Epilogue

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Je suis appuyée contre l'encadrement de la fenêtre. Dehors il neige. Mais toi Michael, tu es mort un jour de printemps. Et moi je vais mourir dans le froid et la solitude. Je prends une tasse de thé, et ma main tremble. Je toussote aussi. Fichue maladie.

C'était il y a trente ans, tu te souviens Michael ? Suivant les conseils d'Alma nous sommes partis. Nous avons tout laissé derrière nous, et nous sommes allés voir ta mère. Depuis le temps qu'elle t'attendait. Elle m'a tout de suite adorée, mais elle est morte la saison d'après. Nous sommes partis pour le dixième état. Là-bas, nous avons rencontré un groupe de résistants pacifiques. Un petit groupe, mais efficace. Nous avons distribué des tracts, arrêté des exécutions publiques, sauvé des condamnés... Et c'est aussi là que tu m'as fait un enfant. Une adorable petite fille qui aujourd'hui, va bientôt fêter ses quinze ans. Tu ne l'as pas vue grandir, et moi non plus. Nous allons l'abandonner Michael. Mais je sais que Kim et Jason prendront soin d'elle.

Un flocon se colle contre la vitre de notre petite maison devenue lugubre sans toi. Notre fille vient se serrer contre moi et j'entoure ses épaules de mon bras faible.

Un magnifique jour d'avril, tu as voulu sauver un jeune adolescent qui allait se faire tirer dessus. C'est toi qui as reçu la balle. Lorsque nous nous sommes rencontrés Michael, je sais que tu aurais pu survivre à cela. Mais trente ans plus tard, tu n'étais plus aussi robuste. Cinquante trois ans, ce n'est pas tout jeune. J'ai hurlé et pleuré sur ton cadavre. Mais je ne pouvais pas me laisser aller, pour notre fille. Alors j'ai tenu bon.

Il y a quelques mois, un médecin a découvert une maladie qui se développait en moi. A vrai dire, il a dit que je l'avais attrapée il y a des années, à force de traîner dans des quartiers insalubres. Personne ne connaît cette maladie actuellement. Il n'y a aucun traitement. Michael, je suis faible, je ne sers plus à rien. Ma petite fille est grande maintenant. Il est temps pour moi de partir. J'aurai pu mourir d'innombrables fois déjà, mais j'ai tenu, jusqu'à maintenant.

J'ai hâte de te revoir mon amour.

Je pose la tasse de café à peine bu, et je vais coucher notre enfant. J'éteins toutes les lumières puis je m'endors à mon tour, sans savoir si je me réveillerai demain.





Je suis morte cette nuit là. Mais je suis heureuse que cette nuit fusse la dernière. Ce devait être la dernière. Je venais de repenser à toi, à notre passé, notre rencontre et le déroulement entier de notre vie. Je suis morte en pensant à toi. Je suis enfin libre. Je souhaite de tout cœur que l'avenir qu'aura notre fille sera magnifique, et je sais pertinemment qu'elle fera tout pour cela.

Elle me ressemble, elle y arrivera. Sans passer par toutes les erreurs que j'ai pu commettre. Un jour, la liberté triomphera, pas la peine de le voir pour le savoir. Tant que l'espoir perdure.

Ca y est je suis là.

Michael.

Maman.

Octave.

Anna.

Manoé.

Karl.

Alma.

Et tous les autres...

J'arrive.

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant