Chapitre 27 : Axelle

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Michael est vraiment un crétin. Il m'a entraîné dans des situations qui ne me concernaient pas et n'a jamais pensé à ce que je pouvais ressentir. Les hommes sont aveugles et insensibles. Depuis plusieurs jours déjà, je l'évite pour essayer de ne pas m'exposer à d'autres dangers. Lorsque je veux sortir de chez moi, je regarde s'il n'est pas dehors à travers ma fenêtre, et je m'assure que le couloir d'entrée est calme pour être sûre de ne même pas croiser son regard, comme s'il dégageait une aura empoisonnée.

Michael est un crétin car il a beau m'effrayer avec toutes ses histoires, j'ai envie d'être avec lui. J'ai envie qu'il continue de me protéger comme il l'a fait l'autre jour en se plaçant devant moi, comme il l'a fait en venant me voir pour s'assurer que j'allais bien le soir où j'avais fait mon rêve atroce, comme il l'a fait en me serrant dans ses bras protecteurs lorsque la fille agonisante est arrivée.

Quelque chose en moi m'attire vers lui, mais mon esprit quant à lui me crie de me méfier de cet étrange individu. Mon esprit l'emporte bien souvent lorsque je me trouve près de mon voisin.

Ce soir, je n'arrive pas à m'endormir. Il est à peu près deux heures du matin lorsque j'entends des pas furtifs derrière ma porte. Allongée sur mon lit, je me redresse lentement, tends l'oreille, puis les bruits s'évanouissent. Intriguée, je m'avance vers ma porte rouge et l'ouvre discrètement. Dans le couloir, il n'y a rien ni personne, juste un bout de papier qui traîne à mes pieds. Je le ramasse pour le jeter et constate qu'il à été soigneusement plié. Je retourne m'asseoir sur mon lit défait et allume ma petite lampe de chevet. La pièce est soudain faiblement éclairée, et à l'intérieur du papier se trouve une écriture qui a été soignée mais qui aurait pu être illisible si l'auteur ne s'était pas grandement appliqué.

« Chère Axelle,

Depuis que nous nous sommes rencontrés, il faut dire que ma vie a changé. Oui c'est vrai, on ne se connait que depuis quelques semaines, mais tu es la lumière qui s'est installée dans mon cœur gris. Pardonne moi pour toutes les peines et tous les chagrins que j'ai pu te causer, mais sache que ce n'était pas volontaire. Ma vie est ainsi. Pleine de tristesse et de violence. Je savais très bien qu'aucune femme ne voudrait de cette vie là, mais j'ai cessé de réfléchir le soir même où je t'ai vu pleurer sur ton balcon. J'avais déjà de la peine en te voyant dans cet état là. J'aimerais tant rendre les gens heureux autour de moi. Tous mes amis sont comme moi. Maussades, renfermés, et souvent tristes. Alors lorsque j'ai vu ton sourire... Ecoute Axelle, je ne vais pas y aller par quatre chemin, mais crois moi, il me coûte de te l'annoncer. Je ne suis pas celui que tu crois, même si peu de gens arrivent à me cerner le plus souvent. Je fais un métier dangereux mais qui en vaut la peine. Ma vie n'est pas facile tous les jours mais au moins je me sens utile. Tout cela pour te dire Axelle, que je pars. Oui, au moment où tu liras cette lettre demain matin, je serai parti, loin, loin de toi et de tous les moments que nous avons passés ensemble. Peut être que je suis mort à cet instant, peut être que je mourrai plus tard ou peut être que je vivrai très vieux, mais jamais, jamais je ne te reverrai. Cette seule pensée ne me donne plus envie de vivre. Axelle s'il te plait, brûle cette lettre lorsque tu en auras terminé la lecture. Si on te surprend avec un tel écrit sur toi, tu pourrais être soupçonnée de complicité, et je ne veux pas que cela arrive. Tu as déjà bien assez souffert pour te retrouver en prison à cause d'une fichue lettre. Une fichue lettre qui est néanmoins très importante à mes yeux. Une lettre où j'ai enfin pu m'exprimer et te dire à quel point tu vas me manquer.

Adieu. Ton ami, Michael.  

Je ne peux exprimer la tristesse que je ressens en terminant la lecture de cette si belle lettre. Ma main tremblante ne peut la tenir une seconde de plus et elle s'écrase au sol dans un mouvement lent alors que je sens une forte émotion me submerger. Je m'effondre à mon tour et éclate en sanglot, avachie sur mon parquet.

C'est moi la crétine. Je n'ai pas réfléchi, et j'ai rejeté Michael sans penser aux conséquences. Maintenant il m'annonce qu'il est en fait un hors-la-loi et qu'il doit quitter l'état ce soir ! Je ne peux pas le laisser partir, pas sans lui avoir dit au revoir. Il est parti avec une image de moi des plus détestable et je ne pourrai jamais lui dire ce que moi j'ai sur le cœur. Au lieu d'agir, je continue de me morfondre comme d'habitude sans voir arriver le sommeil qui m'engloutit subitement sans me laisser la possibilité de résister.

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