Chapitre 18 : Michael

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Karl marque une pose et je sens qu'il va m'annoncer quelque chose qui me déplaira. Il colle son dos contre le dossier de la chaise et me toise durement :

- Qu'est ce qu'il s'est passé avec ta copine hier ?

- Je l'ai ramenée chez elle.

Karl se frappe le front avec un air de désespoir. Il pose son coude sur son genou et me parle froidement :

- Et maintenant que tu l'as laissée toute seule, elle est au commissariat en train de raconter tout ce qu'elle a vu hier !

- Elle ne le fera pas.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

- Je le sais, elle a déjà tout oublié.

Karl s'esclaffe à nouveau et attrape mon pull au niveau du bras. Il plonge un regard plein de fureur dans le mien et me force à me lever :

- Je ne sais pas ce qui me retient de te donner une bonne leçon. Tu as déjà oublié les premières règles de notre organisation ? Lorsque quelqu'un en sait trop, on ne le laisse pas courir seul dans la nature !

Je me dégage brusquement de son emprise en lui lançant un regard mauvais :

- Je te préviens, si tu lui fais du mal...

- Alors ça c'est la meilleure ! C'est moi qui donne les ordres ici. Tu n'as pas ton mot à dire. Et puis quoi, c'est ta petite amie ? Tu couch...

Je l'interromps brusquement en sentant que je vais finir par perdre mes moyens :        

- Je ne te permets pas !

- Quoi qu'il en soit, reprend-t-il en ignorant ma remarque, on ne peut pas la laisser...

Mon supérieur est interrompu par un cri sonore qui retentit à travers tout le souterrain. J'ai d'abord peur qu'il s'agisse d'Anna en train d'agoniser, mais je me souviens alors qu'une certaine personne attend déjà depuis plusieurs jours, enfermée dans un wagon délabré. Karl se précipite vers la sortie avec moi le talonnant, et lorsqu'il passe devant l'infirmerie où beaucoup de personnes s'entassent dans l'embrasure de la porte pour comprendre ce qu'il se passe, il leur hurle  de retourner à leurs occupations. A l'autre bout du tunnel, se tiennent devant le wagon trois hommes de notre organisation qui ont attrapé la jeune femme par la taille et les jambes.

- Reposez-là ! lancé-je sèchement.

- On peut savoir ce que vous être en train de faire ? demande Karl d'une voix plus forte en s'avançant à grands pas.

- C'est pas de notre faute ! réplique l'un d'eux.

- Ouais elle a tenté de s'enfuir alors on l'a rattrapé, justifie celui à sa droite.

- Commencez pas à vous imaginer des trucs...

Karl, qui semble les connaitre tous les trois leur ordonne de relâcher la pauvre femme qui se débat comme une furie.

- Ah la garce elle m'a donné un coup dans la mâchoire, articule le dernier en portant une main à sa bouche.

- La ferme Chris, coupe Karl d'un ton sec.

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant