Chapitre 71 : Michael

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Il aurait pu être avec moi en ce moment, sur la terrasse d'un café, un verre à la main, en train de discuter gaiement. Au lieu de cela, il se trouve six pieds sous terre, dans une terre sale, souillée, une terre pauvre et inadaptée pour une sépulture.

Mes doigts rentrent dans sa peau, puis mes ongles. Elle geint, se débat sans que je ne bouge et n'émette la moindre résistance. Le regard vide, perdu au loin, dans le couloir mal éclairé qui s'étend devant moi.

- Michael, Michael, s'il te plait, c'est à ton tour de m'écouter.

Elle essaie de faire en sorte que je la regarde. Elle attrape ma tête dans ses mains et m'oblige à poser les yeux sur son visage. Une larme coule, mais ce n'est pas la sienne, c'est la mienne. Axelle l'essuie lentement et balbutie :

- On a tous failli y passer ce jour là. Même toi, tu aurais dû mourir Michael. Mais tu es toujours en vie, et grâce à qui ? Crois tu vraiment qu'il se serait sacrifié s'il avait pensé que tu t'abandonnerais comme cela à tes sentiments ? Et qu'ils te détourneraient de ton objectif ? Ton objectif n'est pas encore atteint Michael. Tu m'as convaincue, sache-le. Je ferai tout ce que tu voudras à présent. Mais les dictateurs sont toujours là. Des gens meurent encore chaque jour à cause de cela. Ce n'est pas finit Michael, il faut qu'on aille jusqu'au bout.

J'ai envie de m'écrouler, de m'endormir, et de ne jamais me réveiller. De retrouver tout le monde. Là-bas. Dans on monde parfait. Mais une voix m'appelle. Axelle est là, elle est toujours là. Elle ne m'abandonne pas, et moi aussi je ne dois pas abandonner, je ne dois rien abandonner. Pour Octave.

Je cligne des paupières. J'aperçois la vague silhouette d'Axelle qui se penche vers moi et me prend tendrement dans ses bras. Je suis tellement bien. J'appuie ma tête contre sa poitrine et ferme un instant les yeux, en oubliant tout à coup que nous sommes entourés de soldats qui pourraient surgir d'une minute à l'autre, et que deux de mes camarades sont en train de livrer un combat à mort, contre des adversaires beaucoup plus nombreux qu'eux. Tous les bruits environnant deviennent flous, bourdonnants. J'aimerai rester ainsi indéfiniment.

- Ah !

Axelle sursaute, je me demande pourquoi. Je relève la tête et aperçois un garde armé derrière elle qui vient de poser son pistolet sur son crâne. Je ne tarde pas moi aussi à sentir la froideur du canon posé à l'arrière de ma tête. Pas la peine de résister, nous nous sommes fait avoir, c'est évident, et on ne peut pas y remédier. J'ai peur qu'il s'agisse des soldats de tout à l'heure, et qu'ils soient venus vers nous après avoir achevé Karl et Manoé.

Je me retrouve en un instant avec les mains liées dans le dos et on me force à marcher vers une porte blindée, que je peux apercevoir au fond du couloir. Ce ne sont pas des cordes qui minimisent mes mouvements, mais plutôt de grosses menottes en métal dur et gelé. Axelle, tête baissée, marche à côté de moi. Elle chancelle et son épaule tape la mienne, elle en profite pour me souffler :

- Pourquoi ne nous ont-ils pas tués ?

- Je n'en sais rien, murmuré-je.

Elle se redresse au moment où le garde derrière moi me donne un violent coup à la nuque avec la crosse de son pistolet, me faisant taire. Je grommelle et reprend une marche normale, les yeux rivés sur la porte encadrée par deux soldats armés jusqu'aux dents.

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant