder, comme un enfant qui vient de faire une bêtise. Je passe mécaniquement mes bras derrière sa nuque et l'oblige à me regarder dans les yeux. Cet océan turquoise autour de sa pupille m'envoute et me fait sourire niaisement tandis que je murmure :

     - Moi aussi je t'aime.

     C'est à partir de là que je ne me souviens pas très bien de ce qu'il s'est passé ensuite. Il m'a poussée, je suis tombée sur le lit, et il m'a embrassé. Quand il s'est écarté, j'en ai réclamé plus, alors je l'ai attiré contre moi pour continuer de mordiller ses lèvres sucrées encore et encore sans contrôler aucun mouvement de mon corps. Mais après tout, nous en brûlions chacun d'envie depuis le début, alors saoul ou pas, ce qui devait arriver est en train de se produire, maintenant.

     Puis mon esprit n'a plus enregistré la suite des événements. Tout est devenu noir, flou, l'oubli total. Comme une vague noire qui a emporté mes souvenirs, et m'a fait m'endormir.