Double {Terminé}

Chapitre 42 : Axelle

Qu'est ce qu'il est mignon lorsqu'il dort ! Il a juste fallu que je l'embrasse pour qu'il arrête de poser des questions. Michael est naïf, mais il n'est pas stupide – contrairement à moi qui ai laissé trainer mon maillot dans ma chambre alors que je voulais lui faire croire que j'étais allée me baigner. Si je ne lui avoue pas tout, il finira par le découvrir tout seul. Je tiens toujours sa main pressée contre ma poitrine, mais il dort paisiblement.

Je ne veux pas lui faire du mal. J'aimerais au contraire, que lorsqu'enfin toute la vérité aura éclaté, nos deux personnalités dévoilées pourront devenir plus complices. Michael est un garçon que j'aime beaucoup, mais lui il aime Axelle, il aime la Axelle qui est devant lui, mais aimera-t-il la vraie Axelle ?

J'ai affronté des choses horribles, j'ai surmonté des épreuves qu'il n'imagine même pas et je parviendrai à bout de celle-ci, comme d'habitude. Mais je ne lui dirai pas tout aujourd'hui, ou même demain. Ce n'est pas le bon moment.

Tout est calme dans la chambre, la fenêtre est entrouverte et laisse passer l'air frais de la nuit. Je frissonne. De vieilles pensées resurgissent dans ma tête soudainement, déclenchées par ce petit coup de vent qui siffle dans mes oreilles.

Il y a mon père, ma mère est partie depuis longtemps. Il y a du sang partout, des alarmes, des cris. Je suis enfin vengée, elle est enfin vengée. La fenêtre claque. Mes cheveux dansent. Il fait nuit. Le vent fait sécher les larmes et le sang, il balaye la haine, la tristesse et la souffrance. Mon rythme cardiaque baisse, je suis enfin soulagée. Un petit sourire étire mes fines lèvres. J'embrasse une dernière fois la scène du regard. Je pousse le bâtant de la fenêtre et grimpe sur le rebord. Nous sommes au dernier étage, mais je suis habile. Je ne peux m'enfuir que par cette issue. Alors, je prends une bouffée d'oxygène et entreprend une descente qui pourrait m'être fatale, laissant derrière moi, mort, désolation et vengeance. Mais je ne regrette rien, encore aujourd'hui.

Michael est parti. Il a déjeuné, il m'a tout expliqué, puis il est sorti en trombe. Michael va mourir, il me l'a dit. Il n'a aucune chance d'après lui. Je n'ai même pas pu le prendre dans mes bras, le supplier de rester, de fuir, de désobéir, je ne l'ai même pas embrassé une dernière fois. Je suis restée tétanisée devant tant de révélations atroces. Maintenant, il est en chemin pour aller risquer sa vie, pour sauver le monde, mais à quel prix ?

J'ai promis à Michael de le suivre où qu'il irait. Et je ne le laisserai pas seul. Nous sommes reliés tous les deux, nous ne pouvons pas faire notre propre chemin sans l'autre à nos côtés.