Double {Terminé}

Chapitre 25 : Michael

     - C'est encore moi, Michael, soupiré-je devant le petit bonhomme en blouse blanche, je viens voir Anna et Octave.

     Il grommelle en rattrapant de justesse le petit formulaire qui vient de s'échapper de ses mains et me fait pénétrer dans l'infirmerie. Une forte odeur de produits médicinaux vient me piquer les narines et je m'assois, comme d'habitude, devant le lit d'Anna, juste à la gauche d'Octave. Je n'essaie même pas d'engager une conversation. Il a toujours ce regard vide, mort, sans lumière et ses lèvres donnent l'impression d'être scellées à jamais tant elles sont pincées. Je pose une main réconfortante sur son épaule et soupire en posant mon regard sur le visage toujours inanimé de notre amie.

     - Les gars sont partis ?

     Je sursaute en me rendant compte que la voix que je viens d'entendre appartient à Octave. Je me garde de faire tout commentaire à ce sujet et réponds plutôt à sa question, désorienté :

     - Ouais, aux alentours de deux heures du matin. Je les ai accompagnés jusqu'au port et je les ai vus abattre par surprise tous les soldats qui auraient pu se trouver à moins de cinquante mètres du passage. Certains plus agiles, ont tiré sur les lumières qui balayaient la zone ainsi que sur les caméras. Ils sont tous passés. On ne déplore aucun mort pour l'instant.

     J'ai bien sentit qu'au mot « mort », Octave s'est crispé. J'ai l'impression qu'il va se replonger dans son mutisme, pourtant il marmonne :

     - Karl est avec eux ?

     - Evidemment, je réponds, c'est lui qui dirige toute l'opération.

     Et c'est à ce moment là, que j'entends une phrase que je n'aurais jamais cru sortir de la bouche de mon meilleur ami :

     - J'espère vraiment qu'il va y rester ce connard.

     J'écarquille les yeux et ouvre la bouche pour exprimer mon désarroi mais je comprends alors. Octave se comporte exactement comme Axelle. Ils sont abattus, impuissants, et cherchent un responsable à leur malheur. Axelle m'a bien sur désigné, et Octave a choisi Karl pour une raison qui m'est inconnue. J'ose lui demander :

     - Qu'est ce qu'il t'a fait?

     - C'est lui qui a envoyé Anna et Antonin en Suisse. C'est surement un des pays les mieux armé et il les a envoyés à la mort. Antonin ne savait pas se servir d'une arme et Anna était fragile et innocente, jamais elle n'aurait pu se défendre convenablement. Karl est un assassin.

     Je secoue la tête. Mon meilleur ami est désespéré, il ne sait plus ce qu'il raconte. Je fais descendre ma main dans son dos et le lui frotte gentiment pour le détendre :

     - Tu ne sais plus ce que tu dis, Octave. Tout le monde ici s'est engagé en connaissant les risques. Ce n'est pas Karl le responsable, il est impossible de trouver un responsable.

     Octave parait résigné jusqu'à ce qu'un médecin s'exclame :

     - Qu'est ce qu'il se passe ? Agatha on a un problème !

     Une infirmière se précipite vers lui et se penche vers une machine électronique tout près du corps d'Anna. Son visage blêmit de secondes en secondes et elle court dans une pièce adjacente pour aller faire je ne sais quoi. Je me rends compte que je suis debout, ainsi que mon ami. Nous posons toutes sortes de question tandis que plusieurs médecins nous poussent en dehors de la pièce. Octave résiste, mais dès qu'on lui annonce que la santé de son amie dépend de la tranquillité du lieu, il se résigne et sort en trainant les pieds.